[BEST OF] Logan Gengembre, de la paralysie à champion départemental

À la suite d'un accident dramatique au Portugal, Logan, 16 ans, a bien cru qu'il ne pourrait jamais resurfer.

01/01/2020 par Marc-Antoine Guet

(Initialement publié le 1er juillet)

C’est une histoire dramatique qui aurait pu terminer de manière tragique. Logan Gengembre, surfeur charentais de 16 ans, est un habitué du circuit junior européen. Pourtant, le 23 octobre dernier, à la suite d’un terrible accident sur le spot de Ribeira D’Ilhas au Portugal, Logan frôle la paralysie. Après un terrible choc avec la planche de son ami sur un banal canard, Logan se retrouve avec un trou dans le crâne de plusieurs centimètres.

Près de 8 mois plus tard, à force de courage et d’abnégation, le jeune homme est déjà de retour à l’eau, avec un casque. Récit d’une journée qui a changé sa vie pour toujours. 

C’était le 23 octobre dernier. « Il était 14h49 heure portugaise. Je me rappellerai toujours de l’heure, j’ai les photos. J’étais en haut de Ribeira d’Ilhas à prendre des photos. Mon fils et un de ses amis étaient eux sur la droite au fond » précise Loïc, le père de Logan. « C’était lors d’un petit voyage familiale au Portugal. Nous avions emmené un ami de Logan ».  Pendant que les parents de Logan avaient prévu de visiter un peu les alentours d’Ericeira, Logan et son pote, eux, avaient prévu de profiter des vagues.

Mais ce petit surf du 23 octobre va tout changer. 

Logan, surfeur de Royan, prend une petite vague, une droite qui le ramène jusqu’au bord. « Je venais de terminer ma vague et je commençais à repartir vers le large. Là j’ai vu mon ami qui surfait sa vague. Il a fait sa prise de vitesse et fait ce qu’il avait à faire sur la vague. A la fin de cette dernière, il tente un ré entry mais il est déjà trop en retard. Il perd le contrôle de sa manœuvre et tombe. J’étais à ce moment-là en train de faire mon canard un peu en retard. Et là, alors que j’étais sous l’eau, sa planche est venue taper dans ma boîte crânienne, ça m’a sonné mais je n’ai pas perdu connaissance. Mon premier ressenti c’est que je ne pouvais plus bouger mes jambes ».


Logan ne le sait pas encore, mais la planche de son pote vient de perforer sa boîte crânienne. Le bout du nose s’est cassé, et une partie est restée coincée dans sa tête. 

Un moment dont se rappelle très bien son père. « J’étais au téléphone, je n’ai pas eu le début de la vague, mais j’ai eu la fin en photos. Logan et son pote se sont retrouvés les leashs emmêlés ». Quelques secondes après l’accident, les choses s’accélèrent. « Je ne sentais plus mes jambes. Mon pote est directement venu me voir. Il m’a remis sur ma planche. Je n’avais pas mal mais j’ai senti que ça avait bien tapé. Je ne savais plus trop où j’étais. J’ai fait directement signe à mon père en haut pour qu’il vienne m’aider ». 

Très vite, son père s’aperçoit que quelque chose ne tourne pas rond.

« Je suis en haut et je descends à fond. J’appelle sa mère pour la prévenir. Je lui dis que ça saigne beaucoup mais que c’est la tête. En général la tête ça saigne beaucoup. Je descends, mais quand j’arrive en bas je vois son ami en pleure et choqué. Deux gars tiennent Logan. Ses jambes ne bougent pas et ses pieds trainent sur le reef ! Il est conscient mais choqué. Dans l’attente de l’ambulance, Logan ne bouge plus sa jambe droite et pour la gauche ça lui demande un réel effort. A ce moment là, je ne le sais pas encore mais la veine sagittale, celle qui sort le sang du cerveau est coupée. Je donne de suite mon téléphone à un surfeur portugais pour qu’il appelle l’ambulance. Ils ont mis beaucoup de temps à venir. Il y avait juste un infirmier et un chauffeur. Puis, ce fut le départ pour Lisbonne ».


Après plus d’1h de trajet, Logan arrive à l’hôpital. Les médecins le prennent en charge rapidement et font très vite venir un neuro chirurgien. « Il m’a rapidement dis, on opère votre fils tout de suite. Logan lui, se posait la question de savoir s’il remarcherait un jour. Ils commencent à l’emmener enfin au bloc et, le chirurgien nous explique à sa mère et moi, qu’il y a un risque réel. Il a de grandes chances de ne pas sortir du bloc…C’est peut-être la dernière fois que je vois mon fils ».


