Peter King, mister #TourNotes

Depuis presque trois ans, l'ex pro surfeur californien offre un regard fun sur le World Tour à travers les épisodes de sa web-série à succès intitulée #Tournotes. Rencontre entre deux prises de vue.

15/03/2016 par Romain Ferrand

« Le journaliste surf le plus puissant de la planète » : c’est en ces termes que Stab Mag présentait il y a quelques mois Peter King, alias “PK”, l’homme dernière la web-série #TourNotes dévoilant le quotidien du team Hurley sur le World Tour. Si l’intéressé balaye l’expression d’un revers de la main (« Je ne me vois pas comme un journaliste »), il est malgré tout aujourd’hui incontournable dans la sphère médiatique surf. Lui, ou plutôt ses clips web.

Depuis presque trois ans, le job de PK consiste à suivre, caméra au poing, la vie des riders Hurley pour la resituer dans des petites vidéos publiées sur YouTube. Des instants de vie plutôt fun, systématiquement repris par certains sites anglo-saxons et cumulant des milliers – parfois des centaines de milliers – de vues. Le concept n’est pourtant pas nouveau. Vu et revu dans le skate, il avait même été repris dans le surf par Belly – team manager monde Quiksilver – dès 2010 avec son Belly’s Blog. Une bonne série pourtant vite arrêtée. Il faut dire que les réseaux sociaux, outil de promo désormais indispensable, n’en étaient qu’à leurs débuts.

« Les TourNotes, c’est un peu un Instagram en format long », explique Peter King, qui partage le quotidien des dix athlètes Hurley présents sur le Tour : « Je fais ça pour les kids avant tout, ils rêvent de connaître l’envers du décor de la vie de leurs héros », avant d’ajouter, alors qu’on discute au premier étage d’une team-house Hurley à Hossegor : « On est souvent tous ensemble sur les étapes, c’est facile pour moi. Et il se passe toujours plein de trucs marrants avec eux ». En écho à ce qui vient de se dire, un énorme éclat de rire s’échappe de la terrasse arrière de la maison où sont regroupés certains des riders en question.

« Quand j’ai proposé cette idée à Hurley et qu’elle a été acceptée, je pensais que j’en ferais le tour rapidement. Mais il se passe des choses tous les jours ! En général, ce que je publie date du jour même ou des deux à trois jours précédents. Je n’ai pas de rythme imposé, j’attends juste d’avoir assez et matière. »

 

PRIORITÉ À L’INSTANT

La beauté de l’image ou l’esthétique des plans, le surfeur originaire de la Jolla (San Diego) s’en fiche. Ce qu’il cherche à saisir, ce sont ces petits moments de vie pour ensuite les diffuser rapidement sur le web : « Les clips TourNotes, c’est du consommable. Tu regardes, tu croques un bout et tu repars. Je veux vraiment montrer l’envers du décor, le lifestyle de ces gars pendant les compétitions ».

Un style de vie qui a bien changé depuis les années 80/90, époque à laquelle il a passé trois ans sur le Tour : « À mon époque, il y avait beaucoup de drogues, de bastons et de trucs bizarres. Mais plus maintenant. Les types aujourd’hui sont des athlètes, ils s’entraînent, ils sont tous potes ». Reconnaissant qu’un TourNotes aurait tout simplement été inenvisageable à son époque, il s’impose aujourd’hui quelques règles (« jamais d’images de mecs bourrés », par exemple) mais garde la main sur la totalité de ses clips jusqu’au final cut.

Et rien ne lui échappe. Il a en tout cas l’art d’être là au bon moment. L’affolant air 540° de Kelly au Portugal, c’est lui. L’hilarant “Bye Dad” de John John à Kelly à Tahiti aussi. Et malgré un arsenal vidéo impressionnant pour filmer de l’action (une Red, un Canon 7D Mark II, un Panasonic GH4, un camescope Sony ou encore une GoPro), c’est souvent avec son iPhone qu’il capture le plus de backstage. « Je suis le monteur le plus rapide au monde », se marre Peter. « Je ne shoote que ce que je vais publier ».

La preuve justement en octobre 2014 en marge du Rip Curl Pro Portugal où il filme presque par accident ce fameux 540° de Kelly. Convaincu qu’il tient là un scoop planétaire, il édite et uploade en un temps record la vidéo, mêlant action et réactions à chaud. Les réseaux sociaux et les média surf se sont chargés du reste, offrant une pub mondiale à la web-série et son créateur.

> Lire : Le jour où Peter King a cassé Internet

 

PLUS POPULAIRE QUE LES SURFEURS

De son passé de compétiteur, PK garde une connaissance indéniable du grand cirque qu’est le World Tour. Et un accès privilégié avec l’ensemble des surfeurs : « J’étais sur le Tour avec Dino, le père de Kolohe Andino et un paquet des coachs d’aujourd’hui ou certains commentateurs. Kelly, je le connais depuis plus de 20 ans, on a même fait un album de musique ensemble (The Surfers avec aussi Rob Machado en 1998, ndlr) ».

