L’évolution Kai Lenny

Des airs, des turns, à la rame ou en tow-in, Kai Lenny a donné ce week-end une autre dimension au surf de gros.

14/11/2016 par Baptiste Levrier

Vous avez forcément vu la vidéo de Kai Lenny replaquant ce gros frontside air à Jaws lors d’une session en surf tracté. Mais au-delà de ce move, c’est l’ensemble des performances récentes du polyvalent hawaïen à Jaws qui a retenu notre attention. Que ce soit en tow-in, avec des turns rarement vus sur des vagues de cette taille, ou à la rame lors du Pe’ahi Challenge, le surfeur de Maui bouscule le champ des possibles. Dans une interview qu’il nous avait accordé l’hiver dernier et parue dans le Surf Session n°344 (mai 2016), Kai évoquait ce désir de surf haute-performance dans les grosses vagues. L’écho parfait des récentes sessions du surfeur hawaïen.

Quel est ton avis sur le débat tow-in contre surf à la rame ?

C’est surtout une histoire de mode. Avant l’arrivée du tow-in, le surf de grosses vagues à la rame avait atteint ses limites. Le matériel ne permettait pas d’aller plus loin, de surfer plus gros. Avec le tow-in, on a franchi une nouvelle étape tout en atteignant rapidement de nouvelles limites. C’est alors que le surf à la rame, aidé par des nouvelles technologies, est redevenu le nouveau challenge. Aujourd’hui, on part sur des vagues qui nous semblaient inatteignables avant. Je pense que les choses vont évoluer de nouveau, le tow-in va revenir en force pour nous permettre de surfer des grosses vagues d’une façon très performante. Qui pourra mettre des top-turns ou des airs dans ces vagues géantes ? Qui sera capable de surfer comme si c’était petit ? Il n’y a rien de mal à ça, il y a de la place pour tout le monde. Mais je trouve qu’il n’y a pas de meilleur sentiment que de partir à la rame sur une grosse vague, se jeter dans le tube et en ressortir. En tow-in, j’ai l’impression d’être un snowboarder sur une montagne. Je peux faire des tricks et des turns. Le challenge, c’est d’être performant, pas de prendre la vague. À la rame, il s’agit d’abord de survivre au chaos et d’arriver à être au bon endroit au bon moment.

Le tow-in va revenir en force pour nous permettre de surfer des grosses vagues d’une façon très performante. Qui pourra mettre des top-turns ou des airs dans ces vagues géantes ? Qui sera capable de surfer comme si c’était petit ?

Que penses-tu du développement de la sécurité dans le surf de gros ?

Clairement, sans la technologie, on n’en serait pas là. Les jets-skis, les vestes gonflables contribuent à la performance : moins penser aux conséquences pour être plus relax. Je m’engage beaucoup plus en sachant que j’ai des options de secours. Mais quand je vais à l’eau, je me sens physiquement capable d’affronter les conditions et de m’en sortir, le cas échéant, sans le jet-ski ni ma veste. Je prends des risques calculés. C’est comme le leash, c’est juste un accessoire plus pratique même si ça ne fait pas de toi un meilleur surfeur. S’il n’y a pas plus d’accidents à Jaws, c’est que la sécurité y est devenue très au point. En plus, le spot est comme une arène, quand tu ramasses, tout le monde peut te voir. À part si le jet-ski te rate ou si ta veste ne fonctionne pas, il n’y a pas de raison de mourir à Jaws. Et j’espère que ça n’arrivera jamais.

Pourquoi un tel engouement pour le surf de gros, aujourd’hui ?

C’est probablement une tendance en ce moment, oui. Mais, dans mon contexte, qui est de surfer à Maui et de côtoyer Jaws depuis toujours, je l’envisage différemment. J’ai eu le privilège de grandir à Maui et je n’ai jamais cherché à surfer là-bas pour acquérir de la notoriété, apparaître en photo ou dans des vidéos. Au mieux, elles me servent à refaire le film de ma session pour progresser. Chasser des grosses vagues est une expérience spirituelle et un moment très intense, rien de plus. Ce n’est pas mon boulot, ça fait partie de moi, et j’ai déjà surfé à Jaws en solo, sans photographe. Le surf de gros est devenu une mode que je comprends totalement. Quand tu vois un mec prendre une vague énorme, tu veux faire pareil. Le risque c’est de seulement vouloir la gloire, une belle photo, un trophée aux XXL Awards. Là, ça devient dangereux : un mauvais wipe-out et tout est fichu. Est-ce que ça vaut vraiment le coup de faire tout ça pour une photo ? Je ne crois pas. Il faut savoir être patient, franchir les étapes les unes après les autres. Il y aura toujours des grosses vagues, Jaws sera toujours là, pourquoi se presser ? Moi, je ne veux pas surfer des grosses vagues parce que c’est à la mode, je veux que ça soit ma vie, et au moins pour les trente prochaines années. J’adore ça et j’ai l’impression d’avoir encore une marge de man? »uvre pour m’améliorer. Je veux me prouver que je suis capable de faire des choses que je n’imaginais pas pouvoir faire.

– Session en tow-in du 11 novembre :

– Mais le surdoué ne s’arrête pas là et c’est aussi sa performance lors du Pe’ahi Challenge qui est à mettre en perspective. S’il n’a pas atteint la finale, Kai s’est fait remarquer en plaçant encore une fois de gros turns, malgré son gun sous les pieds.

Pas vraiment récompensé pour cette approche lors de la compétition, Kai aura eu le mérite de tenter des choses nouvelles. Et on a hâte d’en voir plus, d’autant que l’hiver ne fait que commencer !

Vidéos : WSL


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