Le récit exclusif de la session XXL de Tyler Larronde à Jaws

Michel Larronde revient en détail sur la session énorme partagée avec son fils début novembre... Chaud :

23/11/2010 par Romain Ferrand

Le jeune Hawaiien Tyler Larronde, 16 ans, a inscrit son nom sur la liste des prétendants au Billabong XXL Challenge après une session monstrueuse à Jaws le 2 novembre dernier (voir news).

C’est son père Michel Larronde, un des vétérans de la vague de Peahi, qui a piloté son fiston durant la fameuse session. Il revient pour nous sur la session :

« A peine de retour de France après 6 mois,  avec une petite soeur de 4 mois pour Tyler, Maelee, me voilà alerté par l’arrivée du premier swell de la saison. Le jet ski était resté en hibernation depuis le mois de mars. Tyler l’avait fait démarrer de temps en temps et il a redémarré en suivant.

© Jymmie Hepp

Concernant les planches, malgré la croissance de Tyler durant l’été, sa 5’5 x 15 est encore bonne pour ce début de saison. Quant à moi j’utiliserai ma 5’11 x 16 que je connais parfaitement. Tyler est assidu dans sa préparation physique et il sait qu’il faut être très sérieux pour Jaws. Je le sens bien prêt et motivé pour l’arrivée de ce swell NNW, 15′- 17 sec.

« Tyler est assidu dans sa préparation physique et il sait qu’il faut être très sérieux pour Jaws »

La veille, il semble que la houle soit trop nord et je suis désolé de l’apprendre à Tyler. Il est tellement prêt qu’il insiste pour aller voir ce que ça donne, quitte à rater une session sur un autre spot  plus petit. A la première heure nous allons chercher de l’essence et discutons avec une paire de tow guys qui disent que la houle est bien N et qu’ils iront à Pier One, un spot vers la ville.

Nous allons à Maliko, qui est la mise à l’eau la plus proche de Jaws. En arrivant il n’y a pas grand monde ! Shoutz ! Alors qu’un autre équipage se préparait, de bons sets rentraient dans la baie et le timing de mise à l’eau fut assez délicat. Je fis marche arrière entre 2 sets et Tyler, profitant d’un ressac, démarre et file vers le large en attendant que je gare l’attelage.

« Il y a des super vagues glassy de 20 pieds et plus (environ 7m) dans les gros sets et quasi personne. »

En nous dirigeant vers le spot, je remarque que ce swell est bien rangé et bien dirigé pour Jaws. Arrivés au spot, il n’y a que 4 machines  et seulement 2 en action. Des super vagues glassy de 20 pieds et plus (environ 7m, ndlr) dans les gros sets et quasi personne. Après avoir observé le spot le temps de 2 sets, Tyler est chaud, il sort la corde et c’est parti pour l’ivresse, la charge.

Dès sa 1ere vague j’ai tout de suite compris qu’il allait nous faire un festival. Pour la seconde, la plus fat de la session je crois, il a eu très chaud. On a choisi la 3eme et c’était énorme. J’ai bien étudié son comportement pour voir si ce n’était pas un peu tôt dans la session ou dans sa vie pour le mener sur une telle vague, un monstre parfait. Pas de signes distinctifs d’inquiétude à noter, mais un hochement de la tête signifiant : « Vas y !!! » Et nous y sommes allés. La masse de cette vague était encore plus imposante que les précédentes et je suis obligé d’aller plus vite avec le jet. Je le regarde. Il a l’air relax pour soudain lâcher la corde.

« Pas de signes distinctifs d’inquiétude à noter, mais un hochement de la tête signifiant : «Vas y !!!» « 

Je trace sur l’épaule pour le voir et il est tout petit dans le mur sur le rail avec le monstre qui doucement le rattrape pour le faire disparaître avant de le recracher indemne. Ce ride… Ce flip qu’il m’a mis. Les autres gonzes hurlent et moi je me dis que c’est trop !! Comment aurait-il géré si elle l’avait avalée. A la récup il est stocked mais il s’est mis un flip, il sait qu’il a joué et qu’il a juste un peu trop tiré sur les ficelles…. Alors attention.

C’est cependant reparti pour la 3eme jusqu’à une dizaine de rides dont d’autres « fat ones » après lesquelles il a décidé de prendre un petit break pour me tracter sur 4 vagues. Sa conduite est plus précise que l’an dernier, mais il a tendance à me mener trop sur l’épaule. Je lui fais la remarque un jour après et il me reprend en disant que c’est moi qui ne fade pas assez! Il est bon lui!

Son pote Chaz déboule avec son père Matt Kinosita, un surfer/ shaper que je respecte beaucoup. Du coup Tyler est à nouveau à l’eau pour se taper une seconde session avec son pote. Nous regagnons à nouveau le large. Il y a un peu plus de monde et quand la série est arrivée je n’ai pas pu obtenir de priorité donc nous plaçons bien au large pour avoir le choix lors de la prochaine.

« Au ras de la mousse ils se prend un clapot de jet et se fait dévorer. Non !!! »

Lorsqu’elle arrive, nous en laissons passer une ou deux avant qu’une super bombe n’arrive : 20 pieds solide. Là encore je file sur l’épaule et je vois Tyler bien à l’intérieur comme pour sa seconde vague mais quand il vire au ras de la mousse ils se prend un clapot de jet et se fait dévorer. Non !!! Je garde mon sang froid et j’essaie de revenir dans le blanc sur ces traces, je localise sa planche mais pas de Tyler. Je l’ai vu réapparaître juste avant l’énorme seconde mousse, puis après avoir géré la troisième, Matt a réussi à le récupérer.

Il avait l’air bien après cette frayeur. Il a dit ne jamais avoir pris autant d’eau dans les sinus. Sa planche a disparu, impossible de la retrouver. Tyler est agacé par ça, moi je suis ravi de le sentir derrière moi, même énervé d’avoir perdu sa magic board.

Sur le chemin du retour nous avons continué à la chercher, en vain. Nous sommes donc un des premiers équipages à rentrer. Je rappelle à Tyler le coup du lasso, c’est à dire qu’une fois qu’il monte sur la remorque avec le jet, d’un geste de cowboy il enroule la corde amarrée au nez du jet autour de l’axe de la remorque sur lequel le treuil est écroué. Cette opération empêche le jet ski de glisser dans l’eau. Je recule et Tyler monte parfaitement sur la remorque, et alors que j’entame la remontée il rate l’amarrage du jet. Mon truck a baigné, je rage un peu et je le gare. Tyler me repasse le jet et là je décide de le beacher sur le parking. La manoeuvre est réussi sans aspirer de gravier. De là, je détale pour aller chercher le pickup. Nous accrochons le jet, mais alors que nous le remontons un set arrive. Une vague soulève et bouge tout l’attelage de 1m et la remorque s’est retrouvée posé sur le jet. Petite panique, mais pas de gros dégâts mis à part un petit pète sur le jet ski et un second bain pour le pick up.

Le soir, coup de téléphone : quelqu’un a retrouvé la planche de Tyler. Sacrée début de saison. Nous accommoderons des sessions de lasso au prochain entrainement ! »

Avec cette session, Tyler Larronde est nominé pour les Billabong XXL Awards 2011 (voir site). Mais la saison 2010-2011 ne fait que commencer…


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