Alizé Arnaud : du rêve à la réalité

Dix jours après avoir décroché le titre suprême, Alizé nous livre ses impressions de Championne du Monde en direct d'Australie.

21/01/2011 par Romain Ferrand

Une française originaire des Landes qui décroche le titre de Championne du Monde ASP junior 2010, ça c’était la grosse surfnews de la semaine dernière. Le temps de fêter ça et de se remettre de ses émotions, Alizé Arnaud répond à nos questions en direct du Mac Do le plus près de son logement à Coolangatta, sa seule connexion Internet au pays des kangourous. Elle restera en Australie jusqu’à début mars pour s’entrainer avec la Fédération Française de Surf, et c’est sa famille qui la rejoindra pour fêter l’événement, en attendant d’organiser une grosse soirée en mai chez elle à Hossegor.

Après une mauvaise année de galère sans sponsor suite à la fin de son contrat avec Roxy, c’est plus motivée que jamais et entourée du team O’Neill qu’Alizé réalise son rêve le plus fou. Une belle leçon de détermination. Magnéto :

Championne du Monde … un rêve qui devient réalité ! Qu’est-ce qu’on ressent à tout juste une semaine du titre ?

Depuis la semaine dernière je suis remplie de larmes de joie ! Être Championne du Monde a toujours été mon rêve le plus cher ! Le réaliser n’a pas de prix, c’est quelque chose d’exceptionnel… Et puis je n’ai jamais été trop médiatisée en France, on voit surtout Pauline Ado et Lee-Ann Curren dans les magazines français. J’étais ravie d’avoir une pleine page dans Surf Session l’été dernier et avec ce titre je suis bien sollicitée. Et ça fait plaisir de passer dans les magazines australiens aussi.

Justine Dupont a éliminé en demi-finale ta principale rivale Laura Enever, et c’est à ce moment là que tu as appris que le titre te revenait. Comment as-tu géré ta série avec Bianca Buitentag juste après l’annonce du titre ?

J’étais déjà dans l’eau quand Laura et Justine disputaient leur série. Les vagues étaient difficiles, c’était vraiment serré entre elles, et j’ai vu Justine prendre une bonne vague à cinq minutes de la fin. Je savais que ça allait être le meilleur score de la série. Alors j’ai commencé à trembler et quand la série s’est terminée je n’arrivais pas à croire que j’avais gagné le titre ! C’est Bianca et Justine qui m’ont fait réaliser en me félicitant dans l’eau ! J’ai été incapable de me concentrer dans ma série en demi-finale. Tout ce que je voulais était sortir de l’eau pour célébrer ça avec Marc, Maxime et les autres ! Du coup Bianca m’a battu mais ça restera ma meilleure défaite. C’était la première fois que je sortais perdante avec le sourire et des larmes de joie !

« Durant tout le mois de décembre je m’entraînais au Santocha à Capbreton toute seule même sous la tempête. »

Qu’est-ce qui a fait la différence selon toi pour remporter ce titre ?

La technique a beaucoup joué, sur deux manoeuvres je suis arrivée à scorer huit points. Sur l’étape de Bali, mon sens du tube « à la landaise » m’a vraiment aidé. Mais le plus important par rapport aux autres années, c’est que maintenant j’arrive à être plus patiente et posée, un peu moins « fofolle ». D’une manière plus générale, ce sont la motivation et l’envie qui font la différence. Durant tout le mois de décembre je m’entraînais au Santocha à Capbreton toute seule même sous la tempête.

Quelle sensation ça fait de voler la victoire à Laura Enever sur ses terres ?

C’est vraiment sympa de gagner à l’étranger. J’avais déjà fait trois finales en Australie sur des pros juniors. Je pense que c’est plus favorable pour moi de jouer un titre aussi important à l’extérieur car on ressent moins la pression. C’est toujours plus dur de « jouer a domicile ». C’était une bonne aide pour moi finalement que Laura soit la locale, du coup elle s’est mise un peu trop la pression…

J’espère que tu as fêté ça comme il se doit ?

