Kelly Slater lève (en partie) le voile sur sa piscine à vagues

Dans une interview à Surfer, le Floridien s'exprime sur sa piscine pour la première fois depuis la sortie de la vidéo en décembre dernier. Extraits.

02/02/2016 par Romain Ferrand

Les images de sa vague parfaite dévoilées en décembre dernier ont marqué (pour ne pas dire choquer) tous les surfeurs de la planète. Depuis, Kelly Slater gardait le silence sur ce projet hallucinant, déclinant toute interview et attisant d’autant plus notre curiosité déjà bien entamée.

Il a malgré tout levé en partie le voile sur la Kelly Slater Wave Company lors d’un entretien avec le journaliste du magazine américain Surfer, Todd Prodanovich (veinard). Extraits :

TD : Tu as dit que le projet a débuté il y a 10 ans. Quel a été le catalyseur ? Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans la création de vagues artificielles ?

Kelly Slater : Je pense qu’on est tous fascinés par l’idée de surfer une “vague parfaite”, et l’idée d’en construire une dont nous maitriserions les paramètres n’a rien de nouveau. Quand j’ai surfé dans des piscines à vagues étant gamin, c’était une idée nouvelle. Je les ai toutes essayées et elles étaient vraiment fun, mais il manquait quelque chose. Quand on m’a enfin exposé le projet de vague circulaire, ça a été comme un déclic. Je me suis dit “il faut que je le fasse”. Mon esprit était absorbé par l’idée de créer une vague comparable à celles qu’on trouve dans la nature.

Être le premier à créer une vague artificielle qui rivalise n’importe quelle vague créée par l’océan n’a pas du être simple. Quels ont été les plus gros défis que ton équipe et toi avez du relever ?

On a regardé les informations facilement disponibles sur le sujet et elles étaient décevantes, le plus difficile a donc été de développer notre propre approche scientifique. Cela a signifié embaucher une équipe de scientifiques et d’ingénieurs de haut-vol spécialisées dans la dynamique des fluides, qui couvre tout ce qui concerne les vagues et les mouvements d’eau.

Il n’y avait pas de connaissances de base sur lesquelles on aurait simplement pu se baser, il a donc fallu créer la nôtre, et on a adopté une approche formelle afin de comprendre les principes physiques et créer un laboratoire de recherche pour créer cette vague de haute performance.

Comment fonctionne-t-elle ? Comment expliquerais-tu son concept basique à un surfeur lambda ?

On utilise quelque chose semblable à une aile d’avion, appelé un hydrofoil. Lorsqu’il se déplace dans l’eau, il génère une houle similaire à celles que l’on peut trouver dans l’océan. On a combiné ce mouvement avec notre propre formule scientifique et avons trouvé l’exact fond de bassin dont nous avions besoin pour créer la vague dont j’avais eu la vision.

C’est tout ce que je peux dire pour le moment, mais il y a des possibilités de variation infinies si l’on applique notre science et l’ingénierie de la bonne manière.

Dans la vidéo, je dis qu’il s’agit d’une technologie de dingue, mais en réalité il s’agit davantage d’une solution liée à de la technologie.

> Lire aussi : l’enquête participative qui a permis de localiser la vague de Kelly Slater

Tu es connu pour te donner à fond dans tout ce dans quoi tu t’impliques. A quel point as-tu contribué à la création de cette vague ?

C’est un projet passionnant pour moi, j’ai donc voulu être impliqué tout au long du processus. J’ai eu la chance d’avoir une équipe qui a les mêmes attentes que moi pour cette vague. Le groupe tout entier a compris la vision d’avoir une vague d’une qualité incroyable, même si elle n’est pas à la portée de tous les surfeurs. On a pensé qu’on devait en passer par ça pour être à un niveau différent de ce qui avait pu être fait avant nous, notamment parce qu’on peut toujours la réduire pour la rendre plus accessible.

Pour moi, simplement avoir les bonnes personnes investies [dans ce projet] a été le plus beau des cadeaux dans cette aventure. Je suis vraiment très fier de ce qu’a accompli notre équipe.

Dans la vidéo, tu laisses exploser ta joie en regardant la première vague dérouler. Tu peux nous dire ce à quoi tu as pensé à ce moment précis ?

J’ai su que la vague fonctionnait quelques jours plus tôt, alors que j’étais à Fidji, car mon équipe sur place me tenait au courant des résultats de la phase de test. Je savais qu’elle était bien, et j’avais du mal à ne pas en parler à tout le monde autour de moi.

