Tournage de Point Break à Teahupoo : Tim McKenna raconte

Photos et récits exclusifs (et impressionnants) du tournage début septembre lors du plus beau swell de l'année sur le spot.

20/10/2014 par Romain Ferrand

Photographe de surf mondialement reconnu, Tim McKenna collabore aussi régulièrement avec l’industrie du cinéma, qui fait appel à lui lors des tournages qui se déroulent à Tahiti. Il a notamment travaillé sur de nombreux spots publicitaires (Apple, Visa, Colgate…) et divers films de surf (Blue Horizon, Step Into Liquid…)

Mais sa plus grosse expérience reste le tournage du remake de Point Break à Teahupoo début septembre, où il avait en charge la coordination de toute la flotte de bateaux et d’engins sur l’eau.

Comment gère-t-on un tournage hollywoodien sur l’un des spots les plus dangereux de la planète, et avec le plus solide swell de l’année ?

Tim raconte :

CONDITIONS DE TOURNAGE :

“C’était le plus beau swell de l’année : 12 pieds et plus, glassy, du  beau temps, très peu d’embruns ou de souffle. Il y avait très peu de surfeurs au line-up, juste quelques bodyboardeurs et Manoa et Matahi Drollet en tow-in en plus des deux équipes de Point Break (Laurie Towner, Dylan Longbottom, Albee Layer, Billy Kempe, Tikanui Smith, Tuhiti Richmond, Bruce Irons)”.

Le réalisateur voulait absolument une vague surfée à deux à Teahupoo. Certains big-wave riders – dont je tairai le nom – ont refusé le tournage estimant l’action trop risquée.”

ORGANISATION :

Il y avait deux tournages de prévu, mais ils se sont télescopés avec l’arrivée inattendue de ce swell. Le tournage de la « Main Unit » avec le réalisateur principal du film et les acteurs Luke Bracie (Johnny Utah) et Edgar Ramirez (Bodhi) et les scènes d’action de surf.

La Main unit est une usine à gaz, il y a beaucoup de monde, dont une dizaine de personnes pour chaque acteur (agent, coach sportif, maquilleuse, nutritionniste, etc.).

Les dates du premier tournage étaient fixées depuis longtemps et on devait reconstituer des scènes qui devaient rappeler le chenal de Teahupoo par très grosse houle. Nous avons fait une reconstitution un jour sans vagues pour limiter les risques et tourner les scènes de dialogues. Les grosses vagues seraient ensuite incrustées par effets spéciaux.

Un deuxième tournage était prévu plus tard dans l’année sur une houle de tow-in pour filmer toutes les scènes d’action surf avec des doublures. Cette partie devait être effectuée par la “Second Unit”, une équipe spécialisée dans le surf  ou les images sous-marines.

C’est le réalisateur Phil Boston – qui avait déjà ce poste sur Chasing Mavericks – qui a dirigé l’équipe avec Don King. Son rôle était de s’assurer que toutes les scènes de surf soient crédibles et parlent autant au spectateur lambda qu’au public “core”. D’où certaines prises de risque lors des prises de vue sur le swell. Ericson Core, le réalisateur principal du film, s’est entouré des meilleurs dans chaque discipline : surf, snow, motocross, wingsuit, etc.

Il se trouve que la houle de tow-in est arrivée exactement pendant le tournage principal, ce qui a causé un sacré rush de production et quelques migraines. Mais cela a aussi multiplié les moyens en termes de matériel et d’équipe mis à notre disposition pour filmer les jours de tow-in.”

MATOS :

“Les deux jours de gros, il y avait au minimum 11 caméras au line-up, toutes reliées par signal sans fil pour que les deux réalisateurs puissent visionner en temps réel les images dans un bateau sur le spot. Il y avait quelques caméras Red Epic, mais principalement des Red Dragon, avec des systèmes de stabilisation Libra Head , Perfect Horizon, Flight Head ouShotover.

Il y avait aussi 2 caméras en l’air : 1 dans un drone à moteur essence et 1 autre dans un vrai hélicoptère. Mais aussi 1 caméra sur une grue dans la passe, 6 caméras sur les bateaux dans le chenal, 1 sur un jetski, 1 sur un jetboat et 1 dans l’eau.

Raimana (Van Bastolaer, ndlr) a géré la watersafety avec Brian Keaulana.

Raimana et Laird (Hamilton, ndlr) étaient les pilotes des doublures qui devaient prendre des vagues à 2 à Teahupoo.

Ce jour-là, la prod avait 18 bateaux sur le spot, mais aussi 17 jetskis, un hélico, un drone, peut-être 90 personnes sur le spot et plus de 150 mobilisés sur Tahiti. Le village de Teahupoo tournait à fond, les pensions étaient toutes pleines”

LE RÔLE DE TIM SUR LE TOURNAGE :

“J’étais « Marine Coordinator« , c’ est-à-dire que j’étais responsable de la coordination de toute la flotte de bateaux et d’engins qui se trouvaient sur l’eau. J’étais perché sur le toit du bateau de Georges Riou (le père d’Alain, ndlr) avec une bonne vision de toute la zone.

J’avais 2 téléphones, un talkie branché sur le canal des A.D (assistant directeur) et un autre sur le canal “Marine” en contact direct avec tous les capitaines de bateaux et les jetskis.

J’avais en plus un assistant de production sur le quai, et un autre sur le bateau des réalisateurs et franchement, ce n’était pas du luxe pour répondre aux besoins de tout le monde !

C’était une situation plutôt surréaliste. Je suis content qu’ils aient pu faire des images incroyables sans qu’il y ait de gros soucis. C’est impressionnant et motivant de voir des équipes aussi professionnelles avec autant de moyens.”

INCIDENTS DE TOURNAGE :

“L’ accident de Laurie (Towner, blessé à la tête lors d’un violent wipe-out) survenu dans la première heure du tournage a mis un froid, d’autant qu’il y a eu un peu de confusion dans les minutes qui ont suivi, des jets retournés etc. Ça sentait la panique et j’ai hésité à interrompre le tournage le temps que ça se calme un peu. Mais tout est rentré dans l’ordre dans les minutes qui ont suivi et l’ambiance s’est relâchée au fur et à mesure que nous avions des infos rassurantes de Laurie.

Il y a aussi eu 2 jets-skis retournés. Un technicien a retourné celui de Poto (Vetea David, ndlr) en voulant réparer la liaison sans fil et a coulé un système Libra Head avec une Dragon. C’est le seul gros dégât de la prod, et une perte estimée entre 250 000 et 500 000$. Autant dire une broutille pour l’assurance du film ! Dans les scènes d’action de Chasing Mavericks, ils ont coulé 5 ou 6 caméras. Mais ce n’est rien pour eux, et c’est le prix à payer pour avoir des images au plus près de l’action.”

SON AVIS SUR LE FILM :

“Les scènes d’action seront sans doute parmi les plus folles jamais vues au cinéma. On va en prendre plein la tronche. Le budget du film approche les 140 millions de dollars, c’est un gros blockbuster hollywoodien (“James Bond : Casino Royale” avait coûté 150 milllions de dollars, ndlr). Niveau sports d’action, c’est un film qui fera date, c’est sûr.”

Point Break, le remake. Sortir prévue en juillet 2015.

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