Stephen "Belly" Bell, Global Team Manager

Rencontre avec Stephen Bell, aka Belly, qui gère les riders internationaux du team Quiksilver, comme Kelly, Dane, Jérémy...

22/03/2012 par Romain Ferrand

Belly fait partie de ces “hommes de l’ombre” du World Tour, bien que vous avez sans doute pu voir son visage près du King sur de nombreuses photos de victoires. Cet Australien est depuis 11 ans le team manager du team international Quiksilver. Un job qui ne se limite pas à visser une casquette à logo sur la tête de ses riders à leur sortie de l’eau, loin de là. Rencontre :

Belly, peux-tu te présenter brièvement ?

J’ai 47 ans, je suis Australien et ça fait 27 ans que j’habite à Hossegor. Ca fait onze ans que je m’occupe de la team Quiksilver, et notamment du team international avec Jeremy (Flores, ndlr), Dane Reynolds, Kelly (Slater, ndlr) et Tiago (Pires, ndlr), tous les gars qui sont sur le Tour en fait. Je m’occupe de toute la logistique qu’il y a derrière ça, comme trouver les maisons et gérer la nourriture. Je fais en sorte en fait que la vie sur le Tour soit plus confortable, et que ça soit plus facile ensuite pour faire le relais entre les surfeurs, les boîtes de surf et les demandes de presse.

Tu dois être hyper sollicité par les médias pour avoir des interviews de Kelly, Dane ou Jeremy. Ca représente une bonne partie du boulot de filtrer les demandes ?

Oui, c’est sûr. En fait les gars ont tous des attachés de presse qui filtrent et passent par moi en premier pour les demandes, après on en discute et on choisit en fonction de l’importance. Comme ça il n’y a pas trente-six mille demandes qui viennent de tous les côtés. En plus de ça il y a aussi les demandes de la marque, qui fait son travail interne pour les catalogues, les photos, où les projets futurs. Je dois donc aussi gérer leur temps dans l’avenir et leur demander ce qu’ils veulent faire. On est un peu comme vous des fois !

« JE N’HÉSITE PAS A DIRE QUE C’EST UN PEU DU BABYSITTING »

Ton travail consiste aussi à les encadrer. Comment ça se passe exactement ?

Le titre c’est Global Team Manager, mais je n’hésite pas à dire que c’est un peu du babysitting. Cependant ce sont de grands gars, des professionnels. Ils sont au courant du fonctionnement. Je suis là pour faciliter leur vie avec toutes les demandes. Jeremy, par exemple, est très sollicité en France, comme Dane l’est aux USA et Tiago au Portugal. Chacun doit répondre à beaucoup de demandes dans son pays. Pour Kelly c’est un peu spécial, puisque c’est un peu partout. Mais j’ai accumulé beaucoup d’expérience avec lui ces douze dernières années, donc on sait à peu près ce qui va arriver.

Au niveau logistique, tu fais un repérage avant chaque épreuve ?

La plupart du temps je connais, donc chaque année j’essaye de me remémorer pour trouver quelque chose de bien et qui marche pour tout le monde. Chaque fois, par exemple, je trouve un cuisinier qui vient habiter avec nous. Ca revient moins cher que dans un restaurant, mais c’est aussi beaucoup mieux, parce que les gars mangent ce qu’ils veulent, le but étant qu’ils aient la vie la plus normale possible. C’est vraiment le but. Parce que le Tour, malgré tout, ça n’est pas vraiment quelque chose de normal. On ne sait jamais quand on va aller surfer pour la compète. Ce n’est pas comme le foot où tu peux tout faire pour arriver au maximum de ta forme le dimanche après-midi pour le match. Avec le surf on ne sait jamais quand on va surfer. Ca peut être demain ou dans quelques jours, donc il faut être prêt à tout moment. Et le mieux pour ça c’est d’avoir la vie la plus normale possible.

Quel est le minimum que ces gars demandent dans une maison maintenant ?

Un peu de place pour soi-même. Si tu connais les endroits, la plupart du temps c’est faisable. Avec un peu d’expérience, si tu batailles, tout est là. Tu trouves et tu mets tout en place. C’est tout. Avec douze années d’expérience maintenant j’ai mon réseau.

