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Back to the roots or jump to the next level ?

28/04/2011 par Romain Ferrand

En marge de la 50ème édition du Rip Curl Pro Bells Beach (remporté par un Joel Parkinson et une Sally Fitzgibbons en grande forme), la marque australienne a annoncé la destination du Pro Search 2011: ce sera San Francisco, et plus précisément la plage d’Ocean Beach.

Cette compétition, créée en 2005, alterne donc des destinations exotiques, comme la Réunion, Mexique, Bali, Portugal, Puerto Rico, et d’autres qui le sont (beaucoup) moins tels que le Chili et San Francisco.

Depuis que l’annonce a été faite, chacun y va de son commentaire: certains pensent que c’est une bonne chose, d’autres se demandent pourquoi le choix s’est porté sur San Francisco, d’autres encore n’émettent aucun avis (à lire ici, ici ou bien ici). Quoiqu’il en soit, on constate sur la plupart des sites et blogs spécialisés que les interrogations sont majoritaires. A juste titre car, depuis que l’on sait qu’une étape se tiendra à Rio (du 11 au 22 mai), qu’une autre se déroulera à New York (du 4 au 15 septembre) et qu’une troisième aura lieu à San Francisco (du 1er au 11 novembre), c’est à se demander si le championnat du monde mérite toujours son nom de Dream Tour.

Mais en fin de compte, qu’est-ce que le Dream Tour? Sur quels critères doit-on se baser pour dire que les surfers pros suivent le Dream Tour? Parle-t-on de destinations de rêves, d’eau chaude, de conditions idéales, d’animations du même acabit, etc.? Parce que si l’on réunit l’ensemble de ces critères, on se rend compte que c’est quasi impossible: les vagues parfaites de G-Land, Teahupo’o ou Tavarua compensent le manque d’animations (même si les pros sont souvent logés dans des conditions de rêve); d’un autre côté, des villes comme Huntington Beach offrent tout ce qu’il faut en termes de fêtes, d’à-côtés mais ne bénéficient pas de conditions idéales pour des compétitions de surf. A l’exception faite du North Shore, de la Gold Coast et, lorsque les conditions sont là, du Sud-Ouest de la France, peu de destinations peuvent se targuer de réunir les critères mentionnés plus haut.

Aujourd’hui, plus que jamais, les surfers pros ont des obligations vis-à-vis de leurs sponsors pour leurs publics: outre les traditionnels photoshoots pour les campagnes publicitaires, ils doivent se plier (bon an mal an) aux séances de dédicaces avec le public, faire acte de présence aux soirées et, depuis quelques mois, tenir un blog, voire un véritable website (en mettant régulièrement le contenu à jour). De nouvelles plate-formes apparaissent, comme le tout nouveau portail d’Orange dédié aux sports de glisse, Ride Sessions (Orange qui sponsorise entre autres Jérémy Flores et Miky Picon, tous deux affiliés à Quiksilver. Tiens d’ailleurs, Orange et Quiksilver… Y’aurait pas comme une synergie entre ces deux boîtes? ;)). Ces plate-formes, tout comme le réseaux sociaux que sont Twitter ou Facebook, visent à consolider ou à créer tout simplement la visibilité médiatique des riders pros autrement qu’à travers (ou plutôt, en complément) des médias traditionnels, comme Surf Session. L’utilisation du web permet ainsi de rendre les athlètes plus proches de leur public, plus accessibles.

Nombreux sont ceux qui critiquent le fait que certaines étapes du Dream Tour s’arrêtent à Rio, New York ou San Francisco (seulement 3 étapes sur les 11 que compte le Tour, quand même). Et je peux les comprendre: si les conditions ne sont pas optimales, les surfers pros ne vont pas assurer le spectacle (plus jeune, je « souffrais » de voir Sunny Garcia, Luke Egan ou Mickael Lowe batailler dans les petites vagues estivales d’Hossegor); le fric a pourri l’esprit du surf, etc.

Mais je me pense que c’est plutôt une bonne chose que d’organiser ces 3 étapes dans ces grandes villes. Pour quelles raisons? Les voici:

1/ De grosses marques comme Nike ou Orange investissent le milieu de la glisse et, jusqu’à présent, ne cherchent pas à s’imposer. Au contraire, elles en assimilent les codes, collaborent avec les principaux acteurs (les athlètes) pour l’emmener vers un autre niveau. En bien ou en mal? Je ne sais pas, seul l’avenir nous le dira. Mais ce n’est pas en adoptant une attitude passéiste que l’on fera évoluer les choses. Au contraire, on subirait et ça serait pire. Je suis favorable à l’arrivée de ces marques à condition qu’elles prennent la peine d’impliquer les principaux intéressés, ce qui est, pour le moment, le cas. Ensuite, brader l’image du surf pour plaire au plus grand nombre, perdre en authenticité ou s’approprier celle-ci à des fins contraires aux valeurs du surf, non merci.

2/ Depuis une vingtaine d’années, nous vivons la démocratisation du surf, mais, contrairement au football ou au basketball, le sport des rois hawaiiens ne sera pas amené à être pratiqué régulièrement par des millions de personnes. Pour la simple et bonne raison que, hormis les vacances d’été, ces millions de personnes n’ont pas forcément accès à la mer ou à l’océan. Il convient donc de leur apporter un tant soit peu de spectacle lorsqu’elles sont en vacances à Hossegor, Lacanau, etc., de leur montrer ce qu’est le surf autrement que sur Internet (oui, c’est fabuleux de suivre les compéts’ en streaming, mais ça ne vaudra jamais de VIVRE une compét’ sur place). Cela favorise également l’interaction entre les pros et les gamins de 8 ans, les groupies de 18 ans (ou plus) et les vieux (dont je vais bientôt faire partie) qui se rappellent qu’à une époque, ils étaient à la place des plus jeunes…

3/ Avec le Dream Tour, on parle de championnat du monde. Et, je ne sais pas vous, mais moi, un surfer pro qui est couronné au terme de 11 étapes dans des vagues parfaites, ça me laisserait sur ma faim. Parce que le champion du monde doit être capable d’enfiler des barrels à Teahupo’o, comme il doit savoir taper des rollers à midi (et pas des « essuie-glaces ») dans des contions pourries.

En conclusion, il y aura toujours des pour et des contre. Mais si ça ne marche pas cette année (pour une raison ou pour une autre), il faudra prévoir des changements pour la saison prochaine. Comme cela avait notamment été le cas avec la suppression du calendrier du championnat du monde des étapes de Biarritz et de Lacanau et le décalage de l’épreuve d’Hossegor/Seignosse en septembre.

Le monde du surf est en pleine évolution et ses principaux acteurs doivent s’impliquer en collaborant avec les marques, en ayant le rôle de gardes-fou afin d’empêcher toute dérive. Il faut qu’ils prennent le train en marche. Sinon, ils perdront le contrôle de leur propre sport et, par conséquent, de leur propre destinée.

Retrouvez les billets de Blogosurf sur son blog (blogosurf.posterous.com) ainsi que sur Twitter (http://twitter.com/BlogoSurf)


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