Le clash : Yann Martin vs Yann Martin

Ils ont le même nom à la lettre près et encadrent tous les deux les meilleurs surfeurs français. Ça méritait bien un face-à-face.

14/04/2015 par Robin Guyonnet

L’un a été team manager pour Oakley et entraîne depuis des années les meilleurs surfeurs français. L’autre a entraîné pas mal de groms et est aujourd’hui le team manager Europe pour Rip Curl. Ajoutez à ça une homonymie parfaite, et vous comprendrez que doivent parfois en découdre quelques situations comiques. Petit face-à-face entre Yann et Yann pour essayer d’éclaircir tout ça et en savoir plus sur leurs jobs :

Les Inconnus : « Euh, moi c’est Yann » par surfsessionmag

YANN MARTIN, 46 ANS

YANN MARTIN, 25 ANS

Quel est l’intitulé précis de votre job ?
Coach, entraineur… et pote de surfers (rires). Team manager Rip Curl Europe
En quoi cela consiste exactement ?

Pour certains, je suis l’entraineur et il arrive que je fasse un peu de coaching sur les évènements. Pour certains, je suis le coach et enfin pour d’autres, je suis coach et entraineur. Mon rôle est principalement de faire le lien entre la marque et les surfeurs, gérer l’image et la partie sportive des athlètes, dénicher de nouveau talent sur le Vieux Continent, les coacher et les driver sur les compétitions en Europe.
De quels athlètes vous occupez-vous en ce moment ?
Dans la désordre : Marc Lacomare, Johanne Defay, Tom et Nelson Cloarec, Kim Veteau, Juliette Brice, Aïnara Aymat (EUSK), Alex Bauduin, Luan et Nemo Nogues, quelques petits jeunes du Lacanau Surf club comme Ilonna, Nawlan et Keloha Rondi. Mon fils un peu, Léo Martin…

Je voyage avec Marc Lacomare sur les WQS depuis 2 ans et je bosse avec Johanne depuis courant 2013. Je la suis sur quelques WCT depuis l’année dernière.

Je m’occupe des surfeurs du team comme Pauline Ado, Tim Bisso, Kyllian Guérrin et d’autres surfeurs européens. Je coache les jeunes du Team sur les GromSearch et les Pro Juniors. Je suis par contre de très près Pauline avec qui je m’entends très bien. Elle s’entraîne à fond pour se requalifier C’est une athlète incroyable.
Allez on balance :  qui est celui ou celle qui arrive systématiquement en retard aux entraînements ?
Je dirais Tom & Nelson (ils ont leurs fiancées à Bordeaux) ! Mais en général on voyage ensemble pour s’entrainer, ou on se rejoint la veille pour être prêt donc ça se passe plutôt pas mal de ce coté là. Je crois que c’est moi… (rires)
La plus grosse tête de mule ?
J’ai envie de te dire qu’ils font la démarche de venir s’entrainer donc ils sont dans une optique de travail plutôt positive alors je n’ai pas a me plaindre de ce côté. Tim Bisso est pas mal !
Le meilleur élève ?
Je ne me suis jamais posé la question. Mais quand ils viennent me voir c’est pour bosser donc en général ils bossent dur, je n’ai peut-être que de bons élèves (rires) !

Je ne suis pas team manager d’une marque, ils font la démarche de venir me voir donc ils bossent à fond, quand ils sont là. Il n’y a pas beaucoup de regroupements comme pour un team. Ils viennent quand ils peuvent. Je m’adapte à leur calendrier…

Pauline Ado !
Le plus feignant ?
Peut-être moi (rires) ! Non sérieusement, je ne sais pas. Je pense que c’est à eux qu’il faut le demander. Ils te répondront mieux que moi là-dessus, parce que je demande beaucoup à mes jeunes quand on bosse et je ne les vois jamais trainer. Ils sont plus demandeurs que l’inverse… Les tous jeunes surfeurs sont parfois durs à motiver quand il fait froid l’hiver par exemple ou que les vagues sont pourries. Sinon je n’en ai aucun de réellement feignant.
L’exercice d’entraînement que détestent le plus vos surfeurs ?
Quand c’est gros et qu’il faut sortir de l’eau régulièrement je pense. Pour le reste je bosse avec des sportifs de haut niveau donc les gars sont quand même à la base dans une routine de travail importante entre le surf et le physique. Il y a des jours où ils n’aiment aucun exercice et d’autres où ça passe tout seul… Il n’y en a pas trop ! Le surf c’est avant tout du plaisir… Mis à part les exercices physiques ou les échauffements un peu longs, il n’y en a pas ! S’ils sont là, c’est pour une raison. S’ils ne sont pas motivés ou que quelque chose les dérange, c’est mauvais signe…
La plus grosse idée reçue sur votre job ?
Souvent les gens pensent que je ne bosse pas, que c’est un loisir ! “Franchement c’est dur d’être au soleil toute l’année, de surfer des spots de dingue, d’être avec des jeunes sympas et fun…

Sérieusement, tous les jobs ont leurs contraintes. On voyage beaucoup, rarement avec la famille, etc.

