Founder’s Cup : les avis diffèrent

Quelques jours après la fin de l'évènement, les avis semblent différer sur la toile

10/05/2018 par Charlotte Bartczak

La Founder’s Cup qui s’est déroulée ce week end au ranch du King Slater à Lemoore en Californie a fait s’élever des voix. Si certaines sont pour, (beaucoup) d’autres sont contre… Au point de se demander s’il faut vraiment continuer à promouvoir des compétitions sur des vagues parfaites.
Des surfeurs heureux

D’un côté, nous en avions déjà parlé, les surfeurs semblent avoir apprécié l’événement. Tous y sont allés de leurs petits commentaires, des caméras jusqu’à la toile :
En même temps, ce n’est pas tous les jours qu’on vous propose de surfer dans une aire de jeux où la vague est parfaite et qu’aucune contrainte de l’océan ne pointe le bout de son nez (requins, day off…) Et dans un sens, on ne peut pas trop leur en vouloir pour cela.
Un public mitigé

De l’autre côté, les spectateurs eux, ne savent pas trop quoi en penser. Certains étaient impatients d’y assister ou simplement heureux d’y être (en même temps au prix du billet…), pendant que d’autres se lamentaient de la lassitude que prenait la tournure de l’événement. 
Mais avant le début de l’event, sur Twitter, les fans semblaient s’impatienter de voir ce que la compétition allait donner :

Sur place, Dan Petty et Annika Dejong se sont confiés au micro de The Inertia
« Je devais voir ça. Depuis que Slater a commencé à parler de sa vague je me devais de voir ça. Ça a totalement dépassé mes attentes. (…) Je reviendrais » explique Dan qui a fait le voyage depuis San Francisco.
« C’est juste une journée sympa à passer avec la famille et voir mes enfants s’amuser c’est top. Ils sont venus pour voir ces gars juste devant eux donc ils adorent ça » commente Annika qui habite à quelques kilomètres de Lemoore.

Seulement, les avis sur la toile diffèrent complètement avec ce qu’ont pu ressentir les personnes présentes sur place. En effet, l’événement semble avoir fait un flop sur les réseaux, indignant même certains internautes
La plupart explique avec toute honnêteté qu’il s’agissait d’un événement lassant qui a complètement dénaturé l’esprit du sport, comme le fait remarquer cet internaute : 
« Je ne rate jamais un event du World Tour, depuis de nombreuses années, mais là j’ai tenu moins d’une heure. Pourtant j’attendais le retour de Slater depuis des mois… Cette piscine à vagues reste un « jouet » et dénature complètement l’esprit du surf. Je ne me risquerai plus à regarder. »
D’autres se sont focalisés sur la forme de l’événement en expliquant bien pourquoi celui-ci n’est pas aussi impressionnant que le reste du CT :
« Passé la nouveauté c’est super chiant à regarder…! On aimerait tous surfer la vague mais sans la stratégie des priorités et le choix des vagues ça enlève beaucoup d’intérêt pour une compétition. Mais ça peut-être bien pour les JO où le principe d’équité est super important. Peut-être que dans 10 ans il y aura des compétitions de surf en piscine et des compétitions « old school » dans l’océan. »

En terme de spectacle, la Founder’s Cup semble s’essouffler pour les internautes. En effet, comment noter des riders qui proposent presque tous les mêmes figures sur des vagues parfaites ? La question est en droit de se poser. 
Pour l’enseignant de sociologie et expert dans les sports de nature au Staps de Font Romeu, Bartczak Frédéric, cette dichotomie dans ces avis semble tout à fait évidente :
« Ce clivage se retrouve dans l’ensemble des activités de nature qui  se « sportivisent ». En d’autres termes, toutes les activités de nature qui en devenant des sports se trouvent confrontées à cette alternative : pratique physique ou sport. Dans le surf, se retrouvent ainsi d’un côté, les « puristes », qui regrettent cette artificialisation de la pratique et ce côté commercial, et de l’autre côté, les « sportifs », qui sont totalement aux anges et qui ont certainement adoré cet événement. D’un point de vue seulement sportif, cet événement répond à toutes les attentes du sport : égalité parfaite des concurrents, connaissance immédiate de la performance et de la note, domestication du lieu de pratique… C’est la voie royale pour une place incontournable pour les prochains JO… D’autant plus quand le CIO annonce vouloir rajeunir son public en proposant des sports individuels, « urbains » ou « naturels »  offrant  surtout une forte capacité d’attraction auprès des jeunes.»

Le paradoxe le plus surprenant reste toutefois le concepteur : Kelly Slater… Celui qui avait totalement rejeté le côté sportif en abandonnant la WSL pour ne rechercher que le plaisir des différents spots naturels. Celui-ci, en revenant à la compétition, devance les attentes du CIO et  propose maintenant la solution du futur afin que le surf devienne un sport olympique à part entière… 
Avis divisés, équité entre athlètes, grand spectacle et pratique dénaturée… Voilà ce qu’il faudra retenir de ce premier événement ouvert au public au ranch de Lemoore. Alors que l’heure est à la construction de nouvelles piscines à vagues et à la préparation des Jeux de Tokyo, la problématique sur la légitimité de ces piscines-là semble être primordiale.  

