Rob Machado, master class

Rencontre à la Nike 6.0 Roundhouse d'Hossegor à l'occasion de son concert privé lundi soir...

22/07/2010 par Romain Ferrand

Rob Machado est un personnage à part dans le monde du surf professionnel. Bête de compétition pendant près de 15 ans, il a raccroché le lycra il y a une dizaine d’années pour entamer une nouvelle carrière : celle de free surfeur. Son style dans l’eau et sa « cool attitude » en ont fait un des surfeurs les plus populaires de sa génération, et de nombreux anciens adversaires du Tour avouent encore craindre le surfeur chevelu dans les quelques compètes auxquelles il participe occasionnellement.

Sa passion du surf n’a d’égal que celle de la musique. Guitariste talentueux, il a joué dans plusieurs groupes, dont le bourrin Sack Lunch dans sa jeunesse ou encore The Surfers (avec ses potes Kelly Slater et Peter King). Désormais plus posé, il trimballe sa guitare acoustique aux 4 coins du monde et tape régulièrement le boeuf avec son grand pote Ben Harper.

C’est lors d’un concert organisé à la Roundhouse Nike 6.0 d’Hossegor lundi soir que nous avons rencontré Rob, le temps d’une pizza, quelques minutes avant sa montée sur scène…

Surf Session : Salut Rob. Tu vas bien ? Quand es-tu arrivé en France ?

Rob Machado : Je suis arrivé il y a 3 jours, et je suis encore là pendant une bonne semaine… Je dois ensuite repartir en Californie pour l’US Open d’Huntington. Je suis juste venu en France passer des vacances avec ma famille, et on a décidé il y a quelques jours d’organiser une projection de mon film et faire un petit concert. Je ne savais pas qu’il y avait cette maison (la Roundhouse Nike 6.0)…

Tu as pu surfer depuis ton arrivée en France ?

Oui j’ai surfé avant-hier et hier, c’était plutôt fun… J’adore surfer en France, il y a vraiment un bon feeling.

Le monde à l’eau ne te dérange pas trop ?

Disons qu’il y a toujours moyen de trouver un endroit sans trop de monde… (grand sourire)

Tu es un personnage assez intéressant : tu t’es retiré du circuit il y a des années mais tu n’as jamais été aussi présent dans les magazines, les vidéos… Tu peux expliquer pourquoi les gens s’intéressent tant à toi ?

C’est une bonne question. I don’t know man… J’aime juste tellement surfer des vagues différentes, expérimenter de nombreuses planches, foncer et prendre du plaisir. C’est la raison pour laquelle tant de gens surfent…

Est-ce que le Tour te manque depuis que tu n’y es plus ?

Je n’ai pas choisi de m’y retirer. A l’époque (en 2001, ndlr), la saison avait été réduite (suite aux événements du 11 septembre, ndlr), j’ai été blessé et je ne me suis pas requalifié. J’ai essayé d’avoir une wildcard pour l’année suivante, mais ils ne me l’ont pas donné… J’ai donc quitté le Tour. Ça m’a manqué au début, mais je pense avec le recul que j’ai désormais une bien meilleure vie.

Vraiment ? Tu préfères le free surf ?

Oui, j’ai suivi le Tour pendant 10 ans, c’est long. Tu dois rester concentré, et surfer un certain type de vagues, un certain type de planches, c’est dur d’être sur le Tour pendant autant d’années. Je pense que pendant toute ma carrière de compétiteur, il y avait une partie de moi qui rêvait d’être freesurfeur. Mais j’ai mis ça de côté pour rester concentré sur la compétition. J’ai enfin pu explorer cette partie de moi quand j’ai quitté le Tour, et mes sponsors étaient plutôt heureux de ça, ce qui était plutôt cool. J’ai désormais plus de temps pour « travailler  » : partir en surf trips, être productif…

Qu’est-ce que le free surf t’a amené d’un point de vue personnel ? Et au niveau de ton surf ?

