Boardline, l’app qui a la cote

Le message est en anglais, « Ride the board you deserve », mais le concept bien de chez nous. Rencontre avec les créateurs de ce générateur de cotes pour (mieux) choisir sa future planche.

15/05/2015 par Surf Session

Depuis cinq années environ, le triumvirat « longueur, largeur, épaisseur » qui a prévalu pendant 50 ans dans le monde du surf s’est enrichi d’une quatrième dimension : le volume. Avec l’avènement de la machine à shaper et des logiciels de CAO, calculer le volume d’une planche se fait désormais en deux clics. Oui, mais reste encore à savoir quel est celui qui vous convient…

Ingénieur en sciences de l’eau et de l’environnement, docteur en mécanique des fluides, le Biarrot Louis-Romain Plumerault s’est très tôt intéressé aux mathématiques du surf. « Ça m’agaçait de voir que le surfeurs ne juraient que par la longueur : « Je veux une 6’3 et pas une 6’1 »… Ça n’avait aucun sens. » Il planche alors sur un algorithme capable de calculer le volume des planches qu’il surfe et, entre les lignes de chiffres, il distingue assez vite un modèle récurrent. Pour confirmer ce qui n’est encore qu’une intuition, il décide d’observer à la loupe les cotes des surfeurs pros. De fait, ces derniers sont parvenus à ajuster au mieux les mesures de leurs planches. Au fur et à mesure que ses statistiques gonflent, Louis-Romain découvre que le rapport poids/volume tend à s’homogénéiser entre tous les pros : petits ou grands, squelettiques ou bodybuildés. « C’est comme s’il existait une sorte de vérité universelle, qui est apparue de façon empirique dans la relation entre surfeurs pros et shapers », évoque le matheux surfeur. Il en tire une sorte de nombre d’or à la Léonard de Vinci : reste à savoir qu’en faire.

Avec son ami d’enfance Philippe Sabuco, lui aussi surfeur, ils réfléchissent alors à un support pour faire partager ces résultats. L’évidence d’une application mobile leur saute aux yeux et, là encore, c’est Louis-Romain qui s’y colle : « J’ai toujours été passionné par les langages de programmation. Lui qui avait appris le Fortran « pour le fun » se penche avec la même réussite sur les outils du web et construit le site comme l’application Boardline ! Philippe, conseiller dans la vie au sein d’une grande banque, sait de son côté comment « marketer »  leur board calculator. Mais là encore, tout est fait sans un sou, entièrement en interne.

Oui, mais alors, comment ça fonctionne pour vous ? D’autant que vous n’avez rien d’un pro, n’est-ce pas ? « Le principe de base est de pouvoir améliorer son niveau de surf en utilisant une planche plus adaptée », rappelle Louis-Romain. Ainsi, en renseignant son poids et son niveau/fréquence de surf (à travers un Level Factor plutôt bien fichu), Boardline vous propose une sélection de modèles du commerce, ajustées sur mesure, avec vos cotes persos. Sans jamais se départir de ce rapport « absolu » poids/volume.

Pour autant, ces critères seuls ne sauraient définir avec précision votre façon de surfer : pied avant ou pied arrière fort, stance large ou étroit, surf à plat ou sur le rail… Sans compter les dimensions du surfeur : petit ou grand, indice de masse corporelle faible ou élevé (maigre ou gros, quoi…). Pour répondre à ces objections, là encore Boardline s’appuie sur les pros, puisqu’il s’agit de se rapprocher des surfeurs auxquels nous nous identifions le plus. Toutes proportions gardées… De même, le choix s’opère dès le début de l’expérience entre trois familles de planches : Performance, Small Wave et Step-up (semi-gun).

À travers un laborieux travail d’enquête auprès des surfeurs et surtout des shapers, les deux compères de Boardline sont ainsi parvenus à recenser 213 planches pour 100 surfeurs pros, des modèles dont on trouve la déclinaison grand public en surfshops pour la plupart. « Nous aimerions par exemple que Boardline devienne un véritable outil auprès des vendeurs pour aiguiller le choix des clients intéressés par un pro model », suggère Philippe, alors qu’à ce jour Boardline est entièrement gratuit et aucunement monétisé.

Mieux, la prochaine étape est de mettre en avant la dimension collaborative de l’outil. Il sera possible aux utilisateurs de renseigner leurs propres cotes et ainsi de créer une communauté, « un peu à la façon des commentaires de Trip Advisor », rêve déjà Philippe.

Disponible en cinq langues, Boardline possède clairement des ambitions internationales alors que Philippe avance un potentiel de 50 000 utilisateurs. À l’heure actuelle, ils sont 4 000 à avoir installé l’app, dont une majorité en Amérique du nord, devant l’Europe. De l’aveu même des créateurs, l’app n’est pas une fin en soi, au contraire : « Notre souhait est que cela incite les surfeurs à développer une meilleure relation avec les shapers, qu’ils aient un outil parmi d’autres pour mieux communiquer », explique Philippe. Souvent réticents lors des premiers contacts, la quinzaine de shapers rencontrés ou interrogés se sont très vite montrés bluffés par la concordance des résultats entre leurs créations et les modélisations de Boardline, preuve qu’empirisme et mathématiques ne s’opposent pas. « Il s’agissait de formuler quelque chose qui était très intuitif de façon scientifique », conclut Louis-Romain.

Avec Boardline, la sagesse populaire du « foam is your friend » (que l’on adaptera par « un peu plus d’épaisseur ne fait jamais de mal ») vole en éclat. Au détriment d’un certain confort, l’application a vocation à vous tirer vers le haut. Adeptes des shapes rétro et rondouillards, passez votre chemin.


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4 commentaires

  • lucane
    20 mai 2015 10h57

    Pour surfer sur la seine, je te conseille de prendre un peu plus de volume que celui qui est conseillé! La densité de l’eau est moins importante!

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  • tzzt'e
    19 mai 2015 22h28

    pourquoi tt de suite parler des gens des villes ?
    Certaines personnes habitant paris ou autres ont de tres bonnes connaissances, surf bien voir mieux que des ‘locaux ».. on ne choisit pas toujours ou l’on peut vivre. on peut surfer tt aussi souvent meme en habitant paris

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  • Philippe
    17 mai 2015 22h40

    Marc, tu as raison: rien ne vaut les conseils d’un shapers! Toutefois, la plupart des surfers n’achètent pas leurs boards chez des shapers. BoardLine se propose ainsi de guider tous les surfers, quel que soit leur niveau, qui achètent leurs boards dans les shops et en ligne. Au passage, le retour des shapers (que nous avons consultés) a été extrêmement positif.

    Philippe, BoardLine Co-founder

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  • Marc
    17 mai 2015 5h28

    Les « bons  » shaper » sont là pour vous guider dans votre choix en fonction de votre poids ,votre expérience ,vos aspirations ,votre progression etc …Franchement à par « les gens de la ville qui n’y connaissent rien au surf  » je ne voie pas l’intérêt d’une telle démarche ,mais plus rien ne devrait m’étonner dans le surf ..rire .

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