Grande America : a-t-on vraiment évité une marée noire ?

1 mois après, il ne reste plus qu'un seul navire anti-pollution sur place.

10/04/2019 par Marc-Antoine Guet

C’était le 12 mars dernier. Le Grande America, navire italien en provenance de Hambourg devait se rendre à Casablanca quand un incendie se déclarait à son bord, envoyant le navire à 4 600 mètres de fond à 333 km au large de La Rochelle.   

24h après, les autorités ainsi que la Préfecture mettaient en garde contre un risque de marée noire. Des nappes d’hydrocarbures ayant été localisées à la surface de l’épave. Mais si dans un premier temps les craintes planaient sur la face de la CharenteMaritime et de la Gironde, les courants et conditions météorologique ont progressivement fait dévier cette pollution plus au sud, pour finalement prendre la direction des côtes espagnoles. Depuis ? Peu ou plus de nouvelles. 

Un risque toujours bien présent

« Une marée noire est une pollution maritime par des hydrocarbures, donc que cette pollution arrive jusqu’à la terre ou pas, on est en état de marée noire », a précisé Jérôme Pensu, coordinateur « marées noires » pour Sea Shepherd lorsqu’il fut interrogé pas nos confrères de chez LCI. 


Pour rappel, les conteneurs qui ont coulé transportaient 62 tonnes de résine, 16 tonnes de substitut de térébenthine (White Spirit), 720 tonnes d’acide chlorhydrique, 25 tonnes de fongicides, 9 tonnes d’aérosol ainsi que 85 tonnes d’hydrogénosulfure de sodium, utilisé notamment dans l’industrie du cuir.

Parmi les matières considérées comme non dangereuses se trouvaient 5 conteneurs de lubrifiants, 2 tonnes de pneus, 18 tonnes d’engrais ou encore 24 conteneurs d’acier. Sur les 2 100 véhicules transportés, le chargement contenait 190 poids lourds, 22 bus et 64 engins de chantier.   

Un seul navire anti-pollution encore sur place

Mais mardi dernier, le 2 avril, la Préfecture maritime de l’Atlantique déclarait qu’un seul navire anti-pollution restait sur place, sur la dizaine mis à disposition. Les autres bâtiments ayant quitté la zone du naufrage et rejoint la côte. La raison ? « En dépit de très bonnes conditions de mer et de visibilité sur le Golfe de Gascogne, cela fait maintenant plusieurs jours que ni les observations satellitaires, ni les vols d’observations, ni même les drones n’ont localisé de pollution significative dans les zones du front avant ».


A ce jour, c’est plusieurs dizaines de tonnes de fioul lourd sous forme solide et plusieurs centaines de tonnes d’eau polluée par des hydrocarbures qui ont pu être récupérées, et acheminées au port de la Rochelle pour traitement. La Préfecture prévient pourtant que « le fait que nous ne localisons plus de zones de pollution sur le front avant depuis plusieurs jours ne signifie pas pour autant qu’elles aient entièrement disparu. »

Pourquoi alors les navires battent-ils en retraite ? « Car la pollution restante n’est plus détectée en surface et ne peut donc plus être traitée par le dispositif de nettoyage actuel » nous apprend LCI

Une pollution moins visible

Francois de Rugy, ministre de la Transition écologique a quant à lui déclaré mardi dernier à l’Assemblée que si l’on « ne peut pas dire que le risque de pollution à terre a totalement disparu, (…) il sera sans doute réduit à des boulettes, à des petites galettes de fioul dont on ne peut pas encore prédire ni quand ni où elles arriveraient sur nos côtes ». Sauvé ? Pas si simple. 

Si les plages françaises vont dans l’ensemble et de manière générale être épargnées, la pollution, elle, reste bien présente. L’impact sur la vie marine à long terme va être menacé et la menace est désormais celle d’une pollution moins visible. Qui dit moins visible, dit moins couverte médiatiquement. Et ça, ce n’est pas forcément rassurant. 

>> Photo à la une : @wistomsin

                   


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1 commentaire

  • biz
    10 avril 2019 23h39

    c 400usd pour un container qui parcours 10000km horizontal
    c est combien pour 4,3km vertical?

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