Harpo Marx a-t-il surfé en France en 1928 ?

Un des célèbres Marx Brothers raconte avoir surfé au Cap d'Antibes bien avant Brice de Nice. On a mené l'enquête...

08/05/2017 par Olivier Servaire

L’histoire du surf français semble connaitre de nouvelles révélations
chaque semaine. Après les dernières révélations sur la possible arrivée du surf en France dès la fin de la première guerre, l’historien Geoff Cater vient de livrer une nouvelle « bombinette » à son ami Hervé Manificat. Ce dernier nous livre son
analyse ci-dessous.

Harpo Marx
(1888-1964), l’un des célèbres comiques des Marx Brothers, celui qui était toujours muet dans ses rôles,
raconte dans ses mémoires avoir surfé des vagues sur la Riviera française à l’été 1928 !

 Le court texte en question, extrait de « Harpo speaks ! », autobiographie
publiée en 1961 peut se traduire ainsi : « Un beau jour, le vent tourna, la mer se mit à déferler sur le rivage en
longues vagues lisses et tout le monde se mit à surfer. Il fallait absolument
que j’essaie ça. J’étais intrépide à cette époque et j’essayais tout, au moins
une fois. J’ai donc dévalé la pente jusqu’au bord et j’ai demandé à quelqu’un
de me montrer comment se servir d’une de ces planches. Cinq minutes après, je
me lançai seul sur mes premières vagues en réalisant des acrobaties sur une
seule jambe, en bon casse-cou fanfaron que j’étais. Une heure plus tard,
j’étais tracté par une vedette rapide vers une île réputée pour sa
bouillabaisse au poulpe.
»

 Contexte/précisions :

–        Cet été 1928,
Harpo Marx était en vacances chez un
de ses amis américains qui avait loué une villa au Cap d’Antibes (entre Cannes (à 12 km) et Nice (à 30 km)) où se
retrouvait toute une colonie de célébrités américaines du temps.

–        Dans les
années 1920-1930, il y eut une grande mode de « l’aquaplane » (parfois appelé aussi « planking »), pratique
consistant à se tenir sur une planche reliée par une corde à un bateau à
moteur. La zone Antibes ? » Juan les Pins
fut l’un des spots de prédilection de cette pratique à l’époque. C’est bien en
faisant de l’aquaplane qu’Harpo
rejoint son île à bouillabaisse (certainement l’île Sainte-Marguerite, l’une des îles de Lérins en face de
Cannes).

–        Harpo était d’ascendance française :
son père était un juif alsacien émigré aux États-Unis à la fin du 19ème siècle.
Le vrai prénom d’Harpo était Adolphe…

–        Le cap d’Antibes est surfable :
 

  Interprétation /
Commentaires :

 –        L’aquaplane faisait fureur à Antibes /Juan les Pins à l’époque.
Parmi la colonie américaine présente (acteurs, écrivains, journalistes….),
certains devaient avoir connaissance du surf (Californie, Hawaii…). Un jour de
vagues, ils ont dû avoir l’idée de se servir de planches d’aquaplane pour surfer
(« riding the surf » dans le texte), et c’est ce qu’évoque Harpo qui parle de « surfboard » et surfe, debout, le rivage
pendant une heure (ou tente de le surfer, le personnage est un vantard assumé).

–        Dans « Harpo parle », la version française de
l’autobiographie d’Harpo, le passage
surf, comme bien d’autres, a été coupé, ce qui explique que personne ne l’ait
encore relevé en France.

 Conclusion :

–        Peu de
précisions dans ce texte court, un personnage vantard, des planches qui ne sont
pas de vrais « surfboards » stricto sensu, il n’y a plus de témoins vivants de
cette scène… Il est difficile d’affirmer péremptoirement qu’il s’agit de la
première session de surf en France, mais il s’agit bien visiblement de prises
de vagues (ou de tentatives) debout sur des planches.

–        Que ce soit
avec Peter Viertel ou Harpo Marx, les premières tentatives
d’introductions de surf en France sont le fait d’Hollywood, et Brice de Nice
le bouffon a été précédé dans son fief 77 ans plus tôt par un autre clown,
beaucoup plus drôle.



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