Sunset, le prestige du North Shore

Présentation du spot historique qui accueille en ce moment la O'Neill World Cup of Surfing.

02/12/2009 par Romain Ferrand

Par Gibus de Soultrait / Photos : Sylvain Cazenave.

Le North Shore, ce sont trois spots emblématiques : Sunset, Waimea, Pipeline, dans l’ordre dans lequel ils ont été, pour la première fois, surfés. Si Waimea (inauguré en 1957) et Pipeline (en 1963) font partie de l’histoire moderne du surf, l’histoire de Sunset remonte à plusieurs siècles. Les Polynésiens d’avant la venue du Capitaine Cook appelaient alors la vague Pau-malu (gardé secret).

A la fin des années 1940, Sunset est le premier spot du North Shore de l’île d’Oahu sur lequel les bons surfeurs de Waikiki s’aventurent lors de leurs virées journalières. A partir du milieu des années 1950, des surfeurs californiens s’installent pour l’hiver sur le North Shore – alors très peu habité – et Sunset est leur vague quotidienne. Parmi ces pionniers George Downing, Greg Noll, John Severson, Ricky Grigg, Peter Cole… Dans les années 1960, Sunset est le spot phare du surf qui évolue vers le shortboard. A seulement 17 ans et d’un gabarit plutôt petit, Jeff Hakman gagne le premier Duke Contest dans un solide Sunset. Hakman, les Hawaiiens Kanaiaupuni, Abellira, Jones… vont dominer le spot à mesure que le shortboard gun (de 7′ à 8′) mis au point par Brewer remplace le vieux longboard. Les trajectoires des surfeurs ondulent plus radicalement sur les larges sections de la vague. L’Australien Terry Fitzgerald transforme l’approche de la vague avec sa vitesse extraordinaire. Mais toujours pas de leash (sur North Shore, le leash n’est utilisé qu’à partir de 1975) et donc un bon surfeur à Sunset est un bon nageur.

Jusqu’à ce que le WCT se réduise à une compétition par destination, Sunset était une étape importante du championnat du monde, accueillant parfois deux épreuves comptant pour le titre modial. Nombre de champions du monde ont gagné à Sunset :  Shaun Tomson, Mark Richards, Tom Carroll, Derek Ho, Martin Potter, Sunny Garcia, Andy Irons. Seul absent de ce tableau, Tom Curren, sans aucun doute reconnu comme un des meilleurs surfeurs de Sunset avec son style et ses courbes, mais qui n’a gagné à Hawaii qu’une seule fois, à Haleiwa, en 1991. Mais également Kelly Slater, dont la performance sur le North Shore s’est toujours focalisée sur Pipeline et qui n’a jamais trouvé ses marques sur Sunset.

Parmi les autres grands surfers à avoir décroché de prestigieuses victoires à Sunset : Michael Ho, Gary Elkerton, Shane Dorian, Joel Parkinson et l’année dernière dans des vagues de 4 m, CJ Hobgood. (A noter la deuxième place surprise du Portugais Tiago Pires en 2000)

Une vague technique

Moins spectaculaire que Pipeline, Teahupoo ou les slabs d’aujourd’hui parce que loin du bord, Sunset est une vraie vague d’engagement. Surfable de 1 m à 4 m (au-dessus cela sature généralement), la vague y est particulièrement puissante et se faire ramasser à Sunset à la zone d’impact reste une expérience ! Le spot demande un sens marin pour bien repérer le line-up en fonction de la houle et sa direction plutôt nord ou plutôt ouest. Du large, les deux radars sur la colline en face servent de repères, mais cela ne protège pas des séries surprises. La vague consiste principalement en un gros et massif pic au large avec un long premier take-off, bien creux, puis après une partie plus lente et elle se poursuit sur un inside tubulaire. Toutes les vagues n’y sont pas parfaites et donc la lecture de la houle et de la trajectoire à surfer rend le spot très technique en compétition.

Jusque vers les années 1990, surfer un solide Sunset voulait dire surfer un gun 7’6 à 8’2, surtout quand le vent side-shore est de la partie et que la houle est un peu tempête. Mais depuis les pros en

compétition ont continué de raccourcir leurs planches et en 2008, dans des vagues de 4 m aux séries, les planches utilisées ne dépassaient pas 7’2, voir en dessous de 7′. Cependant pour ce qui est du free surf, le gun reste d’actualité chez les locaux.

Comme Jeff Hakman ou Gary Elkerton, l’un et l’autre ayant beaucoup surfé les deux spots, nombre de surfeurs comparent Parlementia-Guéthary à Sunset. Lors des houles hivernales, les deux spots ont la même puissance, le même take-off, sauf qu’à Parlementia l’eau y est nettement plus froide et la bouffe plus longue pour rentrer au bord et qu’à Sunset l’inside y est un vrai tube, ce qui manque pour les habitués du spot basque.


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