Le coup de pression d’Hugo Savalli

Le champion de France 2012 revient sur une session à Tahiti où il s'est payé deux coups de pression pour le prix d'un en seulement quelques minutes...

15/03/2013 par Romain Ferrand

« Je ne me souviens pas des plus gros flippes de ma vie en surf, mais je me souviens d’un p’tit coup de pression à Tahiti, il y a quelques années. C’était pendant la “Rautirare Open”, la compétition que Michel Bourez organisait.

Quelques jours avant la compète, alors qu’il pleuvait depuis plusieurs jours, on est parti checker Taapuna, bien que Michel pensait que ça allait être un peu gros et en vrac. On voulait quand même aller voir, au cas où… On est arrivé, il faisait moche, l’eau était un peu trouble, mais il y avait un gros 2 m glassy et quasi personne à l’eau, ce qui est exceptionnel pour Taapuna. Un “collègue” de Michel nous a amené, le team Nike de l’époque et moi, sur le spot en bateau. J’ai regardé un peu le spot, les sets qui ouvraient et ceux qui fermaient… Les vagues avaient l’air dingues !

Je suis arrivé en dernier au pic, et j’ai donc dû attendre mon tour quelques minutes…

Voilà enfin mon tour, quand une petite bombe est arrivée sur moi. Sauf que je ne me souviens plus si j’avais bu une Hinano de trop la veille ou si je n’étais pas bien réveillé, mais j’ai complètement merdé mon take-off et j’ai piqué direct. Là, mon leash a pété, un gros set est arrivé tout de suite derrière, et ma planche est passée au dessus du reef et s’est retrouvée en deux secondes au milieu du lagon. Le bateau était bien à 200 m du pic, et il y avait un courant monstre dans la passe. J’ai dû nager comme un taré à contre-courant jusqu’en bas de la passe, de manière à viser le bateau en me faisant emporter vers le large. Je flippais vraiment, parce que je n’allais avoir qu’une seule chance, et le courant m’emportait super vite. Si je ratais le bateau, je risquais de me faire emporter au large.

Une fois arrivé à proximité du bateau, j’ai attrapé la corde à l’avant, qui était attachée à la bouée et je suis monté directement par la proue. Pas question de tenter ma chance par l’arrière.

Une fois à bord, j’étais mort ! Je n’en pouvais plus. Mais mon histoire n’était pas terminée. Il fallait maintenant que j’aille récupérer ma planche au milieu du lagon à sec.

J’ai donc pris une autre planche sur le bateau et j’ai sauté à l’eau pour aller me rebattre contre le courant.

Pour entrer dans le lagon, il n’y avait qu’un tout petit chenal, large de 50 cm et d’une dizaine de mètres de long. De chaque coté, les coraux sortaient. Arrivé à l’entrée du chenal d’où toute l’eau du lagon sortait, je vois, à 20 m de moi, un requin pointes noires – un requin de récif, normalement inoffensif – d’1,5 m, mais quand même de quoi te niaquer une main ou un mollet… Je n’y prête pas trop attention, jusqu’à ce que je réalise qu’il n’avait aucune alternative que de passer par mon canal, qui faisait à peine 50cm de profondeur… Il faut savoir que le seul danger avec les requins de récif, c’est quand ils se sentent en danger… Et là, dans ma situation, je le sentais pas trop.

Le requin est arrivé vers moi, de plus en plus vite au fur et à mesure qu’il s’approchait de l’aspiration de la passe. Au dernier moment, il m’a foncé dessus et est passé sous moi, en frôlant ma planche avec son aileron. Bonne petite montée pour le coup.

J’ai fini par récupérer ma planche en marchant entre les patates de corail et j’ai pu regagner le bateau.

Les boys sont rentrés une demi-heure après de leur petite session tranquille à Taapuna. Naum (Ildefonse, ndlr) m’a demandé ce que j’avais foutu à sortir de l’eau, alors que les vagues étaient parfaites, sans capter une seconde la galère dans laquelle je venais de me mettre. »

Photo : Laurent Capmas


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