Mais dans l’ensemble j’aime vraiment le mien. Pourvu qu’il me traine jusqu’à la retraite !

Qu’on se dore la pilule au soleil…
L’avantage principal du métier d’entraineur ?
Pour ma part, j’aime mon job donc je te dirais que ça me permet de surfer souvent et de bien me marrer avec tous ces jeunes. Les voyages.
L’inconvénient ?
Quand je suis obligé de faire un training en plein hiver par des températures fraiches et sous la pluie à Lacanau par exemple. Les voyages.
Bon, quand on est coach ou team manager, on a le droit de taxer tous ses riders, non ?

Celle-là c’est ma préférée (rires) ! Mais bien sûr, tu as tous les droits… Je pense que quand tu es coach tu dois plutôt regarder tes riders, donc au moment où tu es à l’eau avec eux, tu les regardes et tu ne les taxe pas. Bien sur, on a tous les droits ! (rires)
Et vous vous gênez vraiment pour le faire ?
Je ne l’ai pas fait souvent. J’ai usé de ma priorité que je reprenais souvent (rires) ! Je faisais ça avec Romain Cloitre pendant les training où on faisait des séries mais ce n’est pas un privilège que tu gardes longtemps. Très vite, ils deviennent meilleurs que toi et ça s’arrête ! Je me rappelle de sessions avec Romain ou Marc et Ramzi, où ils étaient plutôt là à me laisser des vagues que l’inverse, je n’avais pas à batailler. C’est le privilège de l’âge ça… Je m’en fiche un peu, à part si celui-ci ne s’est pas gêné pour me faire l’intérieur !
Faites-nous rêver : où avez-vous voyagé ces 6 derniers mois ?
C’est la période la plus calme de l’année. Je suis allé aux Championnats du Monde Junior au Portugal pour coacher Vasco Ribeiro, où on a gagné d’ailleurs. Je suis rentré une journée chez moi et je suis reparti à Maresias (Brésil) avec Marc, Ramzi et Vasco pour un Prime, et de là je suis parti avec eux a Hawaï pour les WQS de fin de saison. Je suis rentré chez moi fin novembre et je suis reparti début février avec Johanne Defay et Kim en Australie pour l’ouverture de la saison. Ma femme a accouché donc je suis resté pas mal de temps à la maison à découvrir les joies de mon nouveau métier, celui de papa. Sinon, je voyage principalement en Europe : Espagne, Portugal, UK…
La meilleure manière de célébrer la victoire d’un de ses riders ?
Une bonne petite fiesta dans les règles de l’art ! Franchement, tout dépend de l’âge du rider. On ne fait pas les même célébrations avec des très jeunes qu’avec des riders majeurs. Un bon resto, et une bonne soirée s’il est majeur ! Je n’en ai pas encore eu trop l’occasion (rires), mais j’espère que ce sera pour cette année ! C’est bon signe il parait…
Le meilleur souvenir de victoire ?
Avec l’équipe de France, tous les titres sont à chaque fois extraordinaires… La deuxième place de Marc au Brésil sur le Prime, le titre de vice-champion du monde Ramzi au Brésil l’année dernière sont aussi de bons souvenirs. Le titre de champion du monde de Vasco au Portugal chez lui et le titre de Rookie of the year de Johanne sur le WCT sont tous des souvenirs que je n’oublierai jamais. Aucun réellement ! Plus des séries « couperet » ou des situations compliquées où le surfeur réussit à renverser la vapeur, c’est ce qu’il y a de plus excitant dans le surf de compétition.
Meilleur souvenir pour le moment ?
En tant que team manager (pour Oakley, ndlr), c’est les victoires aux juniors de Lacanau et d’Hossegor devant un certain Julian Wilson) de Romain Cloitre, suivi du titre européen. Sans oublier la victoire à Lacanau de Charly Martin suivi de son titre de champion d’Europe et les prestations de Marc Lacomare à Lacanau et aux championnats Oakley Challenge ainsi que sa victoire à Narrabeen à l’étape du championnat du monde. Il y en a plusieurs, mais à chaque fois que le surfeur se transcende ou sort quelque chose d’incroyable. C’est cool !
On vous confond encore souvent tous les deux ?
Très souvent, pas plus tard que la semaine dernière d’ailleurs. Bien trop souvent à mon goût (rires) !
Des situations cocasses qui en ont déjà découlé ?
Yann Martin était aux Canaries avec ses jeunes du team Rip Curl la semaine dernière (en mars, ndlr). Alex Bauduin est un jeune que j’entraine et qui habite aussi aux Canaries. Pensant que c’était moi qui était là-bas, il m’a appelé avec sa mère pensant que j’étais venu sans l’inviter au training (rires) ! Yann (Rip Curl) logeait avec ses jeunes dans un surf camp tenu par des amis d’alex Bauduin et donc ça n’a fait qu’un tour, et j’ai reçu ce coup de fil me demandant pourquoi je n’avais pas prévenu Alex de mon training. Étant des Canaries et bossant avec moi il estimait normal d’en faire partie. J’étais mort de rire ! J’ai effectivement reçu à plusieurs reprises des mails ne m’étant pas destinés sur Facebook ou des liens vidéos pour le débriefing technique ! Lui a du recevoir aussi quelques press books ou autres demandes de sponsoring… C’est plutôt inattendu au début et puis à la fin on s’y habitue… Heureusement que nous nous entendons très bien sinon je pense que ça aurait pu être agaçant (rires).
Votre avis sur votre homonyme ?
Ti’ Yann est un bon coach-entraineur, et je pense qu’il fera un très bon team manager. Il aime ce qu’il fait, il aime apprendre et je pense que ce job lui va très bien.

