Greg Long, retour à Cortes après sa noyade

Près d'un an après avoir failli se noyer à Cortes Bank, le big wave rider est revenu sur les lieux surfer. Récit et vidéo.

08/02/2014 par Jeanne Dauthy

Le 21 décembre 2012, lors d’une session de big surf sur le haut fond de Cortes Bank, situé à 180 km au large de la côte sud de Californie, Greg Long connut le pire wipe-out de sa vie. Comme il l’a raconté récemment avec précision dans Surfing mag, le célèbre big wave rider de San Clemente (Calif.) et fils de lifeguard, était venu à Cortes pour cette houle, avec Shane Dorian, Grant Baker et Ian walsh. Ils surfaient en gun à la rame, avec chacun un jet-ski de sécurité attitré, plus deux autres jet-skis pour les photos et doubler la sécurité. Il y avait pas mal d’autres big wave riders lors de cette session. Parti trop à l’intérieur sur la seconde vague d’une série de cinq vagues, Greg Long s’est fait enfermer et prendre par l’écume.

Il explique : “Je suis arrivé en bas de la vague et l’écume m’a avalé, me projetant profond. J’ai essayé de déclencher mon système gonflable pour remonter vite à la surface, mais cela n’a pas marché et j’ai compris que j’allais resté un moment au fond comme cela m’est arrivé de nombreuses fois, et devoir tenir grâce à mes deux seuls poumons et à une attitude relax. La retenue sous l’eau de la première vague fut si longue et brutale que j’ai compris que je n’allais pas remonter à la surface respirer avant que la vague suivante me passe dessus. Je décidai de nager malgré tout vers la surface. Ce fut le point de bascule entre le passage de deux vagues sous l’eau comme j’en ai connu et ce qui allait presque me coûter la vie. Je bataillais à remonter, j’étais à moins d’un mètre de la surface quand je reçus le plein impact de la seconde vague. Ce qui me restait d’air dans les poumons fut éjecté et mon corps, en état de choc, tremblait. Je me suis aussitôt retrouvé dans les abysses du fond, mais avec zéro oxygène dans les poumons. Mon corps se convulsait de plus en plus commençant à me pousser à inhaler, mais j’étais encore au fond. J’eus la clarté d’esprit de me dire non, de ne pas faire cela, en aucun cas. “Ça va, je tiens, je vais remonter à la surface ” étaient les seules pensées que je choisis d’avoir. Je permis à mon corps de se relaxer et mon envie de respirer diminua momentanément, ce qui me permit de rester conscient assez longtemps pour que j’entende la vague suivante (la troisième, ndlr) me passer au-dessus de la tête.

La force de la pensée positive est réelle, mais il y a aussi des lois physiques au-delà desquelles on ne peut aller. J’avais désespérément besoin de remonter à la surface et de respirer. Je ne pouvais nager contre les turbulences de la troisième vague et j’ai commencé à grimper sur mon leash une main devant l’autre. Centimètre par centimètre, je me battais pour remonter dans l’espoir d’atteindre l’arrière de ma planche, à trois mètres sous l’eau. Des crampes, des engourdissements, des convulsions revenaient. Toutes les réserves d’oxygène que j’avais dans mon cerveau étaient épuisées. Je n’arrivais pas à empoigner ma planche, aussi j’ai abandonné, donnant une dernière et désespérée brasse pour atteindre la surface. Ce fut à ce moment-là que je perdis conscience.

Après que l’écume de la quatrième vague m’eut balloté vers l’intérieur de la zone, je flottais tête en bas, toujours accroché au leash de ma planche. Mon leash aurait cassé, je ne pense pas qu’on m’aurait retrouvé. Après plusieurs vaines tentatives de la part des gars avec les jet-ski pour me récupérer lors des vagues précédentes, D.K Walsh sauta de son jet-ski après la quatrième vague et m’accrocha à lui pour le passage de l’écume de la dernière vague. Jon Wall et Frank Quiriarte étaient là la seconde d’après pour aider à mettre mon corps inanimé sur le sled de leur jet-ski et foncèrent vers la bateau. Alors qu’on montait sur le navire, je commençai à reprendre conscience. Profondément choqué, je toussais et vomissais de la mousse de sang. L’équipe m’administra de l’oxygène et m’examina. Les Coast Guards furent aussitôt appelés et un hélicoptère vint me chercher pour m’emmener à l’hôpital.

Finalement Greg Long n’est aucune séquelle de son accident. Il reprit même vite sa vie de chasseur intrépide de grosses vagues, sa profession. Mais il n’échappa pas un peu plus tard au contrecoup du choc de son expérience extrême, qui le poussa aux questionnements et au repos, comme il le raconte également.

Le  lendemain de la finale du Body Glove Mavericks Invitational où il termina troisième, Greg Long profita de la belle houle pour aller resurfer Cortes Bank, comme il l’avait prévu. Il avait invité quelques amis big wave riders (dont Baker, vainqueur de l’épreuve), qui ne purent venir. Ce fut donc seul qu’il repartit à l’eau dans les vagues de Cortes, non sans appréhension. Une session glassy d’une rare beauté et émotion, comme le montre ici le teaser d’un documentaire que Paul Taublieb et Sam George (présents pour filmer Baker, Dorian… le 7 janvier à Belharra) tournent autour de big wave riders, pour la chaîne ESPN.


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