Tendance : l’ère des planches en liège

Zoom sur un matériau 100 % naturel de plus en plus présent dans le shape.

04/04/2018 par Marc-Antoine Guet

Par Olivier Servaire

Dans la lignée du renouveau des planches en mousse et la mode des matériaux naturels, le liège fait désormais son apparition sur nos boards. Tendance de fond ou a-t-on poussé le bouchon ?

Disons le tout de suite il n’y a pas de planche 100% liège sur le marché. Pourquoi ? C’est avant tout une question de poids car « le liège est 8 fois plus lourd que le polystyrène qu’on utilise habituellement comme pain de mousse », nous explique Pierre Pomiers, le co-fondateur de NOTOX qui a fait pas mal d’expériences en la matière.

©Notox Surfboards

Pour pouvoir bénéficier de ses autres propriétés, le liège reste donc le plus souvent en surface de la planche. Il peut prendre la forme d’un simple pad, comme chez Wave Tribe où l’on a apprécié sa dimension écologique. Rappelons que le liège est un produit naturel que l’on peut récolter tous les 8 ans sans que le chêne n’en souffre.

Comme c’est une matière qui n’absorbe pas l’eau (et donc ne va pas pourrir), mais peut s’associer à toute sorte de résine, plusieurs shapeurs l’ont intégré à leurs productions.

©Rob Surfboards

Chez Rob SurfboardRobin Goffinet avait l’habitude de coller sur ses boards d’été des grips pour surfer sans wax et pouvoir laisser la planche sur la plage. Il explique que « remplacer l’EVA par du liège était une évolution naturelle, qui plus est dans l’ère du temps, même s’il vaut toujours mieux du toxique/durable que du écolo-bobo jetable ! ».

Justement chez Notox, l’option pad ou pont intégral en liège existe car ils ont pu constater que « ça évite de waxer, ça conserve la planche, et les planches équipées comme ça en 2011 n’ont pas bougé ».

Eux utilisent aussi un micro-sandwich de liège stratifié pour augmenter la densité du pont par rapport au lin qu’ils utilisent habituellement. Cette construction « greenK » va donc trouver sa place sur les guns ou les kites qui subissent régulièrement des enfoncements.

Chez Lost… on explique surtout l’intérêt du revêtement liège par la réduction des vibrations que l’on peut souvent ressentir dans des planches époxy. Leur construction C3 associe donc époxy, carbone, liège et résine, et Mason Ho semble apprécier ce mélange.

Pour avoir pratiqué l’association de ces différents matériaux, Robin Goffinet explique que « le collage sous vide avec le glass du pont permet une parfaite « fusion » entre le liège et la planche mais le process est assez complexe et demande beaucoup d’étapes pour assurer une parfaite stabilité/étanchéité/accroche de la board dans le temps. »

Pour lui la bonne surprise de sa première planche revêtue de liège a été la prise en eau quasi nulle, la sensation de « douceur » du liège au contact des pieds combinée à une construction « survitaminée » en carbone.

« Autre élément déclencheur », explique-t-il, « l’engouement actuel pour les planches en mousse. Surfer sans wax avec une planche dont les rails sont « naturellement » protégés… Plus de housse… plus de petits « pets » … le top ! »

C’est aussi ce qui pousse Notox à se lancer dans l’aventure d’une planche fun ou école, en mousse recto-verso. Leur prototype « Korko » se base sur un pain en polystyrène non stratifié (éventuellement raidi avec du composite de lin ou carbone recyclé) complètement entouré de liège. 

La piste portugaise

On ne peut pas conclure sans regarder ce qui se fait du côté du Portugal, pays responsable de 2/3 de la production mondiale de liège. On y trouve logiquement plusieurs shapeurs ayant utilisé le liège dans leur produits, que ce soit les bodyboards et les skates de Dodo Cork Boards , les fishs écolos de Celsus surfboards, ou les modèles de tow de Ferox Surfboards. Mais l’exemple le plus connu reste la board de tow-in utilisée à Nazaré par Garrett-McNamara. Dans un partenariat très médiatique, Polen Surfboards et Mercedes s’étaient associés pour produire cette planche unique et inaccessible.

© DR
Tout aussi luxueuses, les planches des espagnols de Richpeoplethings sont shapées à partir de bouchons recyclés associés avec de la cire d’abeille et des fibres naturelles. Un projet qui tient plus de l’oeuvre d’art que du shape traditionnel, mais disponible à la vente à partir de 3 500 euros. Sans doute un peu cher pour faire le bouchon au pic…    

 


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