Ah ah… oui j’ai fêté ça avec Marco (Lacomare, ndlr), Charly, (Martin, ndlr) tous les autres Français présents et le team O’Neill. C’était super il y avait beaucoup de monde et je garde un bon souvenir des danses que j’ai pu faire avec Jean-Luc (le père de Maxime, Huscenot, ndlr) sur Michael Jackson ou sur du bon rock des années 60, genre jailhouse rock d’Elvis. On a bien rigolé. Mais maintenant j’ai vraiment hâte de fêter ça avec ma famille et mes amis, ça va être une soirée inoubliable…

Championne du Monde est la meilleure revanche que tu pouvais espérer après l’année difficile que tu as connue sans sponsor. Comment te sens-tu aujourd’hui par rapport à ça ?

C’était « un mal pour un bien » durant un an, et oui ce fût difficile, mais ces épreuves m’ont rendu tellement plus forte et puis cette période m’a permis de voir sur qui je pouvais compter dans les moments difficiles. Beaucoup de gens ont essayé de me mettre des bâtons dans les roues mais je ne parle pas de revanche sur eux car c’est uniquement pour moi que je me suis battue. C’est juste la plus belle des façons de les remettre à leur place et leur prouver qu’ils n’y connaissent rien. Et puis comme me dit souvent ma mère : « toi Alizé tu ne choisis jamais la facilité » !

Comment as-tu fait pour ne jamais te démotiver dans les moments les plus durs ?

J’ai surtout beaucoup de chance d’avoir une famille en or. C’est grâce à eux et à mes amis que j’ai réussi à tenir et je leur dois mon titre. Mon rêve était d’être Championne du Monde et vous savez quand vous voulez vraiment quelque chose, vous finissez tôt ou tard par l’obtenir. Si vous baissez les bras à chaque obstacle, autant ne pas se battre du tout. Vous ne pouvez pas devenir N°1 mondial sans être capable de surmonter ce genre de choses. Les rencontres que j’ai faites durant le Téléthon d’Anglet et à Madagascar m’ont beaucoup motivée. Il faut savoir relativiser dans la vie pour avancer et les champions ne baissent jamais les bras.

« Il faut savoir relativiser dans la vie pour avancer et les champions ne baissent jamais les bras. »

Quels sont tes projets et prochains objectifs maintenant ?

Je vais commencer le tour WQS en espérant obtenir quelques bons résultats dans l’objectif de faire le World Tour et pourquoi pas devenir Championne du Monde Open… Et j’aimerais beaucoup conserver mon titre de championne d’Europe aussi. Question surftrips j’aimerais bien partir avec ma soeur en Inde et avec des amis au Mexique. Et surtout il serait temps que je passe mon permis aussi car sinon je vais encore me faire disputer… Sacré programme !

PROPOS RECUEILLIS PAR CHLOÉ DELANOUE

Alizé Arnaud est sponsorisée par O’Neill, Baby-G Casio, FCS, Gorilla Grip et le Conseil Général des Landes.


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3 commentaires

  • Marie
    27 janvier 2011 19h41

    Lee Ann et Pauline médiatisées ne me choque pas, vu leurs résultats , Alizée sois cool !

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  • djogai
    21 janvier 2011 17h15

    Super esprit, super championne et je te souhaite beaucoup d’autres titres à faire ramper les sponsors.

    Répondre

  • aimee legal
    21 janvier 2011 15h00

    Super ton interview ma championne tu as dis ce que tu penses, c’est très bien et ça soulage, après cette année de galère, tu as perseveré avec rage et tu vois ca paye.
    Dans la vie on doit être franc et ne pas y aller par 4 chemins.
    Encore bravo pour ton courage je suis fière de toi et quelqu’un là-haut doit être fier lui aussi.

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