PLC : Interview du champion du monde ISA & IBA.

À peine rentré des Canaries, Pierre-Louis Costes prend le temps de répondre à nos questions avant de fêter Noël en famille.

26/12/2011 par Romain Ferrand

Pierre Louis Costes revient pour nous sur son année extraordinaire. Notamment les deux dernières semaines, synonymes de victoire pour lui et le clan français sur les terres volcaniques de Gran Canaria. Excusez du peu mais quel palmarès : Champion du monde ISA 2011 individuel et en équipe au côté d’Amaury Lavernhe (lui même champion du monde IBA 2010 et vice champion du monde ISA 2011 ndlr) et cerise sur la gâteau, champion du monde du Tour IBA 2011. Que dire de plus ?

Bonjour Pierre-Louis. Félicitation pour tous tes titres. Combien de temps as-tu passé aux Canaries ?

Je suis resté trois semaines, le temps de faire les compétitions et de bien finir l’année…

Le 4ème tour d’El Fronton a été stressant pour ceux qui te suivent via l’IBA Live. La course au titre se jouait entre Jeff Hubard, Ryan Hardy et toi. Comment as-tu appréhendé les choses ?

Après la chute de Jeff Hubard lors de son quatrième tour, j’ai vraiment pris conscience que tout était possible. Il m’a donné les clés et c’était à moi d’ouvrir la porte. Ensuite, Ryan Hardy a eu une série difficile, il a perdu une palme et c’était un peu le fiasco pour lui. J’étais malgré tout assez stressé pour mon avant dernière série. Je suis tombé sur une série difficile contre le Canarien Elliot Morales qui jouait à domicile. Le public était derrière lui. Après avoir remporté cette série, la nuit a vraiment été compliquée pour moi. Je me suis imaginé 50 scénarios différents de la série que j’allais avoir le lendemain.

Qu’as-tu ressenti quand tu es sorti du tube à la fin de ta série en quart de finale contre Jared Houston ?

La joie d’avoir enfin accompli mon objectif : celui de devenir champion du monde. Toutes les images des différentes séries de l’année ont défilé dans ma tête. C’est une réelle fierté car j’ai travaillé dur tout au long de ma carrière pour avoir ce résultat.

[ LA JOIE D’AVOIR ENFIN ACCOMPLI MON OBJECTIF : CELUI DE DEVENIR CHAMPION DU MONDE. ]

Quelle a été la réaction d’Amaury lors du passage de titre ?

Amaury et moi avons passé énormément d’étapes ensemble ces dernières années. Il était très content de garder le titre en France malgré le fait que nous ayons chacun notre soif de victoire. Nous avons un parcours assez similaire sur le Tour et l’émulation que nous avons ensemble nous permet d’être le plus compétitif possible. Elle nous a d’ailleurs servi ces deux dernières années.

Comment ça se passe sur le Tour avec les autres compétiteurs ?

On s’entend tous plutôt bien. Il y a forcément des riders avec qui je crée plus d’affinités, comme dans tout sport je pense. Je dirais que les Sud-Africains sont ceux avec qui il y a le plus de connivence. Chaque nationalité a sa propre personnalité. Il y a du bon et du moins bon. Mais on peut dire qu’il y a un bon esprit dans l’ensemble.

Dans ton dernier interview dans BBmag n°94, tu déclarais : « Je suis difficilement satisfait de moi même. »  Maintenant que tu as remporté le titre ISA de champion du monde en individuel et en équipe et le titre IBA de champion du monde, est-ce que tu te sens satisfait ?

Pour ce qui est de la compétition, je suis plutôt satisfait. Toutefois, j’aurais bien aimé gagner Fronton au passage. Mais après la série qui m’a fait gagner le titre, j’ai laissé retomber la pression que j’avais eu toute l’année et j’ai perdu un peu en concentration. Je pense que le fait d’être toujours insatisfait de soi-même permet vraiment de progresser et aujourd’hui ça a payé.

Maintenant que tu as remporté le grand chelem, quels sont les points sur lesquels tu penses pouvoir encore évoluer ?

Il y a encore plein de secteurs sur lesquels j’ai une marge de progression. Notamment les manoeuvres. Je vais m’y mettre sérieusement dès que l’année va recommencer. J’ai effectivement réalisé un de mes rêves ultimes cette année. Maintenant, j’aimerais remporter l’étape d’Hawaii à Pipe, la compétition la plus prestigieuse du Tour. Ensuite, ce serait vraiment énorme de remporter un deuxième titre, surtout consécutivement. Je vais travailler pour ça en tout cas. Mes objectifs vont rester les mêmes pendant encore quelques années. J’ai 21 ans et une chose est claire, je ne vais pas arrêter ma carrière de suite.