Cette proximité avec les surfeurs et d’ailleurs la plus grande force de ce solide gaillard qui a ses accès dans les vestiaires des compétitions comme dans n’importe quelle team-house. Aujourd’hui, TourNotes est une marque et Peter King lui-même se markete plutôt bien. Signe de cette renommée : son compte Instagram perso (@peterkinglajolla) compte plus de followers que celui de Brett Simpson, un des athlètes Hurley (« l’un des meilleurs devant la caméra ») qu’il met régulièrement en boîte depuis le début de la web-série.

Une caméra que PK devrait cette année encore trimballer sur tous les spots de la planète pour continuer à nous faire vivre par procuration la vie de pro surfer. Jolie reconversion.

#TourNotes en chiffres :

– Février 2013 : premier clip #TourNotes

– 70 : le nombre de clips publiés depuis le début de la série

– 47 : le nombre de printemps de Peter King

74 000 : le nombre de followers de PK sur Instagram (@peterkinglajolla)

915 000 : le nombre de vues sur le 540 de Kelly au Portugal. Le clip le plus vu de la série

> Retrouvez les épisodes #TourNotes sur YouTube + la chaîne Vimeo de Stab pour les derniers épisodes.


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4 commentaires

  • RD
    18 mars 2016 11h07

    Merci Gérard ! En tant qu’ex journaleux surf, je suis de plus en plus atterré par le sketch du circuit pro et des « observateurs » serviles canichoïdes qui gravitent autour, et autres commentateurs « publi-rédactionnels » faisant passer le monde du patinage artistique pour un club de punks à chiens. Écouter une itw post-heat de l’asp fait cependant remonter dans notre estime les footeux, ces sympathiques dysorthographiques ne connaissent en effet rien à la langue de bois à côté de nos surfistes pros qui n’ont pas le droit de parler de la notation des juges qui est toujours parfaite et puis c’est vrai que tout le monde il st beau il est gentil que je suis « stocked » que c’est trop bien tout ça. Bref j’ai le sentiment qu’on est nombreux à en avoir ras le ionf de cette absence totale de lucidité sur le surf pro, où la franchise est une maladie vénérienne et la réflexion un danger majeur.Mais restons optimiste : l’esprit du surf survit en marge du cirque asp et des circuits. Reste à ce qu’émerge une vraie généréation d evra&is journalistes surf, en France comme ailleurs, qui seront irrevérencieux, décalés, mal-élevés voire drogués (humour). d’ailleurs on dirait qu’il y a un léger mieux sur ce site depuis pas longtemps. Allez les gars dites des conneries un peu, grattez où ça fait mal, allez faire un tour backdoor, faites-nous rêver !

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  • gerard
    17 mars 2016 23h14

    Merci RD pour ton commentaire !!
    je suis 1000 fois d’accord avec toi ! quelle tristesse de voir ce qu’es devenu le surf aujourd ‘hui !!
    vive les archbold, gerlach, matt hoy ou meme curren !!
    maintenant on se tape des blaireaux devant leur panneaux publicitaires entrain d’énumérer en 3 langues leurs sponsors (qui sont les même que le tour de france d’ailleurs…)
    allez jeter un oeil sur les instagram d’adriano de souza, justine dupont ou autre kolohe andino pour ne citer qu’eux…. #ThanksRedBULL # ThanksAsutinMiniForTheBestCAr #ThanksOakleyForTheBestShadesInTheWorld
    bref, ça fait pitier….

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  • RD
    16 mars 2016 18h18

    A force de dire que le surf, qui se prétendait -déjà- clean, des années 90 était un circuit rock n’ roll avec bastons, drogues et même rock n’ roll (lol on pense à cet album de soupe musicale avec kelly et Machado)… on aimerait bien un jour que ces ex-keupons reconvertis en « messieurs propres » du surf « athlétique, gentil et très pro » des années 2010 nous lâchent un peu du croustillant sur cette époque bénie où les surfers étaient autre chose que des hommes-sandwichs connectés h24 sur fb ou instagram… avant qu’on ne les enterre avec leurs secrets. Mais vu que tous ces gars sont aujourd’hui devenus commentateurs plus lisses qu’une foufoune de porn star, team managers voire « journalistes » (argggghghh), bref des gros suceurs de l’industrie surf, on peut se gratter les poils pubiens et rêver qu’un jour le surf redevienne une contre-culture, un truc poil à gratter. Oui j’ai bien écrit une contre-culture. LOl. Allez au revoir.

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  • The Aloha Beast
    16 mars 2016 12h38

    C’est exactement ce qu’il manque dans les vidéos de surf habituelles: l’envers du décor. Depuis l’émergence des réseaux sociaux il y a quelques années, on a encore plus envie de savoir comment les surfeurs pros voyagent, comment ils occupent leur temps quand ils ne sont pas en compétition, connaître leurs hobbies, etc. Aujourd’hui, tout cela est rendu possible avec Twitter, Instagram, Snapchat. Pourquoi ne pas l’intégrer davantage dans les vidéos?

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