Derrière l’objectif : Bastien Bonnarme

L'un des collaborateurs réguliers de Surf Session nous présente son travail, et nous expose sa vision du métier de photographe de surf...

07/08/2013 par Romain Ferrand

A 30 ans, le Landais Bastien Bonnarme est déjà un des photographes de surf français les plus reconnus, et un collaborateur régulier de Surf Session. Il nous parle de la réalité du métier – avec ses avantages, ses inconvénients, ses difficultés – et nous présente une sélection de ses meilleures photos.

> Portfolio à retrouver en bas de page

Présente-toi en quelques mots…

Bastien Bonnarme, 30 ans, photographe d’action et lifestyle.

Comment as-tu fait tes premiers pas dans la photo ?

Mon père possédait un boîtier argentique sur lequel j’ai fait mes premières expériences tout seul. Dès les premiers déclenchements, je trouvais que tout ça relevait de la magie, et j’ai été fasciné. Difficile par la suite pour moi de décrocher. J’y ai d’ailleurs rapidement associé mon autre passion : l’océan.

Tu as travaillé dans le génie civil ? Comment en es-tu venu à la photo de surf ?

Je suis titulaire d’un DUT Génie Civil et d’un Master Management et Gestion des Entreprises. Peu de similitudes donc entre mes études et ce que je fais en ce moment.

Etudiant sur le pays basque et un peu indécis sur mon avenir, j’avais choisi cette formation en grande partie je l’avoue pour être proche de l’océan. J’en ai profité pour me mettre à la photo de manière plus assidue et c’est assez naturellement que j’ai fait le lien entre les deux activités.

Je suis venu à la photographie par passion, et après avoir saisi les quelques belles opportunités que la vie t’offre parfois…

«Le bodysurf est la clef de voûte de mon travail de photographe aquatique »

Tu fais partie des meilleurs photographes aquatiques français. Comment as-tu acquis cette aisance dans les vagues ?

Merci pour le compliment ! Durant mes études, l’été, j’étais sauveteur sur les côtes basco-landaises. Le bodysurf est la clef de voûte de ce travail. Je partageais de longues sessions dans des conditions parfois musclées avec Fred David.

La peur t’a t-elle déjà empêché de te mettre à l’eau ? Quelles sont tes limites ?

Oui bien sûr, je ne suis pas inconscient même si j’aime repousser mes limites. Difficile de parler de limites, tout dépend de ce que tu veux faire. Si tu me demandes de shooter Teahupoo à 20 pieds au fisheye, il se peut que j’hésite (rires) ! Par contre, avec une autre optique (35,40,50mm), le challenge me plaît…

J’ai un souvenir assez marquant lors de ma première saison sur le North Shore, où il  y avait entre 25 et 30 pieds à Waimea. Les sets étaient bien marqués dans toute la baie. J’ai mis une heure à me préparer, je pense même avoir tremblé en marchant pour rejoindre le bord de l’eau. Au moment où j’allais me jeter, les lifeguards ont tout simplement fermer le parc… J’avoue avoir été soulagé, cela aurait probablement été une très mauvaise idée…

Tu as travaillé pendant quelques années pour Aquashot, avant de décider de tenter l’aventure en solo. Pourquoi ce choix ?

J’ai vécu de belles années au sein d’Aquashot, appris beaucoup de choses, car passionné par mon travail et largement dévoué. J’avais besoin comme toute personne qui souhaite progresser de découvrir de nouvelles choses, me forger ma propre expérience et également donner à ma photo la possibilité de s’exprimer.

« Dans tous les cas, tu ne deviens pas photographe de surf pour l’argent »

Le milieu du surf traverse une crise économique profonde, et le secteur de la presse aussi. Comment faire face à ça en tant que photographe ?

Il y a eu je pense, même si je ne l’ai pas connue, une meilleure période pour les photographes. La numérisation et la « crise » – bien que je n’aime pas ce mot, trop souvent utilisé pour tout justifier – ont été deux facteurs qui ont énormément bouleversé le métier ces 10 dernières années.

Mais ce problème est global on le retrouve partout, dans tous les domaines. Une des solutions, en ce qui me concerne, est d’abord la diversification. Le passage au numérique t’offre cette possibilité.

Mes travaux photo sont aujourd’hui axés autour du studio produit, mode, lifestyle et action… Ce sont des choses très différentes les unes des autres, qui demandent de l’énergie et des compétences alors que pour la nouvelle génération 2.0, tout le monde est photographe : mais c’est ce qui me passionne par dessus tout car j’apprends tous les jours !

Une des autres solutions est la maîtrise du traitement de l’ensemble de la chaîne de production (préparation, réalisation, traitement et retouches numérique) sans oublier la parfaite maîtrise de l’éclairage, fondement photographique. Il est ainsi possible de gérer l’ensemble de ton travail de la conception au développement, je trouve cela profondément intéressant, excitant même parfois !

Quel est le salaire moyen d’un photographe de surf pro français ? Le prix d’une page, d’une pub, d’une couv dans la presse ?

Aucune idée, car tout dépend de ton statut. Certains sont aux Agessa, d’autres en auto-entrepreneur, salariés, encore d’autres en SARL. Difficiles donc de donner une fourchette. Dans tous les cas, tu ne deviens pas photographe de surf pour l’argent…

La encore pour le prix des pages de pub, cela dépend de la taille des magazines, de leurs diffusions… Pour te donner une idée, une couv de Surf Session est de 350 euros, il faudrait à priori donc en faire quelques unes pour payer toutes ses charges à la fin du mois. D’ou l’importance de la diversification !

