Baston à Maurice : les locaux défendent leur version.

Les surfeurs de Tamarin réfutent avoir frappé un gamin, mais revendiquent le localisme.

22/07/2018 par Olivier Servaire

Il y a une semaine nous relations l’histoire du surfeur
sud-africain Kyle Kahn qui racontait avoir été agressé avec son fils lors d’une session à l’île Maurice. Etant donné la longue histoire de
tensions sur le spot de Tamarin Bay et vu
la tronche du gars après la baston, son récit paraissait assez crédible. Mais entre de nombreux commentaires confirmant que les locaux étaient généralement peu accueillants,
d’autres nous disaient que ça ne s’était pas passé comme ça. Le mec aurait-il juste pris une porte ? Si Surf Session ne peut pas prétendre prendre la place des juges, on se disait que ça vaudrait le le coup d’écouter toutes les versions de l’affaire.

Ça tombe bien, dans un message privé, une certaine Émma (nom modifié) voulait remettre les choses au
clair : « Vous avez écrit un article de toute évidence basée
sur une VIDÉO MENSONGÈRE. Ce Sud-af frustré et narcissique a menti en bloc !
JAMAIS personne n’a levé la main sur son gosse ! Aussi,  sachez que le SUD Af a littéralement attaqué
au pied et JUSQU’AU SANG un surfeur qui n’a pas fait tout un patacaisse comme
ce sale menteur. 
»

Elle renvoie sur le
témoignage d’Aurélie
. A l’eau ce jour-là, elle raconte que Kyle cherchait à prendre trop de vagues, et que les enfants étaient sur la trajectoire des surfeurs.

LA VERSION DES LOCAUX

En suivant le fil des commentaires Facebook, on constate effectivement que la communauté des surfeurs
de Tamarin
se serre les coudes et que leurs témoignages concordent : « C’est faux !
L’enfant n’a pas été frappé et le papa s’est comporté comme un animal
» dit-un surfeur. « Plusieurs personnes ont
demandé à cet homme de descendre plus bas ce jour-là. Et c’est LUI qui a
envoyé le premier coup
sur un mauricien en réponse. Sa vidéo est mensongère.
Aucun enfant n’a reçu de coup.
» raconte un autre.

Trois autres locaux à l’eau ce jour-là en rajoutent : « Je
lui ai dit gentiment de descendre plus bas parce qu’il sait pas surfer
. Et c’est
lui qui a commencé à nous dire des gros mots en anglais.
 »


 « J’étais là et je t’ai vu envoyer le
premier coup. Tu as eu ce que tu méritais et c’était un combat honnête (un
contre un). Raconte l’histoire complète stp, surtout le moment où tu as essayé
de noyer le local et a mordu sa jambe. Ton erreur était de surfer trop haut
avec une bande de gamins, tu pourrissais le spot. Quand on t’a demandé de
redescendre tu t’es conduit comme si le spot t’appartenait. Que croyais tu
qu’il allait se passer ? Tu dis que ton gamin s’est fait frapper ? Et
s’il avait juste été heurté accidentellement
parce que tu lui as demandé ainsi
qu’à tous ses amis de remonter vers le pic ? Chaque fois qu’un surfeur
prenait une vague il devait faire attention à ne pas heurter ton groupe de
gamin !
 »

 « J’étais
là et j’ai vu ce qui s’est passé. Ce mec a ignoré toutes les règles (alors
qu’il les connait), a ramé vers des gens, a juré, tenté de les intimider et les
a même menacé. Le ton est monté et un surfeur et lui ont commencé à se pousser.
Il a mordu l’autre gars qui a ensuite répondu par deux coups de poings
. »

Interviewé par un des locaux, un sud-africain de 12 ans assure aussi qu’on ne tape pas les enfants à Tamarin, même si on lui demande souvent de surfer plus bas sur la vague.

KYLE KAHN MAINTIENT SES PROPOS

Le sud-Africain a répondu a
certains de ces messages :  « le
mec qui surfait au milieu des gens et prenait trop de vagues est un gars que je
connais. Il a fini par sortir mais avait énervé tout le monde. Je comprends
qu’il y a plein de gamins à l’inside, certains sont de bons petits surfeurs,
mais ils ne peuvent pas monter au pic car on leur demande de rester plus bas.Mon fils n’a pas été frappé parce qu’il était sur le chemin, mais parce qu’il
avait une planche rose et une caméra
. C’était un petit jour sympa, pas besoin
de s’en prendre à un mineur. Je suis impatient de resurfer avec vous et parler
de manière respectueuse ».