L’opération est en effet plus que délicate. Les chirurgiens ont dû découper tout autour de l’endroit de l’impact car il y avait plusieurs éclats de planche dans le cerveau auxquels s’ajoutaient alors des éclats d’os. Le nose de la planche est en contact direct avec le cerveau sur la partie qui gère la force motrice, quasiment entre les 2 lobs.

« Jusqu’à 20H30 on était dans l’attente avec sa mère, ses sœurs et son pote, à penser au pire scénario possible, il fallait rassurer les enfants et faire en sorte de penser aussi au meilleur, ce fut pour nous les heures les plus longues de nos vies. Jusqu’à l’arrivé du chirurgien, là encore des secondes éprouvantes et la libération. Il nous dit que tout s’était bien passé et qu’il était certain à 99% d’avoir tout enlevé mais que ça saignait trop et qu’ils avaient dû refermer rapidement. »

Les 3 jours suivants en soins intensifs, jusqu’au vendredi vont bien mieux se dérouler. Logan reprend connaissance bien que n’ayant jamais perdu la mémoire. « Je me souviens de tout. Tout le long ». Etait-il conscient qu’il pouvait y rester ? « Oui » nous précise t-il calmement au moment de l’interview. 

Pourtant, les risques étaient bien là. A cause de l’eau de mer, il y avait des possibilités d’infections auxquelles s’ajoutaient des risques d’hémorragies et de caillots. Il n’y avait donc pas la possibilité de mettre des anti-coagulants. Le trou lui, fait entre 6 et 8 cm de long pour 3 cm de large. La planche est rentrée directement dans la fontanelle.

Entre le mardi et le vendredi, Logan perd 5kg et dort presque 24h par jour. « Au total, je suis resté presque 3 semaines en soin à Lisbonne ». Le vendredi, 3 jours après l’accident, Logan remonte en soin de neuro-pédiatrie. Il commence à se demander de plus en plus ce qu’il va pouvoir faire avec ses jambes. S’il pourra un jour resurfer. 

Juste avant de remonter en neuro-pédiatrie, le vendredi, on lui explique qu’il va récupérer, qu’il va remarcher mais qu’il est encore trop tôt pour savoir jusqu’à quel point. « Dans ma tête je me dis que je veux retourner à l’eau le plus vite possible. Je n’envisage pas que ce ne soit plus possible ».

Avec son père se pose alors la question du handicap. « On en a parlé. Je lui ai dit que les J.O c’est en 2024 à Paris. Il te reste l’équipe Handisurf ! Il me répond: chouette c’est une bonne idée ! Quand ton fils te dis ça… »

Plus de 3 semaines plus tard, Logan se fait (enfin) rapatrier en ambulance depuis Lisbonne jusqu’à chez lui en Gironde non loin d’Hourtin. « On voulait qu’il soit admis au CERS de Capbreton mais ce que nous ne savions pas c’est qu’ils ne font pas de neuro ni de trauma crânien ». Le jeune surfeur termine à la Tour de Gassies afin d’entamer sa rééducation. 

Le 23 mars dernier, Logan reprenait l’entraînement avec son club de Royan. « Aussi tard car tout le corps médical ne souhaitait pas le voir sur une planche plus tôt ». Lui voulait retourner à l’eau début janvier ! Le 30 mars, Logan se présentait à la coupe régionale de Nouvelle-Aquitaine. « Sans succès », il termine 3e de sa série. Puis, le garçon participe à la Maider Arostéguy à Biarritz en Open. « Sans succès non plus, son pied droit l’handicapait toujours ».


L’entraînement continue et Logan participe à une étape du Pro Junior à La Torche. Le kid progresse. Sa volonté sans faille l’amène au titre de champion départemental junior en Charente-Maritime en avril dernier, lui offrant une place pour les championnats régionaux. Logan et son ami continu de surfer ensemble. Le surf ce n’est pas juste une histoire de vagues, c’est aussi être dans l’eau avec ses potes et bien sûr se tirer la bourre !

Armé d’un casque désormais, Logan souhaite que son histoire serve à tous. Même s’il n’a récupéré que partiellement les capacités de mobilités de son pied droit, il continue à s’entraîner et se préparer pour les prochaines échéances : le Pro junior à Capbreton, et les régionales, en surf et en longboard. Un exemple de courage et d’abnégation. Bravo champion.         

    

Photo à la une : Xavier Renaudin

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