Rencontre avec Lee-Ann Curren

Interview de la nouvelle pensionnaire du World Tour à quelques semaines du début de la saison

20/01/2010 par Romain Ferrand

Pendant longtemps, Lee_Ann a été présentée comme « la fille de ». En l’occurence la fille de Tom Curren, surfeur californien de légende, accessoirement triple Champion du Monde…

Depuis quelques années, la jeune surfeuse a développé son propre style, puissant, engagé et gracieux à la fois, et a commencé à enchaîner les podiums. Engagée sur le WQS, ses bons résultats lui ont permis d’entrevoir dès la première épreuve de 2009 (où elle a fini 5ème) une éventuelle qualification sur le World Tour 2010. Après avoir atteint en septembre les 1/2 finales  du WQS 5* Oakley Rio Surf au Brésil, Lee-Ann pouvait enfin prétendre à rejoindre le Top 17. Les doubles qualifications de Coco Ho, Rebecca Woods et Paige Hareb fin décembre sur le Tour ont confirmé la grande nouvelle. Mademoiselle Curren fait désormais partie de l’élite du surf mondial féminin et s’apprête à entamer une saison chargée d’ici quelques semaines. Surfsession.com l’a rencontré pour vous :

Salut Lee-Ann. Tout d’abord félicitations pour ta qualification pour le Dream Tour 2010. Quoi de neuf en ce moment ?

Je reviens du Brésil où j’ai passé quelque temps avec mon copain (un surfeur Brésilien engagé sur le WQS, ndlr) chez lui dans le Nord du pays. J’ai passé un moment incroyable, on a eu de superbes vagues pendant presque tout le séjour…

J’ai appris que tu voulais y retourner pour aider la population locale…

Oui c’est vrai. J’ai été marquée par la pauvreté extrême de certains coins, les favelas, la violence, les trafics de drogue… Mon copain et moi avons donc décidé d’aider les gamins du coin à travers le surf, en commençant par leur fournir du matériel. Certains d’entre eux n’ont rien mais surfent déjà bien. On va donc essayer de collecter des planches, des accessoires… On va peut-être aussi bénéficier de l’aide d’un shapeur Brésilien qui leur fournira des planches pas chères…

Ta qualification pour le World tour 2010 doit être un sacré soulagement…À partir de quand as-tu commencé à entrevoir la possibilité de te qualifier ?

Peu de temps après le début de saison en fait. J’ai commencé par une 5ème place lors du premier événement. Je n’ai pas fait de bons résultats lors des compétitions suivantes, avant d’atteindre les 1/2 finales au Brésil en septembre. Ça m’a redonné confiance pour la suite. Puis les requalifications de Coco Ho, Rebecca Woods et Paige Hareb m’ont assuré un bon seeding, et voilà !

Tu reviens d’Hawaii. La saison a été plutôt riche là-bas cet hiver… Un souvenir en particulier ?

Il y a eu de bonnes vagues, même si je n’ai pas pu profiter de tous les swells. Mais je crois que mon meilleur souvenir cet hiver reste des sessions à Rocky Point, presque toute seule à l’eau… Des sesssions hold-up, pas vraiment attendues, et donc plutôt tranquilles…

On sait que tu es une chargeuse, que tu n’as pas peur d’aller au charbon. Malgré tout y-a-t-il une sorte d’appréhension à Hawaii ?

Oui bien sûr, il y a toujours un peu d’appréhension quand on est à l’eau à Hawaii, déjà de par la puissance des vagues et le reef. Mais je commence à connaître les spots et m’y sentir plus à l’aise. J’aime bien surfer à Sunset et Honolua par exemple…

Il paraît qu’il y a quelque temps, tu hésitais encore à entamer une carrière de surfeuse pro ? Pourquoi ?

Je n’hésitais pas vraiment – j’ai toujours voulu être sur le Tour – mais disons que je n’étais pas sûre de mon potentiel. Je crois que je manquais de confiance en moi. Maintenant ça va mieux, je suis bien encadrée aussi, et prête à me lancer sur le Tour !

Tu as été pensionnaire du Pôle France pendant 3 ans…Qu’est-ce que ça t’a apporté concrètement ?

