Le coup de Pression de Laurent Masurel

Pipe fait incontestablement partie des vagues les plus dangereuses du monde. De celles dont on se souvient longtemps, très longtemps...

21/04/2012 par Romain Ferrand

Photographe professionnel à la réputation solide, Laurent Masurel n’en reste pas moins un bodysurfeur de talent. Finaliste du Pipeline Bodysurfing Classic en 1998 aux côtés des deux légendes de la discipline, Mark Cunnigham et Mike Stewart, Laurent Masurel se souvient que c’est aussi là-bas, à Hawaii qu’il a bien failli y rester.

« L’histoire se passe à Hawaii en 2003. Un de ces énormes Pipe qui vient à la suite d’une très grosse rentrée de houle. Trop gros pour le North Shore. Un mix Ouest/Nord avec des séries qui décalent. Le genre de session où tu es obligé de manger. C’est en train de tomber mais il  reste encore de gros mouvement d’eau. Des conditions vraiment limites pour tout le monde… Le photographe Scott Aichner est déjà dans l’eau. À ce moment là, je me pose la question : « j’y vais ou pas« . Pour être honnête je suis loin d’être rassuré. Ça semble un peu au dessus de mes limites. Ehukai Beach Park ferme violemment. Il n’y a pas de passe, pas de jet… Finalement, au bout d’une heure d’observation, et après avoir vu Jeff Hubbard se jeter à l’eau, je décide de m’y mettre. Je ne sais même pas si ça va être bon pour les images tellement ça bouge mais une chose est sûre, ça va être un moment fort.

Je passe tout juste la première barre déjà heureux d’avoir échappé à Ehukai. J’arrive au large et là je sens assez vite que ça va être une session compliquée. Avec ces grands mouvements d’eau, Off the Wall est hors de contrôle avec des barres immenses. Or ce jour-là, il y a un courant très fort qui nous envoie vers Off the Wall. Qu’est-ce que je fous là ? Qu’importe, je décide de prendre, tant bien que mal, quelques photos. C’est compliqué d’autant que je commence à fatiguer. Et là, catastrophe…  Un énorme set de trois vagues me tombe sur la tronche. 3/4m hawaiien. Scott Aichner est à côté de moi. À la différence que lui ne perd pas ses palmes. Je me retrouve sans palme, vraiment inquiet… Scott me demande si tout va bien ? Il nage vers moi pour m’aider même si dans le fond je sais très bien que son soutien est plus moral qu’utile. Dans des moments comme ça, tu es seul. Tout seul !

Et là, premier miracle : Qu’est-ce que je vois à quelques mètres de moi ? Une de mes palmes en train de flotter à la surface… c’est sans doute ce qui m’a sauvé la vie. Je suis presque euphorique mais le courant m’embarque à nouveau vers Off the Wall. Je bataille un 1/4 d’heure. Un moment de lutte intense pendant lequel j’essaye de me raccrocher à des trucs bêtes. Au bord de l’épuisement et voyant que je n’avance pas, je lâche. À cet instant, je ne vois pas trop comment je vais réussir à survivre ! Deuxième miracle… Une vague qui arrive de nulle part. Ni premier, ni second reef… Le peu d’énergie qui me reste à ce moment là, c’est pour ramer dessus. Je démarre pour finalement me faire exploser et traîner sous l’eau, heureux d’être enfin au bord. Ça reste encore aujourd’hui l’expérience la plus marquante de ma vie ! »



2 commentaires

  • paul ciño
    23 avril 2012 0h31

    « Off the Wall est hors de contrôle avec des barres immenses. »
    juste cette phrase me fait bader

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  • cedric surfingbiarritz
    21 avril 2012 9h22

    Pour celles et ceux qui aiment lire le « coup de pression » devenu un classique sur surfsession.fr, je conseille très fortement de découvrir l’ouvrage d’Hugo VERLOMME « Coups de folie en mer ». Ce coup de pression de Laurent MASUREL est d’ailleurs présent dans l’ouvrage.

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