Tavarua décrypté

Après le grand chelem australien et Rio, le WCT se met enfin à ressembler au Dream Tour vendu par la WSL. Tout savoir sur le combo Cloudbreak/Restaurants. À table !

02/06/2015 par Surf Session

Cinquième épreuve de la saison du World Championship Tour, le Fiji Pro est là pour redorer le blason du fameux Dream Tour, alors que les vagues des compétitions du premier semestre 2015 ne nous ont pas franchement séduits. Changement de programme à l’horizon avec cette destination confidentielle qu’est l’île de Tavarua, dans le sud de l’archipel des Îles Fidji, qui réunira l’élite masculine mais aussi féminine. Mesdemoiselles bénéficient d’ailleurs d’une épreuve distincte, qui précède celle des garçons ; un choix autant logistique que sportif, tant la capacité d’accueil de Tavarua est limitée (l’île voisine de Namotu étant également « réquisitionnée »).

« LE REEF DU TONNERRE »

Mais avant de disséquer les deux spots de compétition, faisons un grand pas en arrière dans le temps pour un topo historique de l’île. La légende veut qu’un chef fidjien du nom de Ratu Kini Vosailago qui régnait alors sur le sud de l’archipel au 19ème siècle fut victime d’une embuscade et mortellement blessé. D’une île voisine, il nagea jusqu’à Tavarua et y mourut. Les propriétaires de l’île offrirent celle-ci à la famille du chef assassiné, et ses restes sont encore aujourd’hui enterrés à Tavarua. Deux siècles plus tard, le surfeur Américain Dave Clark débute sa carrière d’instituteur aux Samoa américaines au début des années 80. En parcourant l’archipel des Fidji, il est intrigué par cette île en forme de coeur et y découvre un spot de rêve, puis un second à deux kilomètres au large, surnommé Naikurukurumailagi par les pêcheurs, soit « le reef du tonnerre ».

Avec un ami, Scott Funk, ils négocient un contrat de licence avec les descendants du chef Ratu afin d’exploiter commercialement Tavarua. Mais pas n’importe comment. Après avoir vu les dérives du développement surfistico-touristique à Bali, Clark a bien l’intention d’opérer une gestion maîtrisée à Tavarua, en limitant l’accès aux résidents de l’île. Lorsqu’il invita les grands reporters baroudeurs Kevin Naughton et Craig Peterson en 1984, le sujet qui s’en suivit dans Surfer Magazine propulsa Tavarua au rang de « next best thing ».

DE LA DIFFICULTÉ DE PRIVATISER UNE VAGUE

D’autres opérateurs venus des îles voisines, mais aussi tout simplement des Fidjiens voulurent très rapidement avoir leur part du gâteau pour surfer Cloudbreak et les tensions se firent grandissantes, jusqu’en 1992, année où les managers de l’île, Rick Isbell et Jon Roseman, se proposent de reprendre l’affaire en misant sur une politique d’accueil plus souple. Mais il faudra attendre 1996 pour que l’exploitation de Cloudbreak soit finalement scellée : après de nouveaux incidents, le gouvernement fidjien finit par décréter un permis spécial autorisant l’accès à Cloudbreak et « ses alentours » uniquement au resort de Roseman. Mais en échange, ce dernier devait ouvrir les vagues chaque samedi aux non-résidents. Ce ne sont pas les seuls termes du deal, puisque 5 % des revenus du resort sont reversés au village de Tavarua et une contribution d’environ un million de dollars va au gouvernement chaque année.

En juillet 2010, le ministère du tourisme fidjien surprend tout le monde en publiant un décret qui lève toutes les limitations énoncées plus haut : désormais, l’accès aux spots devient libre et la gestion de l’île fait l’objet d’une coopération entre les exploitants et le gouvernement.

L’ARCHIPEL AUX 300 ILES

Sur les 322 îles recensées aux Fidji, les deux tiers sont habités mais l’essentiel de la population (moins d’un million de personnes) se trouve à Viti Levu, où se trouve la capitale, Suva. Située à moins de cinq kilomètres à l’ouest de Viti Levu, Tavarua est accessible par bateau et hydravion. À quelques coups de rame de là se trouve l’île voisine et partenaire de Namotu.

La saison de surf se partage en deux périodes, un hiver d’avril à octobre où les houles nées en mer de Tasman se font consistantes et réveillent Cloudbreak, mais aussi le vent (offshore-crossshore), tandis que l’été offre des vagues plus modestes venues du nord Pacifique mais avec généralement peu de vent et de fortes chaleurs.

À peine le pied posé sur l’île, la vague de Restaurants vous accueille avec ses vagues données pour la moitié de la taille de celles de Cloudbreak. Plus petites, mais mieux ordonnées. La forme parfaite du reef donne à la gauche un rythme mécanique, mais extrêmement rapide : difficile de passer une manoeuvre un tant soi peu verticale ici de peur de perdre la section suivante ou simplement de se crasher sur le reef. Mais en retour, Restaurants offre un menu à base de longs tubes gonflés par le vent de sud/sud-est. Le décryptage du spot est sommaire, oui, c’est le résultat d’une perfection qui rimerait avec monotonie si la gauche n’était pas aussi phénoménale !

SURFER DANS LE CLOUD

Pour chercher de « l’imperfection », il faudra embarquer à bord d’une des navettes qui mènent à Cloudbreak, un spot situé à moins de deux kilomètres au sud, à l’extrémité gauche d’une passe impressionnante qui reçoit les houles de façon plus brute. Qui dit spot de haute mer, dit terrain de jeu mouvant. Et ici le line-up est XXL. On distingue ainsi trois grandes sections principales : The Point (aussi appelé The Top), The Middle et un inside baptisé Shish Kebab pour sa propension à prélever des tranches de viande sur le dos des surfeurs imprudents ! Comme vous l’aurez compris, et à la différence de la plupart des spots, ce sont ici les premières sections qui se révèlent les plus « safe ». Mais pas plus faciles.

Être capable de lire les sets qui rentrent à Cloudbreak exige de l’expérience, et un peu de chance (ou de vista diront certains) car la houle voyage vite et frappe le reef sous différents angles. Comme l’évoque Kelly Slater dans la vidéo plus bas, il utilise des points de repères (l’alignement entre la tour des juges et un sommet sur l’île de Viti Levu en arrière plan) pour trouver la zone de take-off idéale.

Pas très forte houle, la section outside de The Ledge se réveille et offre le genre de spectacle auquel nous avions assisté en 2012, lorsque le contest fut suspendu en raison de vagues trop grosses, bien qu’exceptionnelles.

Mentionnons également Kiddieland, la vaguelette qui fonctionne à marée haute aux abords de l’île et permet aux débutants de surfer en toute sécurité, en face du bar de Tavarua ! Ou encore la droite de Tavarua, facile à petite taille mais un slab effrayant quand le swell tape plus fort.

Kelly Slater décrypte les spots de Tavarua en hélicoptère :

Fji Women’s Pro 

31 mai au 5 juin

Vainqueur 2014 : Sally Fitzgibbons

Fiji Pro (hommes)

7 au 19 juin

Vainqueur 2014 : Gabriel Medina


Tags:



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*
*