                                  


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6 commentaires

  • Piarrick
    15 mai 2018 23h01

    Effectivement, c’était assez lassant à regarder… Dans les lives en mer, on est en haleine parce qu’on veut savoir comment le surfeur va exploiter la vague, s’il l’a bien choisie… Parce que les vagues ne sont jamais les mêmes et que la qualité d’un surfeur loge dans sa capacité à en tirer le meilleur parti, le maximum de cette vague, même s’il ne fait pas un éventail de ses meilleures fioritures… Certes, les vagues de la piscine à vague sont presque parfaites. Mais c’est toujours la même, par conséquent, à long terme, ce sera toujours les même figures qui reviendront parce qu’on l’exploite au maximum et qu’on peut pas aller plus loin (même si on sait que des limites peuvent toujours être repoussée… Ca n’empêche pas une routine de s’installer)

    Pour ceux qui pensent que les piscines à vagues, c’est bien parce que ça permettra à ceux qui sont loin de l’océan de surfer, voire de désengorger les spots : il y aura juste encore plus de surfeurs, des urbains qui voudront à terme connaître le « vrai surf » dans l’océan, avec des vrais vagues. Sans compter que ceux qui surferont encore dans l’océan paraîtront plus « cool » que ceux qui surfent les piscines à vagues aux yeux de ces derniers, parce qu’il y aura toujours ce côté « pionnier », et pousserait ces derniers à faire de même et donc à se rendre sur les spots, dans l’océan.

    Le surf est assez « capitalisé » comme ça : les entreprises se sont emparées de cette pratique pour en faire leur business, même si cela lui a permis de se développer. Les piscines à vagues seraient seulement accessible aux plus aisés, puisqu’il faudra payer pour surfer ; or la magie de l’esprit surf, n’est-elle pas aussi dans l’accessibilité pour tous ? Un sport où on ne fait pas de différences entre riches, pauvres… Puisque chacun doit s’imposer pour prendre sa vague et que les règles sont les mêmes pour tous ? Le surf nous enseigne des valeurs fortes, comme le respect de l’autre par des règles officieuses comme les priorités, le respect de notre spot, de l’océan… choses qui n’auront plus lieu d’être si les piscines à vagues voient le jour : des règles écrites sur papier, ça va être l’usine, on perd le rapport avec la nature qui en était l’essence du surf. C’est dommage de profiter de la popularité et de la beauté de ce sport pour se faire de la thune.

    Enfin bon voilà, je suis conscient que ce que j’ai rédigé plus haut est discutable. Mais que cette métamorphose du monde du surf ne nous en fasse pas oublier ses sources. Le surf, c’est beau et bon putain !

    Bonne journée à vous 🙂 peace

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  • rai
    14 mai 2018 22h29

    Le surf c’est dans la mer. Le reste c’est du cirque et les JO la mafia… Peace

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  • SurferDave
    14 mai 2018 13h32

    Salut
    je rejoins les commentaires précédents. Pour moi c’est une autre activité ou un autre sport mais ce n’est plus du surf.
    Pas de rame, pas de canard, pas d’observation des séries, pas de placement par rapport au pic et aux concurrents.
    La vague est toujours la même, donc les routines s’installent et on est plus dans la démonstration gymnique.
    Par contre au niveau technique il faut reconnaître que c’est une prouesse.
    Alors pourquoi pas voir le surf en piscine comme un complément pour apprendre, pour le loisir loin de la mer, ou comme un spot de repli pour des compétitions?
    Mais à la base je surfe pour autre chose. J’aime sentir l’odeur de la mer, les embruns sur mon visage, entendre les oiseaux, croiser des poissons (sauf les requins). Même si c’est difficile, je préfère ramer, faire des canard, lutter contre le courant, ou me déplacer au gré de l’évolution du pic. Et que dire du choix de vagues? C’est ce qui fait la différence entre un surfer moyen et un waterman.
    Et là quand tu arrives à prendre un bonne vague et à bien la surfer tu es le plus heureux des hommes (femmes aussi!).
    Mais pour moi les piscines à vagues pour le surf c’est comme les spots de VTT indoor…
    Cela dépanne et ça peut être marrant si les conditions sont absentes mais ça ne remplace pas une session à la mer.
    Et puis c’est et sera toujours un sport outdoor…
    Keep surfing