« Les relations sont donc toujours plus cool qu’en costume cravate derrière un bureau… »

Quel pourcentage de ton activité représente la photo de surf ?

La photo de surf est aujourd’hui une de mes premières compétences mais j’ai du me diversifier avec le studio, le lifestyle… pour trouver de réels compléments de revenus. La photo de surf demande beaucoup de temps, d’énergie et de technique – surtout en aquatique – pour un retour sur investissement relativement faible. Très rares sont ceux qui aujourd’hui en vivent uniquement. On peut les compter sur les doigts de la main…

Je dirais entre 20 et 30 % de mon activité.

Entretenir de bonnes relations avec les surfeurs est primordial. Comment développer/entretenir ce réseau ?

Comme dans toute activité professionnelle, c’est primordial de développer son propre réseau. Les surfeurs avec lesquels j’ai mes habitudes sont assez participatifs.

L’intérêt est commun, cela se passe bien pour ma part. De manière générale les relations sont amicales, il y a donc une part pour le travail et bien sûr l’amusement ! C’est un milieu jeune et sportif, les relations sont donc toujours plus cool qu’en costume cravate derrière un bureau….

Quelle relation as-tu avec les surfeurs pro :  pote ? collaborateur ? Y-a-t-il un respect mutuel entre les 2 professions ?

Ça rejoint ce que je viens de dire, les surfeurs me respectent pour mon travail dans son ensemble et de mon côté je les respecte pour leurs personnalités, leur professionnalisme et leurs performances sportives.

Tu as déjà évoqué la forte concurrence à l’eau entre photographes à Hawaii ? Comment ça se passe en Europe ?

Il y a des idiots partout même en Europe, ils se reconnaîtront même si ils ne parlent pas tous notre langue. Cependant dans sa très grande majorité, cela se passe bien entre nous. J’ai pas mal de confrères dans le skate, bmx, ski, snowboard, etc… avec qui j’aime beaucoup échanger car ils ont une vision totalement différente de celle de notre milieu.

« Les réseaux sociaux sont, une fois maîtrisés, les outils de communication du photographe »

Les avantages/inconvénients du métier ?

Vivre de sa passion représente un avantage majeur et je m’efforce de me le rappeler tous les jours. Un des principaux inconvénients est le caractère chronophage de l’activité, j’ai été très souvent en déplacement cette dernière année donc loin de mes proches et de mon entourage. Cependant le jeu en vaut la chandelle !

Comment considères-tu le web ? Une menace, une opportunité, l’avenir pour les photographes ?

C’est évidemment une opportunité, une évolution normale des choses. L’avenir, non ! On y est déjà depuis un petit moment non ? Les réseaux sociaux sont, une fois maîtrisés, les outils de communication du photographe. Le plus dur étant de s’octroyer de manière régulière du temps pour gérer sa propre promotion avec les outils que sont Facebook, Instagram, Twitter, un blog, un site internet. Il y a un flot important d’images sur Facebook et Instagram au quotidien ; une des difficultés est d’arriver à se hisser dans le fil d’actualité de ses followers.  Le hic est que bien souvent la qualité ne prime pas sur la quantité….

Une dernière remarque concernant l’ambiance et la surpopulation des spots dans les landes, puisque c’est là ou je vis :  est-ce judicieux de poster de manière quasi-instantanée après chaque session les photos sur les réseaux sociaux en citant les lieux ?

Ton meilleur souvenir de photographe ?

Un des meilleurs est la première fois que j’ai nagé dans un très gros pipeline avec mon ami Fred David et mon caisson étanche à la main, un mélange de peur et d’excitation. Depuis, il y en a eu énormément, avec les pros et également en trip ou à la maison avec mes amis.

Si tu devais ne retenir qu’une seule photo parmi tout ton travail ?

La prochaine dont je rêve….

Tes destinations préférées ?

J’ai beaucoup aimé le Mexique et aimerais repartir en amérique du sud. J’aime les destinations dont le lifestyle est aux antipodes de l’occident.

Y-a-t-il encore de la place pour un photographe qui voudrait tenter une carrière pro dans le surf ?

Il y a toujours de la place pour les bons !

Interview : Romain Ferrand

Retrouvez le travail de Bastien Bonnarme sur son site web www.bastienbonnarme.com ainsi que sur sa page Facebook

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Dans le sac à dos de Bastien :

– Boîtiers : 5d mark III, 1d mark IV,  1dmark III, fujifilm X100

– Objectifs : fisheye, 14-40mm, 24-105mm, 20mm ; 40mm, 50 mm, 85mm, 70-200mm, 90mm TSE (décentrement), 600 mm

– Caisson étanche SPL avec deux dômes

– Caméra P2 avec caissons.

– Go Pro III

– Appareils argentiques : Mamya RB67, Polaroids, canon AE1, Leica M6 + 50mm summicron, Chambre Linhoff Technika IV avec nombreux accesssoires.

– Réflecteurs, Epaulière redrock et zacuto , 4 torches éclairages continues pour la vidéo, filtres, etc…

– Générateur autonome Ranger RX avec 2 torches + accessoires

– 6 torches de studio avec Boîtes à lumières et beaucoup d’accessoires.

– Fonds, supports, pieds, accessoires de studio.

– + Mac Book pro et ordi de bureau.

PORTFOLIO


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