Kelly Slater triomphe à Tavarua

Le 'King' a remporté cette nuit avec une écrasante maîtrise le Volcom Fiji Pro, au terme d'une finale lourde de sens face à Gabriel Medina.

11/06/2012 par Romain Ferrand

Cette nuit, le ‘King’ a encore frappé. Eh oui, encore lui. Au terme d’une ultime et exceptionnelle matinée de surf sur la vague mythique de Cloudbreak, conclue par une finale lourde de sens face à un Gabriel Medina renversant, Kelly Slater a remporté la 49ème victoire de son immense carrière, sans que personne ne parvienne à ébranler de près ou de loin sa suprématie. Le Floridien avait 18 ans lorsqu’il découvrait avec stupeur la qualité des vagues fijiennes. Vingt-deux ans plus tard, on en vient à se demander qui aurait pu réellement le battre sur la bête, tant il a appris à connaître, aimer et charmer comme personne chacune de ses courbes et de ses variations. La démonstration du ‘King’ cette nuit à Tavarua aura conclu en apothéose la réconciliation du World Tour avec Fiji, et il revenait sans doute au plus illustre ambassadeur de l’élite d’en signer la première page. Retour sur la dernière ligne droite du Volcom Fiji Pro 2012.

Après avoir interrompu les quarts de finale la veille sous la tyrannie du vent, les organisateurs avaient fixé le call tôt le matin. Un choix qui s’avérera judicieux, puisque la finale se terminera juste avant que le vent ne reprenne à nouveau ses droits. C’est Kelly, donc, qui ouvrait le bal cette nuit face au Rookie of the Year 2011 Julian Wilson. La leçon sera de taille. Julian ne trouve pas les vagues et laisse Slater s’engouffrer dans un premier tube monstrueux, puis un second dont il sortira miraculeusement après avoir surfé « les yeux fermés » la foam ball. Mystique. Les speakers n’en croient pas leurs yeux. Le ‘King’, en s’extirpant du tube où il avait un instant disparu dans la mousse, esquisse un signe de mains incrédule qui en dit long sur ce qui vient de se passer. Le ton est donné.

C’est ensuite au tour d’un autre habitué de la vague fijienne de faire son entrée dans l’eau : CJ Hobgood. L’Américain, opposé à un Adriano de Souza brillant et combatif, va surfer l’un des heats les plus engagés de la compétition, bien décidé à aller rejoindre son pote Kelly en demi-finale. Une folie dont il paiera le prix physiquement, mais qui manifestement en valait la chandelle. Adriano, très vite, prend les commandes du heat grâce à un tube parfaitement exécuté qui lui vaudra 8, 83 points. La réponse de CJ ne tarde pas. L’ancien Champion du Monde s’engage sur une bombe, tube, puis s’élance à pleine vitesse pour l’un de ces floaters stratosphériques dont il a le secret. C’était sans compter sur les accès de fierté de la vague fijienne, qui décide de ne pas se laisser chevaucher cette fois-ci de la sorte. Hobgood est expulsé par la lèvre et renvoyé dans les bas-fonds du monstre.

Le wipe-out est violent et laissera des traces, mais il en faudrait plus pour arrêter un CJ remonté comme une pendule. Dominé par le Brésilien, à trois minutes de la fin, Hobgood a besoin de 9, 27 points et ne peut plus compter que sur un signe de la providence. Il semblerait qu’il ait été entendu. LA bombe du heat fait son apparition. L’Américain s’élance et s’engouffre dans un tube dantesque, puis s’en extirpe dans un cri libérateur, les bras tendus vers le ciel en guise de remerciements. C’est un 9, 97 points. Hobgood, transcendé par l’émotion, est en demi.