[ J’AI 21 ANS ET UNE CHOSE EST CLAIRE, JE NE VAIS PAS ARRÊTER MA CARRIÈRE DE SUITE. ]

Justement, Mike Stewart vient de faire son dernier Tour sur l’IBA à 47 ans. Son palmarès est impressionnant. Est ce que tu comptes dépasser son record de victoires ?

Oui, c’est un objectif. Tout en sachant que c’est un sacré challenge. Disons que le circuit était différent. Mike a gagné certains titres sur des compétitions à Pipe et il n’a jamais gagné un Tour, ce qui est bien plus difficile à remporter. Il reste malgré tout la légende de notre sport et c’est grâce à lui si on en est là aujourd’hui. L’objectif ultime serait plutôt de dépasser Guilherme Tamega qui a remporté six fois le Tour. On verra bien.

Tu avais déclaré avoir envoyé un mail de soutien à Jeff Hubard après sa victoire au Jerks Pro aux Etats Unis l’année dernière. À la suite de ce mail, Jeff ne perdait plus une seule compétition. Comment a-t-il vécu sa défaite ? Quelle a été sa réaction à ton égard ?

Jeff a été un des premiers gars à venir me féliciter après la compétition. Je m’entends vraiment très bien avec lui et le fait d’être l’un contre l’autre pendant la compétition est un peu difficile à gérer quand tu t’entends aussi bien. Lors des différentes interviews qu’il a pu donner après sa défaite, il a été très fairplay, très bon perdant. C’est vraiment une personne que je respecte et que j’apprécie. Je pense que c’est le meilleur rider au monde et lui prendre la victoire sur le fil n’a pas dû être facile à gérer pour lui…

Peu de répit, la compétition reprend au mois de février au Pipe. Quel est ton programme d’ici là ?

J’ai une compétition au Portugal sur le spot de Nazaré, le – Nazaré Special Edition- qui se déroulera sur une journée. (Pour info, Nazaré est le spot où le surfeur Garrett Mc Namara à scoré le monstre de cette fin d’année 2011. Retrouvez ici la vidéo). C’est une compétition de gros qui s’étale sur une période d’un mois. Toutefois, si les conditions sont similaires à celles qu’a eu Garrett Mc Namarra,  je ne pense pas qu’ils lanceront la compétition… En attendant, je passe les fêtes au Portugal en famille et je compte remonter rapidement en France pendant la waiting périod pour voir les potes et discuter de mes projets pour l’année prochaine avec mes sponsors.

Qu’as-tu pensé du nouveau format de compétition de l’IBA cette année ?

L’IBA et les médias ont fait évoluer considérablement le Tour cette année. Je dirais qu’ils sont passés de 10 à 90 % de progression en terme d’organisation en une année. Le changement était radical et c’est plutôt positif. D’ailleurs, Pipe devrait être encore mieux organisé en 2012. Malheureusement, l’étape de La Réunion n’aura pas lieu l’année prochaine à cause des événements que tout le monde connaît… Elle sera remplacée par celle du Brésil. Par contre, de nouveaux riders arrivent sur le Tour et cela promet d’être difficile. Comme sur le WCT en surf avec Gabriel Medina ou Kolohe Andino, l’apparition de jeunes riders talentueux risque de faire encore monter le niveau. Je pense au Sud-Africain Jared Houston qui dispose d’une grosse marge de progression devant lui (rappelons que Houston a 21 ans, comme PLC ndlr). Les plus expérimentés, Ben Player, Ryan Hardy et Tamega vont également être difficiles à accrocher mais je pense que les juges vont se focaliser sur des manoeuvres plus innovantes et plus engagées. Ce qui est bon pour la jeune génération…

Quelles sont tes résolutions pour 2012 ? Le double backflip, le permis ?

Je vais continuer de me concentrer sur le double backflip cette année. Je ne l’ai pas encore passé en trampoline et il est difficile de pouvoir s’entraîner dans son élément à la différence des snowboardeurs. Mais j’y travaille et ce n’est pas loin de passer. Il manque juste les vagues idéales pour disposer d’une rampe suffisante et améliorer sa technique. En ce qui concerne le permis, c’est dans la poche.

Merci Pierre-Louis. Bonne fêtes de fin d’année et bonne chance pour l’année prochaine.

Merci à vous et bonnes fêtes de fin d’année à tous.


Tags:



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*
*