Disons que le Pôle France m’a apporté avant tout de la régularité, par des entraînements quotidiens et des sessions régulières. Mais aussi par des approches différentes comme des cours de sophrologie, des choses qui m’aident encore aujourd’hui. J’ai aussi appris à partager toutes mes sessions avec une dizaine d’autres surfeurs affamés du Pôle, et là on devait jouer des coudes pour prendre des vagues ! Ça aussi, ça me sert encore aujourd’hui quand je surfe un spot avec 100 garçons et filles du WQS !

Aujourd’hui, tu es suivie par un coach ? Qu’est-ce qu’il t’apporte ? Comment vous fonctionnez au quotidien ?

Oui je suis suivie par Xavier Huart (qui entraînait aussi Tim Boal et Michel Bourez sur le World Tour l’an dernier…) depuis plus d’un an. Il m’aide beaucoup, notamment quand je suis à la maison. Il me prépare physiquement, me donne des conseils, filme mes sessions, avant d’analyser les images avec moi…Ça pousse à essayer de donner le meilleur de soi à l’eau. Xavier va aussi me suivre sur certaines compétitions du Tour pour m’aider à me préparer au mieux…c’est important.

Quelle destination du Tour es-tu impatiente de surfer ?

Honulua Bay, à Hawaii, c’est une vague tellement parfaite… La dernière compétition a encore été démente sur ce spot. Même les garçons aimeraient bien ajouter cette épreuve à leur calendrier ! Il y a aussi des vagues que je n’ai jamais surfé, comme Peniche (Portugal), Lobitos (Pérou) ou encore Taranaki (Nouvelle-Zélande). J’ai hâte de pouvoir surfer toutes ces nouvelles vagues. (voir agenda ci-dessous)

Comment se passent les relations avec les autres surfeuses du Tour ? Il y a de vraies rivalités ou c’est plutôt tranquille ?

L’ambiance est vraiment tranquille. Tout le monde s’entend bien. Il y a bien sûr une petite rivalité quand on est en série, mais une fois sorties de l’eau, tout est oublié. Pareil entre Stephanie (Gilmore) et Silva (Mulanovich), qui étaient en course pour le Titre en 2009, mais vraiment rien de grave… Tout le monde s’apprécie, ça c’est top !

J’imagine que ta double culture doit te servir…

Oui c’est sûr que c’est plus facile pour s’intégrer. J’ai la chance de bien maîtriser l’anglais, ce qui me permet de communiquer avec les autres. Et c’est tant mieux, vu que je suis la seule Française sur le Tour cette année.

Je retrouve aussi des filles avec qui j’avais l’habitude de surfer en Californie quand j’étais plus jeune donc ça va, l’intégration se passe plutôt bien…

Quelle est ta plus grande rivale ?

Je n’ai pas vraiment de rivales, mais bon je dirais que Stephanie Gilmore reste la pire adversaire sur qui on puisse tomber. Sachant que quand Steph estime avoir fait une mauvaise série, elle fait quand-même un score de 14/20 ! Elle reste quasi imbattable sur certaines vagues comme en Australie…

On sait que tu tiens un blog (LeeAnn around the world) dans lequel tu nous fais vivre ta vie de surfeuse pro. Tu comptes le mettre à jour régulièrement pendant le Tour ?

Oui je vais essayer de mettre des photos, des vidéos et des news dès que je pourrais. Ça permettra à ma famille, mes amis et tous ceux qui veulent me suivre de voir ce qui se passe !

OK, on suivra ça de près. Bonne chance pour tes débuts sur le World Tour, on essaie de faire le point d’ici quelques mois !

CALENDRIER ASP WORLD TOUR FEMININ 2010 :

– 27 février – 10 mars : Roxy Pro

Gold Coast – Australie

– 30 mars – 5 avril : Rip Curl Women’s Pro

Bells Beach, Victoria – Australie

– 11 – 16 avril : TSB Bank Women’s Surf Festival

Taranaki – Nouvelle-Zélande

– 21-26 avril : Commonwealth Bank Beachley Classic

Dee Why, Northern Beaches, NSW- Australie

– 8 – 13 juin : Movistar Peru Classic presentée par Rip Curl

Lobitos – Perou

– 7 – 11 octobre : Rip Curl Pro

Peniche – Portugal

– 30 octobre – 4 novembre : Rip Curl Search

Somewhere * (= quelque part)

– 24 novembre – 6 décembre : Gidget Pro

Sunset Beach, Oahu – Hawaii

– 8 – 20 décembre : Billabong Pro

Honolua Bay, Maui – Hawaii


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