Malheureusement, ce quart de finale intense dont il ressortira avec quelques égratignures aura nettement affaibli l’Américain. Et lorsque l’on s’attaque au ‘King’, mieux vaut être en pleine possession de ses moyens, surtout lorsque celui-ci décide de poster le meilleur total de la compétition. Face à CJ, le timing de Kelly est tout simplement parfait. Il enchaîne les tubes profonds et les carves destructeurs sans faire de concessions, planant sur la vague de Cloudbreak avec une aisance déconcertante. Après un 10 parfait, il enfonce le clou avec une seconde vague à 9, 50 points pour un total de 19, 50 points. CJ ne peut plus rien faire, Kelly est touché par la grâce et vole vers la finale où il retrouvera Gabriel Medina, tombeur grandiose malgré deux planches cassées d’un Mick Fanning étrangement éteint.

C’est un fait, personne n’attendait le jeune Brésilien à ce stade de la compétition. Il est temps maintenant de s’y résoudre, Gabriel n’est pas juste bon à s’envoyer en l’air, il est aussi un savant tube rideur et s’apprête indubitablement à écrire les plus belles pages de l’histoire du World Tour. Seul Kelly à 19 ans, pouvait se targuer peut-être d’une telle maîtrise, et cette finale entre les deux symboles d’une génération était cette nuit chargée de sens. Malheureusement les vagues, d’une soudaine rareté, n’auront pas été au rendez-vous. Qu’à cela ne tienne, le réalisme et la compétitivité de Kelly ne souffrent aucune comparaison, et le Floridien était bien décidé à le prouver. Il ne lui suffira que de deux vagues pour signifier à Gabriel que son tour viendra et que des heures glorieuses éclaireront son futur, mais qu’il devra attendre encore un peu que le maître lui passe le relais.

« Ca faisait un bout de temps que je ne l’avais pas eu, » reconnaissait Kelly au sujet de Gabriel. « Il va probablement battre tout le monde dans les vingt prochaines années. Il peut tout faire et je pense qu’il l’a prouvé à beaucoup de monde cette semaine. Tout ceux qui font de la compétition sur le Tour sont là pour gagner, » ajoutait-il ensuite en abordant à demi-mots son futur sur le Tour. « Si tu gagnes des events, alors tu gagnes des titres de Champion du Monde. Malgré tout, à ce stade de ma carrière, je suis probablement plus concentré sur le fait de bien surfer. Les vagues étaient parfaites aujourd’hui. Il y a des gars qui gagnent, et d’autres qui perdent, mais tout le monde est heureux si les vagues sont bonnes. »

Avec un total de 18, 16 points, contre 10, 87 pour Medina, Kelly Slater remporte brillamment le premier Volcom Fiji Pro, et signe un retour fracassant sur une étape fidjienne qui redore quelque peu le blason de l’ASP. Une victoire qui hisse le ‘King’ à la seconde place dans le classement mondial, juste derrière Mick Fanning et avant la cinquième étape décisive de Teahupo’o en aout. La course au titre s’annonce à nouveau palpitante et une fois de plus, une question désormais récurrente depuis une petite vingtaine d’années est sur toutes les lèvres : Kelly Slater est-il en train d’envisager un nouveau titre ? Affaire à suivre.

Plus d’infos, de photos et de vidéos sur le site du Volcom Fiji Pro.

 

 


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3 commentaires

  • noodle
    14 juin 2012 23h59

    « une étape fidjienne qui redore quelque peu le blason de l’ASP »…???…. En refusant de lancer la compétition alors qu’ils avaient devant eux un break « world class » qui tournait a plein régime et les 44 meilleurs pro surfers de la planète pour s’y jeter dedans ? De quel blason on parle exactement?

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  • paul cinho
    13 juin 2012 12h28

    ce fut palpitant!au passage, l’ASP a vraiment bien fait de se motiver pour passer a Fiji c’était vraiment une bete de compet. Organisation à revoir car attendre 3 jours le swell surmassif pour au final un call off (amis geek bonjour) et ensuite bouger à restaurant à créer un vrai temps mort dans la compet. Cela dit cloudbreak mérite complétement sa place sur le tour!

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  • Flow
    11 juin 2012 13h06

    Ke11y ce héros!

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