Le coup de pression de Dimitri Ouvré

Le surfeur guadeloupéen revient sur son plus gros coup de flippe lors d'une session free surf à Hawaii l'année dernière...

19/11/2011 par Romain Ferrand

« C’était à Hawaii l’année dernière. Tous les ans, on fait un trip là-bas avec Quiksilver, et je pars toujours avec mon meilleur pote Ramzi (Boukhiam). C’est un peu le trip de l’année où on se dit quil faut qu’on charge. On était arrivés en janvier là-bas et on est restés deux mois, pendant lesquels il y a eu des gros swells vraiment tout le temps. On a passé notre temps à surfer des vagues qui ne descendaient jamais en dessous de deux mètres.

J’adore Backdoor et je la surfais donc tout le temps. Le danger sur cette vague est d’en sortir, parce que tu débouches sur une autre vague qui s’appelle Off The Wall, et qui prend davantage la houle. Si le set arrive sur Off The Wall au moment où tu sors de Backdoor, ça devient dangereux. Parfois ça passe, tu peux ainsi vite remonter par Backdoor, passer avant la série et mieux te placer pour prendre la prochaine.

Un jour j’ai essayé ça, je commençais à remonter en étant persuadé qu’il n’y allait pas y avoir de séries. J’ai eu un coup de malchance, un énorme set s’est levé devant moi. Je ne savais pas quoi faire, il y avait tellement peu d’eau que j’étais posé à moitié debout sur les cailloux . Le set est tombé à deux mètres de moi, je ne sais même pas quelle taille il y avait, c’était énorme. Je me suis fait éclater, j’ai rebondi sur tous les rochers. J’ai à peine sorti la tête de l’eau après la première vague, que la deuxième m’a pris. Ramzi, qui voyait que j’étais mal placé, est sorti de l’eau pour voir si j’allais bien. C’était assez court mais tellement intense. J’essayais juste de sortir de l’eau et de me protéger des rochers. Je pensais vraiment à protéger ma tête, parce que la plupart des accidents là-bas sont dus au fait que les gens se font assommer et se noient. Du coup je pensais un peu à tous ces mecs qui se sont blessés et j’essayais de ne pas faire la même erreur qu’eux. Finalement j’ai eu pas mal de blessures dans le dos à cause des rochers mais pas plus que ça. J’étais surtout à bout de souffle. Quand tu vois la série, tu as une grosse montée d’adrénaline, ton coeur s’accélère. Tu ne restes pas si longtemps que ça sous l’eau, mais l’adrénaline te pompe tellement d’énergie et d’oxygène que du coup, 20 secondes te paraissent comme bien plus d’une minute. C’est une des rares fois où j’ai vraiment eu peur. Le lendemain, je suis retourné à l’eau mais c’était un peu moins gros. Maintenant, quand je prends des vagues à Backdoor, je fais le tour. »

« Le coup de pression » est une nouvelle rubrique hebdomadaire dans laquelle les surfeurs reviennent, autour d’une bière, sur leurs plus grosses peurs. Des histoires de mousse donc, mais pas seulement…

 


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