    Répondre

  • glolo
    12 mai 2018 10h51

    J’aimerai beaucoup surfer cette vague, elle est incroyable. J’ai suivi avec beaucoup d’interrogation ce « spectacle » pour me faire une opinion. Ce n’est effectivement plus du surf mais un sport. Dans l’océan, le sens marin prime autant que le niveau. on est dans un environnement naturel et composer avec lui est en soit un chalenge. C’est là que les surfeurs les plus en phase avec la vague sortent du lot et c’est là que les amateurs apprécient la performance.
    Trouver un barrel alors que les vagues ne s’y prettent pas…chapeau. Faire un alley hop à la 11ème seconde de ride et un air reverse à la 45ème, pour moi c’est de l’acrobatie aquatique, rien de plus.
    Dans 5 ans ? La moitié des compets se feront dans les piscines à vagues. Les pros iront au Texas, au Qatar, dans tous les bassins qui auront mis les billets sur la table pour accueillir une étape. La wsl vendra des bonnets de piscine et les jeunes trouveront normal de payer pour surfer des vagues.
    Un circuit parallele se créera et pronera des compets sans maillot special clhore, dans l’océan. Même le ski (sport ô combien lucratif et populaire) n’a jamais imaginé des compets ailleurs que dans les montagnes) Comme pour le ski, il y aura les events officiels et les events « nature », freeride ou les riders font appel à toute leur connaissance du milieu, tout leur feeling, toute leur technique.
    Le surf n’a jamais été facile. Un bonne vague, une bonne sensation, s’est rare et ça se mérite. Maintenant c’est tout con, il suffit d’apprendre à se lever, la vague fait le reste. Cool non ? pour les JO apparement oui.
    Mais franchement, combien de surfeurs sont heureux de voir leur passion aux JO ? sorti des grandes marques de surf, des fédérations et de Slater, qui voit un intérêt à populariser encore plus une activité qui arrive déjà à saturation ?
    Des piscines à vagues, pourquoi pas….des compets du circuit majeurs dedans ? quelle perversion…
    Personnellement, je vais réfléchir un petit peu avant de débourser 8000 dollars pour assister à ce show et continuer à surfer des conditions souvent pourries au milieu des poissons et de l’air marin avec, parfois, une surprise, un trésor, un cadeau, une vague improbable qui fera monter mon taux d’adrenaline comme rien d’autre ne peut le faire et qui me fera rentrer chez moi avec une banane d’enfer.
    peace.

    Répondre

  • glolo
    12 mai 2018 10h51

    J’aimerai beaucoup surfer cette vague, elle est incroyable. J’ai suivi avec beaucoup d’interrogation ce « spectacle » pour me faire une opinion. Ce n’est effectivement plus du surf mais un sport. Dans l’océan, le sens marin prime autant que le niveau. on est dans un environnement naturel et composer avec lui est en soit un chalenge. C’est là que les surfeurs les plus en phase avec la vague sortent du lot et c’est là que les amateurs apprécient la performance.
    Trouver un barrel alors que les vagues ne s’y prettent pas…chapeau. Faire un alley hop à la 11ème seconde de ride et un air reverse à la 45ème, pour moi c’est de l’acrobatie aquatique, rien de plus.
    Dans 5 ans ? La moitié des compets se feront dans les piscines à vagues. Les pros iront au Texas, au Qatar, dans tous les bassins qui auront mis les billets sur la table pour accueillir une étape. La wsl vendra des bonnets de piscine et les jeunes trouveront normal de payer pour surfer des vagues.
    Un circuit parallele se créera et pronera des compets sans maillot special clhore, dans l’océan. Même le ski (sport ô combien lucratif et populaire) n’a jamais imaginé des compets ailleurs que dans les montagnes) Comme pour le ski, il y aura les events officiels et les events « nature », freeride ou les riders font appel à toute leur connaissance du milieu, tout leur feeling, toute leur technique.
    Le surf n’a jamais été facile. Un bonne vague, une bonne sensation, s’est rare et ça se mérite. Maintenant c’est tout con, il suffit d’apprendre à se lever, la vague fait le reste. Cool non ? pour les JO apparement oui.
    Mais franchement, combien de surfeurs sont heureux de voir leur passion aux JO ? sorti des grandes marques de surf, des fédérations et de Slater, qui voit un intérêt à populariser encore plus une activité qui arrive déjà à saturation ?
    Des piscines à vagues, pourquoi pas….des compets du circuit majeurs dedans ? quelle perversion…
    Personnellement, je vais réfléchir un petit peu avant de débourser 8000 dollars pour assister à ce show et continuer à surfer des conditions souvent pourries au milieu des poissons et de l’air marin avec parfois une surprise, un trésor, un cadeau, une vague improbable qui fera monter mon taux d’adrenaline comme rien d’autre qui me fera rentrer chez moi avec une banane d’enfer.
    peace.

    Répondre

  • Cloclo
    11 mai 2018 21h23

    Ceux qui disent que le surf dans l’océan n’est pas du sport ne sont a mes yeux ni sportifs ni surfeur ou ni même les deux.
    Le principe du surf est de savoir choisir des vagues, connaître l’élément (l’océan et non pas que la vague), savoir lire une vague, s’y adapter et la respecter. En plus en compétition rentre en jeu la notion de stratégie et de placement par rapport aux autres.
    L’équité est respectée dans l’océan. Chacun a les mêmes conditions de surf avec une planche et ses aptitudes.
    En gros la compète en bassine, tue 80% de de qu’est le surf et qui plus est le surf de compétition. C’est un gala de riche pour faire de l’argent et rendre la wsl bankable.
    Ceci ne tuera pas l’esprit du surf, car ça ce n’est pas reproductible.

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