Ça m’a fait redevenir un gamin, à l’époque où on ne va à l’eau que pour surfer des vagues, être dans l’océan, sans pression . Il n’est pas question de pression, de gagner ou non des compétitions. C’est la raison qui nous a tous poussé à nous mettre au surf. C’est aussi simple que ça…

Ça a donc aussi été le moyen pour toi de tester de nouvelles choses dans ton approche de surf, comme l’alaïa. Tu peux nous en dire un peu plus ?

Oh man c’est la planche la plus dure à surfer que je n’ai jamais eu. C’est tellement dur. C’est devenu un challenge pour moi, et c’est ce qui m’a fait la surfer de plus en plus. Dès que j’ai commencé à les rider je ne pouvais plus arrêter. C’est une réelle addiction. Et c’est vraiment physique : ramer, prendre des vagues et garder la trajectoire…

Et quelle est ta vision du stand-up paddle ? Je me souviens de t’avoir vu te ballader dans la baie de San Francisco en SUP…

Oui je fais du stand-up paddle, mais pas pour surfer. Je l’utilise pour m’entraîner, ramer sur de longues distances…

Qu’est-ce que tu penses de la controverse autour du stand-up paddle ?

De toute évidence, tu peux prendre bien plus de vagues avec un SUP qu’en shortboard. Tu dois penser à ça quand tu es dans l’eau. Quand je surfais avec au début, je prenais les vagues dont les autres ne voulaient pas. Et j’ai ensuite réalisé que ma présence n’était pas une bonne chose. Il devrait y avoir des spots pour surfeurs et d’autres pour le SUP. C’est un peu ennuyant d’être mélangés au pic, c’est tellement différent… De mon côté je n’utilise désormais ça que pour faire de l’exercice…

Est-ce que le Rob Machado qu’on voit dans les films – un soul surfeur un peu solitaire, éloigné du système, un peu mystique – est un personnage travaillé ou juste le vrai Rob ?

Non, c’est juste moi.

Parce qu’on ne sait plus trop quoi penser, entre le surfeur en pleine retraite spirituelle en Indo et celui qui participe à quelques gros événements comme l’U.S Open Of Surfing…

J’aime les deux, car les deux sont fun. Je rentre la semaine prochaine à la maison pour l’U.S Open et ça va être dingue, complètement hors de contrôle. Si tu y vas et que tu décides de faire partie du truc, alors c’est cool. Et après une semaine de folie, tu pars, tu vas quelque part pour te ressourcer, être tout seul…

L’histoire du film de « The Drifter » (un break de plusieurs mois en solitaire au coeur de l’Indo, ndlr) était vraie ?

Oui, c’était la première fois que je voyageais réellement seul. J’avais souvent une caméra qui me suivait, mais j’ai aussi passé pas mal de temps tout seul, à camper.

Tu serais prêt à le refaire ?

Oh yeah. Demain si je peux, c’est parti !

Qu’est-ce que cette « retraite spirituelle » t’a apporté ?

C’était vraiment bon parce que ça m’a appris plein de choses sur moi, sur les gens… Tu ne peux pas vraiment apprendre sur toi-même tant que tu ne t’es pas retrouvé seul… C’est là qu’on apprend le plus.

Quelle est ton implication sur les films de Taylor Steele, notamment « The Drifter » ? C’était ton idée ou celle de Taylor ?

On y imaginé la chose tous les deux en fait. L’idée nous est venue alors que j’étais de passage chez lui à Bali. On parlait de choses et d’autres, et l’envie nous est venue de monter un projet tous les deux.

Une dernière question : que penses-tu du projet Innersection.tv, qui devient de plus en plus populaire ? Tu suis un peu la chose ?

Non, je n’ai pas vraiment suivi la chose mais je pense que c’est plutôt cool, les meilleurs gars au monde commencent à  s’y mettre. Les premiers surfeurs à poster leurs clips n’étaient pas les meilleurs mais on sent que ça bouge en haut. Est-ce que Dane Reynolds ou Parko vont proposer une section ? On ne sait pas encore…

Propos recueillis par Romain Ferrand


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