Après une semaine à recevoir des photos et des vidéos de mes partenaires sur mon téléphone, je suis arrivé la nuit précédant ma première vague et j’ai eu du mal à trouver le sommeil.

Le matin suivant, il faisait si froid que le bassin fumait et il n’y avait absolument pas de vent. Voir ce dont tu as rêvé et sur quoi tu as travaillé pendant tellement d’années prendre réellement forme sous tes yeux est quelque chose de vraiment dur à décrire.

En terme de vitesse, la manière dont elle déroule et le sentiment global lorsqu’on est sur la vague : est-ce semblable à une vague d’océan ou y-a-t-il une différence notable ?

Il y a des différences simplement basées sur les courbes naturelles et les imperfections de l’environnement dans l’océan. Mais avec notre vague, l’énergie est là : elle est puissante et vraiment rapide. Et il y a encore des choses à capter sur la vague quand tu la surfes que, d’une certaine manière, elle est similaire à essayer de déchiffrer qu’une vague qui déferle dans l’océan.

Que penses-tu que cela signifie pour le surf  [en général] ? Quel potentiel penses-tu que cela puisse avoir dans le changement de notre sport et de notre culture ?

Et bien, on sera évidemment capables de travailler des manoeuvres très spécifiques ou de tester des planches, des dérives, etc. Il n’y a pas à être pressé de prendre la série suivante, puisqu’une autre vague déferlera exactement de la même manière que la précédente.

Je sais que des gens craignent que les vagues artificielles puissent modifier ou ruiner notre culture d’une manière ou d’une autre, mais il n’est pas question qu’elles remplacent quoi que ce soit. J’ai toujours dit que c’était une chose complémentaire au surf dans l’océan, et faite pour le fun.

Je pense que ça pourra aider le sport à se développer plus rapidement, de la même manière que les skateparks ont contribué à faire grossir le skateboard, et le potentiel pour les Jeux Olympiques ne sera pas négligeable.

Après cette session sur ta vague, ça a du être dur de la quitter pour retrouver la réalité de line-ups bondés de monde ? Est-ce que tu as connu une sorte de gueule de bois post-vague artificielle ?

J’ai surfé cette vague juste avant de venir à Hawaii, et bien sûr j’avais envie de surfer de gros tubes à Pipe, qui est toujours peuplé. Mais j’ai vraiment eu l’impression que mon niveau d’excitation était compensée. Maintenant je sais que je peux toujours avoir ma dose de vagues fun dans la piscine et être plus relax quand je suis au milieu de la foule dans l’océan.

La vague m’a montré à quel point le surf me permet de lâcher la pression. On veut tous notre espace vital pour s’éclater et attraper quelques bonnes vagues pour nous calmer. Je crois honnêtement que ça pourrait rendre les gens plus heureux dans l’océan, sachant qu’ils peuvent aller quelque part quand ils auront envie de se mettre des tubes sans personne sur leur route.

Je pense à mes amis qui vivent à Santa Barbara, où une bonne partie de la houle est bloquée par les Channel Islands, ou en Floride où ils attendent les vagues tout l’été. Imagine combien ils pourraient s’éclater sur cette vague pendant ces temps morts. Je pense aussi que ça pourrait accentuer le désir de voyager davantage pour trouver de nouvelles vagues et vivre de nouvelles expériences.

Le surf, ce sont ces expériences que l’on accumule, et avoir cette vague à disposition me permet de sacrément me calmer les nerfs sachant que je peux aller surfer et avoir la jouissance physique de surfer quand je veux. Mais l’aspect voyage du surf – découvrir le monde – est quelque chose qui ne pourra pas être remplacé”.

Et voilà. Fin de l’entretien. Si Kelly Slater affiche dans ses propos ses ambitions de développer commercialement sa piscine, de nombreuses questions demeurent encore en suspens :

Quand cette piscine à vagues sera-t-elle disponible à la commercialisation ? Combien cela coutera-t-il ? Quelle fréquence de vagues par heure ? Le procédé permet-il créer des gauches et des droites simultanément comme le WaveGarden ? Etc. Etc.

On n’a pas de parler de de rêver de la piscine de Kelly…

Source : surfermag.com

Lire aussi : Piscine de Kelly : ce qu’on sait, ce qu’on ne sait pas et ce qu’on voudrait savoir.

Revoir : le fameux clip qui a retourné la planète surf il y a quelques semaines :


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1 commentaire

  • kip
    2 février 2016 21h15

    Je veux etre Kelly Slater !

    Répondre

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