« TOUT LE MONDE LEUR DIT “OUI, OUI, OUI” TOUT LE TEMPS, MAIS MOI JE LEUR DIS PARFOIS “NON, ON NE FAIT PAS CA”. ILS N’ONT PAS L’HABITUDE QU’ON LEUR DISE SOUVENT NON »

Lequel de tous est le plus dur à gérer ?

C’est moi ! (rires) Non, ça va ils sont tous toujours très bien. Ils sont différents et ont tous de très grandes personnalités, parce que pour en arriver au stade où ils sont, il faut être une grande personne soi-même. Parfois, c’est sûr, c’est un peu égocentrique. Mais il le faut, car dans ce sport tout est pour soi-même. Il arrive parfois qu’ils aient quelques confrontations avec moi, mais c’est très rare et c’est normal. Tout le monde leur dit « oui, oui, oui » tout le temps, mais moi je leur dis parfois « non, on ne fais pas ça« . Ils n’ont pas vraiment l’habitude qu’on leur dise souvent non, mais je ne suis pas leur père non plus, ni leur coach. Je suis juste là pour les aider et les mettre en confiance, en utilisant tous les outils pour ça. Pour Jeremy par exemple, je travaille beaucoup avec Yannick Beven (professeur de Jiu-jitsu brésilien, entraîneur physique et frère de Patrick Beven, ndlr). Les gens qui sont dans leur entourage sont très importants, et apportent une grande aide. C’est la famille en quelque sorte.

Combien de semaines passes-tu chaque année sur la route avec ce boulot ?

Entre sept et huit mois. A côté de ça j’apprécie vraiment le temps que je passe à Hossegor. Mes liens avec la France sont très forts. J’ai une petite maison sur la plage aux Bourdaines (Seignosse, ndlr), j’ai le golf à côté, le surf et les copains. J’ai aussi mon outil de travail avec Euroglass, donc la France me manque parfois. L’Australie aussi, mais maintenant je suis un peu plus proche de la France. J’ai une petite amie qui vit un peu sur le Tour avec moi. C’est sûr que c’est dur de concilier une vie de famille avec le Tour. Mais son fils surfe aussi donc il nous suit de temps en temps sur le Tour. Pas tout le temps parce que je ne suis pas là pour moi, je suis là pour le boulot. Mais de temps en temps.

Je crois que tu es aussi un grand collectionneur des lycras de Kelly ?

Oui, mais uniquement quand il gagne ! Ça n’est pas vraiment pour moi, je les garde pour les magasins. Je ne sais pas exactement combien j’en ai, mais ça représente toutes ses victoires depuis ces cinq dernières années. Il me les réserve. Si vous passez chez Euroglass vous les verrez, ils sont tous là-bas.

« AVEC LES AUTRES TEAM MANAGERS ON ÉCHANGE, ON SE DONNE DES TUYAUX. IL FAUT TRAVAILLER ENSEMBLE »

On dit souvent que le Tour est une grande famille. Tu le ressens un peu comme ça aussi ?

Oui c’est sûr. Avec les autres team managers on échange, on se donne des tuyaux. Il faut travailler ensemble. Ce sont tous des bons gars et en effet, c’est une grande famille.

Quel est le plus grand moment que tu aies vécu sur le Tour ?

(Il réfléchit) Je crois que ça a été le septième titre de Kelly. Parce que ça lui a pris trois ou quatre ans pour revenir et récupérer son titre dans sa grande bataille avec Andy (Irons, ndlr). La structure était beaucoup plus petite à cette époque. Il voyageait tout seul, moi je venais de commencer quelques années avant, donc on n’était que tous les deux. Le septième et le huitième titre ont été les meilleurs années pour moi. Mais ils sont tous bons !

Est-ce que tu échangerais ce boulot pour un autre ?

Je vais bien finir ce boulot un jour ou l’autre, il va falloir que je passe le relais à un moment donné. A mon avis ça pourrait arriver plus rapidement que … (il se reprend) bon, je ne suis pas encore prêt, il me reste quelques bonnes années pour transmettre mon expérience aux plus jeunes…

Propos recueillis par Romain Ferrand


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1 commentaire

  • paul ciño
    22 mars 2012 18h50

    mm..Dane est le seul dont il donne le nom de famille. J’aimerai bien savoir quel rapport Dane entretien avec QS maintenant qu’il est hors du tour

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