L’actu surf de mars en Mediterannée

Toute l'actu surf du mois en Med' : les sessions à ne pas manquer, interview d'un gardien du temple

02/04/2015 par Robin Guyonnet

La dualité de notre mer est assez exceptionnelle et parfois providentielle. Alors même que je m’apprêtais à vous pondre un énième papier sur notre déliquescence surfistique retrouvée. Alors même que cette grande étendue bleue coincée entre deux continents s’était irrémédiablement endormi ces derniers temps. Alors même que les cartes n’annonçaient au final rien de faramineux… Et bien une nouvelle fois deux jours intenses seront venus marquer pour très longtemps les esprits des surfers les plus aguerris.

Pour resituer le contexte, depuis début Mars, quelques sessions émaillent les côtes espagnoles avec ce flux d’Est persistant. Un flux d’Est assez tardif pour la saison et peu vivace qui amenuise tous nos espoirs de vagues décentes. Quelques ondes attaquent de temps à autres les environs du Golf de Saint-Tropez, mais au final tout est bien calme avant ce 3ème week-end du mois de Mars 2015 qui restera comme le WE le plus consistant de la saison 2014/2015.

Avec un pic de houle aux alentours des 2 mètres et un enchainement de trois belles journées de surf, les sourires sont vites revenus illuminer les visages défraîchis de bon nombre d’entre nous. Je vous laisse apprécier en images.


FOLIO : 1 MOIS EN MED

Photographes :
TP Photography (sa page Facebook)

Sylvain Rivière

Greg James Delaspre

Eric Bondon


L’INTERVIEW DU MOIS : Chris de Pirate Surfshop

Pirate Surfshop c’est un peu l’histoire même du surf en Méditerranée, et plus particulièrement sur la côte bleue. Véritable institution, tout le monde connaît ce magasin emblématique et son tenancier Chris qui ne l’est pas moins. Le shop fête ses 20 ans cette année. Rien que ça ! Qui a dit que les surfshops de proximité étaient morts ? Une chose est sûre, Chris a réussi à maintenir son image et continue de prêcher la bonne parole à qui veut l’entendre, derrière la banque dans son magasin toujours en goguette. Alors, je vous laisse entre de bonnes mains pour mieux savoir où en est le monde du surf aujourd’hui en Méditerranée. Vingt ans… ça méritait bien une petit interview tout de même.

Chris, le magasin fête ses 20 printemps cette année, ça nous rajeunit pas tout ça, peux-tu nous raconter un peu le monde du surf en Méditerranée en 1995 ?

En un mot : “Personne”. Pas de matos correct, pas de surfeurs, hormis quelques gars du coin. Personnellement, je surfe sur la côte bleue depuis 1987. Ma première session je l’ai faite à l’Arquet et il y avait un seul mec dans l’eau (Laurent Colomban, père de Joseph Colomban, cf rubrique du mois dernier). C’était l’hallu. A l’époque je me suis dis “tu viens de trouver ton Graal, ton secret spot !”

Difficile à croire aujourd’hui tellement l’Arquet est devenu une sorte de petit Snapper local, surtout au niveau de la foule.

Pour revenir à l’ouverture du shop en 1995, c’était l’époque où les smartphones n’avaient pas encore conquis le monde, Internet n’en était qu’à ses balbutiements. C’était l’époque où l’on passait nos soirées à attendre le bulletin Marine de Radio France à 19h57 pétante !!! Au moindre coup de vent annoncé sur le Cap Béar on espérait tous que de belles lignes viennent arroser les Tamaris (spot).   Sauf que pour avoir du Matos, c’était vraiment très compliqué, et il fallait aller courir dans le Sud-Ouest pour espérer dénicher quelque chose de correct. D’où le pari fou d’ouvrir un shop en Méditerranée. Et nous voilà 20 ans plus tard !

Quelle est ta vision aujourd’hui du niveau de surf global en Méditerranée ? Les reverse airs, c’est pour bientôt ?

L’explosion du surf est incroyable. Il y a du monde partout de nos jours et il en va de même pour la Med. Le surf s’est tellement développé que tout le monde a envie de tenter sa chance au line-up. On compte deux clubs de surf actifs sur la côte bleue : le Sausset Surf Club et le Lou Martegue, sans oublier la 13ème vague, école de surf itinérante qui ne désemplit pas. Une nouvelle génération pleine de talent est en train d’éclore et l’émulation la tire vers le haut. Pour le moment, pas vraiment de manoeuvre aérienne en vue, mais je pense que très vite on pourra assister à un festival aérien de la part de certains. Alors oui, le reverse air en Med, c’est pour bientôt.