Les jeunes l’aiment bien et tant mieux car c’est le seul baromètre de notre métier !

Un chic type ! On s’entend bien. Yann a plus d’expérience et un parcours différent. Il a sa propre méthode de travail… qui fonctionne très bien car il a eu de très bon résultats avec ses surfeurs. Aujourd’hui, je m’occupe plus de la gestion des surfeurs de chez Rip Curl et moins de la partie technique pure ! C’est ce qui me manque d’ailleurs…

Mais par exemple il y a certains surfeurs de chez Rip Curl à qui je recommande Yann pour s’entrainer.On avance dans le même sens, à savoir l’intérêt des surfeurs. A la fin, ce sont eux qui choisissent et leur choix est forcément le bon car c’est leur volonté personnelle.

Qui sera le prochain français sur le Tour selon vous ?
Joan, Marc et Charly sont passés près ! Pourquoi pas les trois avec Jeremy l’année prochaine ? Ils en ont le potentiel et l’ont déjà prouvé. Pauline Ado chez les filles et Charly Martin chez les garçons.
Fiche d’identité :

– Nombre d’années de surf : environ 30 ans

– Nombre d’années de coaching : 15 ou 17 ans

– Home spot : Lacanau (France) et les Sablettes (Maroc)

– Surfeur préféré : Mick Fanning

– Quel métier tu rêvais de faire à 10 ans ? J’ai du faire comme tous les gosses vétérinaire ou pompier.

– Et à 15ans ? Depuis que je surfais, c’était surfeur pro.

– Quel métier tu rêverais de faire aujourd’hui si tu n’étais pas coach/team manager ? Politicien pour mettre un peu d’ordre et d’honnêteté dans ce foutoir (rires) ! Plus sérieusement j’aurais aimé être pilote de motcross et aujourd »hui je me verrais bien team manager chez Kawazaki ou KTM.

Site web : yannmartinsurfacademy.fr

Fiche d’identité :

– Nombre d’années de surf : 20

– Nombre d’années de coaching : 5

– Home spot : Anse Salabouelle (Guadeloupe)

– Surfeur préféré : Bobby Martinez

– Quel métier tu rêvais de faire à 10 ans ? Surfeur pro comme tous les jeunes à cet âge !

– Et à 15ans ? Un travail en rapport à l’océan… Mais vivre du surf était encore dans un coin de ma tête.

– Quel métier tu rêverais de faire aujourd’hui si tu n’étais pas coach/team manager ? Prof d’EPS, ça m’aurait plu.

Portraits : ©Laurent Masurel


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