Jordy Smith : "Pas une seconde de relâchement"

Le leader du CT n'a qu'un seul objectif : conquérir enfin son premier titre de champion du monde.

04/10/2017 par Marc-Antoine Guet

C’est dimanche dernier, au Pays de Galles, que nous avons rencontré Jordy Smith alors que le Quiksilver Pro France débute dans quelques jours. Le n°1 mondial, détendu et souriant, vient de surfer quelques vagues sur le bassin artificiel gallois de Surf Snowdonia, où il passe un peu de temps aux côtés du staff de son sponsor majeur O’Neill.Alors que le sprint final est lancé sur le CT, le Sud-Af’ tient la corde et ne compte pour rien au monde la lâcher. Une intense détermination l’habite au moment de renouer avec les beachbreaks landais.

Le Quiksilver Pro France s’apprête à débuter, tu es numéro un mondial… Comment se présente ce contest pour toi ?
Je n’ai jamais eu de gros résultats ici (une 3e place en 2014, ndlr). Sur cette compétition, tout se joue sur notre capacité d’adaptation aux conditions. On peut surfer des close-outs à La Gravière le matin, des longues droites au large l’après-midi, puis le lendemain se retrouver sur un bowl plein de jus à marée haute. Il faut savoir adapter sa stratégie et, surtout, ses planches. Ça doit être comme pour le golf : ce coup-là ? Un fer 6. Ce coup-ci ? Un putter. Je pense que tout est prêt pour moi de ce côté là. J’ai une quinzaine de planches de différents modèles sous la main.


Qu’est-ce que tu prendrais pour surfer 2 m 50 à La Gravière ?
Une 6’3, modèle Taco Grinder de chez Al Merrick. Mais je ne sais pas encore où le site du contest sera…

Ce sera à La Gravière !
Vraiment ? Trop cool ! J’espère que les bancs de sable ne vont pas bouger, ça change tellement vite en France… Je ne me souviens même pas de la dernière fois que j’ai fait une série là-bas, ça remonte. Mais tous les ans, j’y vais en freesurf. Ça va donner des séries compliquées, avec sûrement pas mal de vagues qui ferment, ce sera tout ou rien… Ça fera de beaux highlights à la fin de la journée !


Impossible de jouer la sécurité, il faudra encore se mettre en danger…
A chaque fois que tu repars au large, à chaque seconde d’une série, à chaque respiration, tu dois te battre. Il faut être à fond sur la pédale d’accélérateur ! Je ne peux pas me permettre une seconde de relâchement, de prendre le temps de regarder derrière moi… Je sens la meute de loups à mes trousses, qui souffle dans mon dos. Jusqu’à la cinquième ou sixième place, tous peuvent m’avoir ! On est tous à fond !

Comment décrirais-tu tes adversaires ?
Toledo, c’est l’acrobate. T’as l’impression d’être au cirque quand tu le vois ! C’est génial à regarder. C’est un peu la même chose avec John John Florence. Tu ne sais pas à quoi t’attendre et, pour être honnête, je dirais que c’est le meilleur surfeur actuel. Wilko, c’est le tueur silencieux. Il a tout le temps le sourire, il rigole mais il coupe des têtes ! Medina, c’est la machine. A chaque fois qu’il entre à l’eau pour une série, tu sais qu’il va mettre deux vagues à huit points sans même forcer. Une vraie machine !


Qui sera le plus dangereux pour toi ?
Je dirais Owen Wright. Parce que les trois dernières étapes lui conviennent très bien. Que ce soit à La Gravière, à Supertubos ou à Pipeline, il est très à l’aise et il a un bon coup à jouer sur cette fin de saison. Si on ne surfe que des tubes sur ces events, il risque de faire très mal.

C’est une année un peu bizarre sur le Tour, tu es le plus régulier mais tout le monde connaît des hauts et des bas. Comment expliques-tu ça ?
Je pense que le niveau de surf est juste incroyable ! A moins de mettre plus de 18 points dans chaque série, tu n’es jamais assuré de passer. Tous les surfeurs fracassent, le surf a atteint un niveau de performance incroyable cette saison. J’ai l’impression qu’on vit une saison superbe et je suis fier d’en faire partie. On arrive à combiner le talent, la technique et la régularité. En plus, tout le monde sait comment gagner, gérer une stratégie. Du premier au dernier, tout le monde est capable de tout. Regarde Ethan Ewing, il déchire ! Il prend des vagues à neuf points mais, pourtant, il est en fond de classement… C’est vraiment une année intense.


C’est beaucoup de pression ou beaucoup de fun ?
Du fun ! Et aussi un peu de pression quand même… Mais surtout vis-à-vis de moi-même car j’ai envie de réussir. Je veux tout donner, c’est ce qui me rend heureux.

Il y a 10 ans, presque à la même époque, tu venais de gagner le Lacanau Pro et tu étais 1er du QS… Maintenant, c’est sur le CT que tu mènes. C’est un processus lent et naturel ou tout va très vite ?
Un peu des deux… Dix ans peut sembler une longue période mais, finalement, on ne retient qu’une poignée de moments clés, quelques événements restent en mémoire et les autres disparaissent. C’est important de savoir prendre un peu de recul pour regarder nos vies différemment. C’est ce que ma blessure (en 2015, Jordy a raté la plupart de la saison à cause d’un genou en vrac, ndlr) m’a permis de faire : réaliser à quel point ma vie est cool ! Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles je suis performant cette année et que tout s’enchaîne bien.

Quel serait le scénario idéal sur cette fin de saison pour toi ?
Gagner les trois dernières compétitions ! C’est ce que je veux, rien de moins !

On est à Surf Snowdonia, le test event au Surf Ranch a marqué les esprits… Comment abordes-tu ces vagues artificielles et les possibilités qu’elles offrent ?
Je pense que ce n’est que le début. Il y a trois ans, peu de choses existaient et maintenant on hallucine sur ce qui en place. Imagine dans trois ans ce qu’on aura à disposition ! Ce sera incroyable. Je pense qu’il faut encore du temps à la technologie pour arriver à maturation. On va encore avoir beaucoup de surprises, genre un slab de 10 pieds complètement fou !


                                 Jordy Smith à Snowdonia le week-end dernier. 

Pour finir, est-ce que tu comptes te mettre dans la course pour participer aux jeux Olympiques de Tokyo ?
C’est un rêve ! Participer à cet événement au retentissement unique, être aux côtés de tous ces athlètes… Les JO, ça symbolise pour moi le sommet de la performance sportive. C’est vraiment un de mes objectifs que de faire ce qu’il faut pour me qualifier et appartenir à notre équipe nationale.


> Suivez Jordy Smith lors du Quiksilver Pro France, du 7 au 16 octobre.

> Toutes les news du Quik Pro et Roxy Pro.


Tags:



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*
*