Un de ses amis va dans son sens: «  J’étais à l’eau avec Kyle ce
jour là.
Je n’ai jamais vu une telle agression de ma vie. Ça va bien plus loin
que du localisme c’était un comportement humain ignoble. Kyle n’a rien fait de
mal ce jour-là
. Il respectait les locaux et parlait avec eux. Il n’a pas mal
agi ou fait quoi que ce soit pour provoquer l’affrontement. Mais
il ne s’est
pas laissé faire et c’est normal.
 »

La femme de Kyle maintient
que le petit s’est fait frapper
, et qu’à une autre occasion lui et ses amis ont
été menacés de se faire planter s’ils ne sortaient pas de l’eau.

Quand en réaction quelqu’un propose d’envahir le spot, de boycotter les commerces des locaux, de s’armer, ou d’organiser une expédition punitive, les Kahn suppriment ces messages et affirment « Tout ce qu’on veut c’est pourvoir surfer, en sécurité ».

En revanche Kyle a porté plainte et a également lancé une cagnotte de récolte de fonds pour pouvoir donner une suite légale à ce
dépôt de plainte.

UN LOCALISME ASSUME

Si les locaux affirment ne pas frapper d’enfants, ils confirment vouloir garder pour eux le spot de Dalle (la bonne gauche de Tamarin). Aggression non, mais localisme oui revendiquent les locaux comme Emma : « Il est VRAI qu’il y a du localisme à Maurice et HEUREUSEMENT ! Hors de
question que notre île ressemble à Bali
. De toute façon Maurice n’est pas une
destination surf, il faut arrêter avec cela. Nous avons peu de vagues et un
grand nombre, croissant du reste, de surfers locaux. Parfois nous ridons à 50
sur Dal… qu’entre locaux… alors que des Sud Af qui veulent faire débuter
leurs gamins viennent au pic c’est juste du délire. 
».

Elle nous renvoie
aussi sur un article justifiant le localisme par un besoin de hiérarchie pour
éviter l’anarchie et limiter le danger sur ce spot paradisiaque.

Une publication partagée par Steve (@steevef73) le

Sur les réseaux un autre
local est plus direct : « Tu viens surfer à Maurice, tu me serre la
main avant de te mettre à l’eau, tu me demandes si tu peux venir surfer. Laisse
les locaux surfer. S’ils te disent que c’est trop gros pour ton niveau de surf,
tu obéis et tu bouges. Ils te disent de ne pas venir avec une planche en mousse
car tu gènes tout le monde, tu écoutes. 
»

Quand son interlocuteur lui fait remarquer
que l’océan est à tout le monde et qu’on n’a pas à demander son autorisation il
répond : « On a plus de droits que les autres. La mer n’appartient
pas à tout le monde, c’est d’abord notre terrain de jeu à nous, mauriciens. On
joue d’abord, vous prenez ce qui reste. Aucun avocat, aucune autorité ne peut contrôler
cela
. S’il y a un terrain de foot dans un village, les habitants de ce village
ont plus le droit l’utiliser
 ».

Mais ce localisme passe parfois mal dans une île qui profite
largement du tourisme
et des investissements étrangers.  « Alors les touristes sont bienvenus sur
terre et pas dans l’eau ?
 » s’interroge un visiteur. Un autre ajoute
que « certains de ces white shorts sont dans l’industrie du tourisme mais
traitent les touristes (et certains résidents) comme ça…
 ». Un local fait même
remarquer à ses compatriotes le paradoxe de louer ses maison et d’interdire le spot.
Et au final même « Emma » le reconnait : « ce qui nous arrive est
terrible pour l’industrie du tourisme
 »…

Alors même s’il est difficile de savoir exactement ce qui s’est passé le 22 juin, le localisme pose toujours problème à Tamarin, et on voit bien que la violence n’arrange rien.

                           

           



1 commentaire

  • Cloclo
    22 juillet 2018 18h40

    « Mieux vaut mettre son intelligence au profits de conneries, que sa connerie aux profits de choses intelligentes. » les shadoks

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