L’image même de Pirate a fait couler beaucoup d’encre au début des années 2000, notamment pour des histoires de localisme. Aujourd’hui, tout est plus calme et les règles au final plutôt inexistantes au line-up, est-ce l’âge de la raison qui parle ?

Il faut bien que jeunesse se passe. C’est vrai qu’à une époque nous avons joué aux gardiens du temple pour tenter de préserver nos vagues qui étaient de plus en plus surpeuplées. Est-ce que c’était la bonne solution ? Avec le recul, je ne pense pas. Il vaut mieux bien accueillir les gens et voir ce qu’il se passe. Certaines rencontres peuvent être vraiment enrichissantes, d’autres beaucoup moins… De nos jours le facteur surpopulation est devenu ordinaire mais si chacun respecte les règles, il n’ y a aucune raison de se prendre la tête. J’ai aussi l’impression que le travail des clubs et des écoles commence à payer et joue un rôle positif dans l’éducation des futurs surfeurs.

L’image du magasin était assez core à ses débuts. Aujourd’hui le shop a pris une autre dimension, lorgnant allégrement du côté de l’alliance Biker/Surf chère notamment à Deus. Pourtant tu as commencé bien avant eux ?

J’ai toujours essayé de faire en sorte que le shop soit plus qu’un magasin mais un lieu de rencontre, d’échange, de convivialité.  Aujourd’hui l’identité du surfer est en berne. Les majors subissent de plein fouet les erreurs du passé. C’est vrai que depuis 2 ans, le shop amorce un nouveau virage en mixant deux de mes passions de toujours : la bécane et le surf ! Deux mondes bien similaires où les casques et les cuirs vintage côtoient les boards et le néoprène. Même si les motards de la région viennent régulièrement au shop, ma priorité reste les surfers. Ce sont eux l’ADN du bouclard !

Comment as-tu réussi à te maintenir face à une concurrence virtuelle de plus en plus forte ?

Le virtuel ne remplacera jamais un shop qui sent la wax et le vieux cuir, d’où l’importance de se différencier et d’apporter quelque chose d’authentique. J’aime chiner, chercher des petites marques moins diffusées. Ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus simple mais à quoi bon se battre contre des moulins à vent. Je fais donc la part belle à des vieux cuirs vintage, de la frippe US qui arrive régulièrement au magasin. Cela dit il faut vivre avec son temps, le e-shop pirate existe (www.piratesurfshop.com, ndlr).

Vivre du surf en Méditerranée, c’est encore possible ?

Vivre du surf ou de quelconque passion, aujourd’hui en France, on va pas se mentir, c’est toujours un peu compliqué. Il faut se bouger et tenter sa chance.

Tu n’as jamais pensé à déménager pour aller t’installer ailleurs ? Pourquoi ?

Si bien sûr. Mais c’est toujours plus facile à dire qu’à faire. La famille, les enfants, pas facile de tout quitter et puis pourquoi partir ? L’herbe n’est pas vraiment plus verte ailleurs. Certes l’eau est plus chaude est les vagues sont certainement plus régulières ailleurs. Mais 1 trip par an c’est déjà pas si mal non ? Là je reviens du Nicaragua où j’ai choppé de très bonnes conditions.

En fait la Méditerranée, on l’aime ou on la quitte ?

 

Très souvent après un trip je me colle une session à la maison et la réflexion est souvent la même : “Putain j’en ai pas eu une seule comme ça là bas !” Même si les vagues étaient parfaites, le home spot reste le home spot.

 

C’est pour quand la fête des 20 ans du shop ?

 

La Pirate party… (rires) Ce sera en Juillet sur la plage avec du Rhum. Pirate oblige ! Plus d’infos à venir.

Pirate Surfshop continue donc de distiller le meilleur des dernières tendances autour du monde du surf et désormais de la moto. Ce shop vraiment atypique dans l’univers actuel demeure un incontournable, tant par les conseils avisés de Chris, surfeur aguerri depuis plus de 20 ans, mais aussi pour toute la classe qui emplie ce lieu.


AGENDA COMPÉTITIONS

Compétition fédérale espoirs à Sausset-les-Pins organisée par le Sausset Surf Club, les week-ends des 4/5, 11/12 et 18/19 avril 2015 (le premier week-end de vagues)

Contact : saussetsurfclub@gmail.com

Compétition fédérale espoirs à Marseille (plage du Prado) organisée par le Sardine Surf Club, les week-ends des 4/5, 11/12 et 18/19 avril 2015 (le premier week-end de vagues)

Contact : sardinesurfclub@hotmail.fr


Correspondant local : Eric Bondon

Envoyez vos infos, photos, agendas, remarques et autres à local@surfsession.com

Prochain report en Méditerranée le 2 Mai, d’ici là bon surf à tous !


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