Johnny Gannon, entraîneur de Taj Burrow

Il suit le World Tour à temps plein depuis cinq ans. Rencontre avec ce Bra Boy qui gère la condition physique de Taj...

22/02/2012 par Romain Ferrand

Johnny Gannon est un des coachs les plus emblématiques du World Tour. L’un des premiers aussi à avoir rempli la fonction à plein temps, il y a de ça cinq ans. La mission de cet Australien au physique imposant, originaire du quartier chaud de Maroubra près de Sydney ? Aider Taj à rester en forme et optimiser sa condition physique. Aucun travail sur sa manière de surfer, mais de précieux conseils sur les étirements, la nutrition, etc. Un soutien loin d’être inutile lorsqu’on sollicite son corps à 100% sur les vagues, et qu’on a aussi un petit penchant pour la vie nocturne comme Taj. Au fil des années, les deux ont largement dépassé la relation coach-surfeur et sont devenus des potes qui voyagent à travers le globe pour assurer le job…

Johnny, explique-nous le travail que tu fais auprès de Taj ?

Je suis son entraineur. Je voyage avec lui toute l’année pour m’assurer qu’il reste en forme, sain et qu’il mange bien. Le but est de le maintenir au maximum de son potentiel. Ça fait cinq ans maintenant que je travaille avec lui. Ça fait donc un moment. On s’entend vraiment bien, son surf est très bon et il est plutôt content du résultat, on va donc continuer sur notre lancée.

Tu es le premier entraîneur à avoir travaillé à plein temps avec un surfeur sur le Tour ?

Tous les surfeurs ont des entraîneurs depuis longtemps. Je suis peut-être l’un des premiers à l’avoir fait à temps plein en voyageant avec quelqu’un. Mais je m’occupe juste de la forme physique et du conditionnement sportif de Taj, pas de son surf. Je m’assure qu’il reste souple, qu’il se sente bien dans son corps.

Comment as-tu rencontré Taj ?

Je l’ai rencontré grâce à un ami commun qui le manageait plus ou moins. Il savait que j’étais entraîneur physique et que j’entraînais Mark (Mathews, ndlr), Richie (Vaculik, ndlr) et Koby (Abberton, ndlr). Il s’est dit que parce que j’entraînais ces gars là, je pourrais aider Taj à être un peu plus agressif dans ses heats. Et ça a plutôt très bien marché. Taj en avait besoin. Quand je suis arrivé et que j’ai commencé à l’entraîner, son corps était un grand foutoir et son dos lui faisait mal. Il a beaucoup travaillé et aujourd’hui il se sent beaucoup mieux, beaucoup plus fort. Son dos ne lui fait pas mal du coup, il peut surfer plus et plus longtemps. Ça a donc bien marché.

Ça ressemble au job parfait, non ?

Oui c’est fantastique, j’ai la même vie qu’un pro surfeur. C’est un job génial. Mais il y a quand même quelques inconvénients comme le fait d’être constamment loin de chez soi et de passer son temps dans l’avion. Il est difficile aussi d’avoir une petite amie, d’entretenir une relation. Tu es tout le temps ailleurs en fait. Mais à part ça, c’est un job incroyable. Un jour, lorsque j’en aurai fini avec ce travail, j’aimerais rester dans l’industrie du surf et ouvrir une académie d’entrainement pour les surfeurs ou quelque chose comme ça.

Taj est connu pour aimer faire la fête. Est-ce que c’est parfois difficile pour toi  de lui dire de rester calme ?

(rires) Il est bon de garder un équilibre sain. Quand on a commencé à travailler ensemble, on a essayé d’arrêter de boire complètement, ensemble, pendant six mois. Mais ça ne marchait pas vraiment. Il n’était pas heureux et ne faisait pas de bons résultats. On a donc ensuite commencé à nous relaxer un peu, à boire un peu de vin pendant le dîner comme vous faites en France (rires). Il avait l’air d’être plus heureux comme ça et ça marchait mieux. En fait quand tu mets en place un régime drastique et que tu es trop strict dans ton programme, ça ne marche pas chez certaines personnes. Donc on garde juste l’équilibre, en s’assurant qu’il est heureux.

Quelles sont les règles principales que vous avez tous les 2 mises en place ?

L’une des règles est « si on a passé un longue nuit à faire la fête, on se lève le matin suivant pour s’entraîner. » Il y a aussi une autre règle : « si les vagues sont bonnes, on surfe et on ne fait pas d’entraînement. » Le surf reste donc la priorité par rapport à l’entraînement. On s’entraîne uniquement quand les vagues sont très petites et qu’il y a du vent. En dehors de ces moments là, Taj tient à surfer autant que possible.

Tu es à la fois le coach et le pote. Est-ce que ça n’est pas difficile parfois de faire preuve d’autorité ?

Il est assez cool avec ça. C’est marrant, quand j’ai commencé ce boulot, les gens nous disaient de ne pas devenir trop bons amis, parce que ça allait rendre la tâche difficile. Mais parce qu’on voyage ensemble toute l’année, on est plus des bons potes qu’un boss ou un coach, sinon ça aurait été impossible de travailler ainsi pendant quatre ans. Quand je suis le coach, je suis le coach et quand il est le boss, il est le boss. ça marche comme ça.

Vous allez d’ailleurs réaliser un DVD à propos de ça, non ?

Oui, on est en train de réaliser un DVD d’entrainement qui devrait sortir cette année. On y présentera des exercices qui seront ensuite liés au surf. On essaie en fait de mettre en avant la corrélation entre les exercices physiques et la pratique du surf.

Tu fais partie des fameux Bra Boys. Existe-t-il toujours un véritable esprit au sein de ce clan largement médiatisé ces dernières années ?

Je pense qu’après le premier film sur les Bra Boys (documentaire réalisé par Macario De Souza en 2007, ndlr), tout le monde a un peu pris une direction différente. Mark s’est dirigé vers le surf de gros, j’ai commencé à entraîner Taj, Richie faisait des combats, Sunny (Abberton, ndlr) essayait de devenir un producteur de film et Koby (Abberton ndlr) ne surfait plus beaucoup. Nous avons tous pris nos propres directions. Mais j’ai le sentiment que ces six derniers mois, peut-être depuis que ce film a été fait (la sortie de ‘Fighting Fear’ qui raconte la vie de Mark Matthews et Richie Vaculik, ndlr), nous avons tous commencé à réaliser combien nous nous étions construits les uns avec les autres et sommes tous redevenus un peu plus proches. Ces types me manquent, et j’ai hâte de rentrer chez moi. Même si je parle souvent avec Koby sur Facebook ou au téléphone, j’ai vraiment hâte de rentrer. Tout le monde part dans des directions différentes, mais tu reviens toujours à tes origines, spécialement quand tu viens de Maroubra. Cet endroit nous a à la fois ouvert beaucoup de portes, mais en a aussi fermé pas mal. C’est facile d’en partir mais c’est si bon d’y revenir. D’ailleurs, je pars demain pour retrouver les gars.

Propos recueillis par Romain Ferrand

Portraits : Bastien Bonnarme


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