[Best-of] Boat Trip Bad Trip aux Maldives

Un bateau qui venait d'accueillir des Français a sombré en mars dernier dans les Atolls du Sud. Récit du guide de surf qui était à bord...

23/12/2014 par Romain Ferrand

Publié le 25 mars 2014

Mars 2014 : une bande de copains français rentrent en France après un boat trip aux Maldives à bord de l’Aldebaran, un joli voilier de 25 mètres de long. C’est leur 4ème voyage dans l’archipel.

Après plusieurs jours de surf, pêche et bon temps entre potes, Giorgio, le guide de surf italien qui les a une nouvelle fois accompagnés sur ce trip, les dépose à l’aérodrome de Gaafu Daahlu, dans l’atoll d’Huvadhu. Lui, ainsi que l’équipage de l’Aldebara, rentrent à Malé par la mer. Mais le bateau n’atteindra jamais sa destination…

Giorgio a raconté sa mésaventure aux Français, qui ont eu la chance d’échapper à un naufrage en pleine mer. Récit :

“17 mars après midi : 

Aéroport de Gaafu Daahlu : Vous venez de partir après un nouveau super séjour (merci encore pour votre sincère amitié et votre compagnie super sympa !)

18 mars :

8h : Aldebaran prend la route vers Male. Beau temps mais vent d’est et nuages au loin.

15h : Au milieu du grand chenal qui sépare Gaafu Daahlu et les atolls du centre, Aldebaran commence à prendre de l’eau dans la salle des machines. Pas de communication. Absence de lignes téléphoniques et radio en panne. Le bateau s’arrête. Le générateur est à moitié noyé, le moteur ne marche plus. Pas moyen de lancer un SOS, et téléphone satelitaire inexistant. On pense à abandonner le bateau, mais on décide à la fin plus qu’il est plus sage de rester à bord. Les pompes marchent encore et le niveau de l’eau est encore sous la limite.

18h : On essaye de lever la seule voile qui est entière. Il semble qu’on arrive à bouger vers les atolls du centre. Le vent devient trop fort et, avec une rafale, la voile se casse. Le vent et le courant nous promènent vers l’océan. Mais on est a l’abri et on a à manger. On se dit que sur terre, ils vont se rendre compte qu’on est en difficulté et viendront nous chercher. On mange et on dort.

19 Mars :

7h : Aldebaran se trouve a 60 milles de la côte. Le niveau de l’eau à bord est préoccupant. Shumy plonge pour trouver les trous dans la coque, il en trouve 3, qu’on bouche. On essaie ensuite de réinstaller la pompe à eau, mais aucune batterie ne fonctionne. On travaille pour enlever à la main plus de 3000 litres d’eau, mais le niveau ne baisse pas. Au contraire, il ne cesse de monter. On prépare tout pour l’évacuation du bateau. Une chaloupe de sauvetage , un dinghy , 2 long boards et un gros tube gonflable pour faire la traine ( 3mx3m).

15h15 : Aldebaran coule. On est a 70 milles de la côte. Le temps est très bon : pas de vent, pas de nuages, mais on ne connaît pas la vitesse du courant. On monte sur le dinghy avec 60 litres d’essence. Le dinghy traîne tous les autres trucs flottants. Chacun ne prend que le nécessaire, et la plupart des effets personnels restent sur le bateau pour éviter un excès de poids. Mais le dinghy ne démarre pas…

20 Mars :

8h : on est à 137 milles de la côte. Le temps est bon : toujours pas de vent. La mer est une vraie piscine, on trouve la façon de réparer le dinghy. Le moteur démarre. On voyage 24 h sans arrêt.

21 Mars :

10h : on a récupéré 20 milles, on est encore à 117 milles de la cote. Il nous reste 5 litres d’essence. On décide de prendre le petit déjeuner. On se retourne vers la chaloupe pour donner la ration aux 4 autres, et là on voit le navire de la « Maldivian Coast Guard ». C’est la fête ! Il nous ont trouvé. Il nous faudra ensuite 12 heures de navigation pour arriver à Male, à une vitesse de 20 noeuds. On se rend vraiment compte qu’on était très très loin.

23 h : On arrive à la capitale. La presse et beaucoup de monde nous attendent. C’est un événement. Ils nous racontent que l’aviation indienne et les Américains avaient prété 2 avions militaires pour nous chercher. Six jours de plus et on arrivait aux Seychelles.

Pour le moment, je me trouve dans la chambre de ma guest house. Je viens d’y arriver il y a 4 heures. J’ai besoin de me reposer, mais tout va bien : la tête, l’humeur et le physique. Pas de problèmes. Les 7 de l’équipage et moi-même avons bien travaillé en équipe et personne n’a paniqué. Bien sur ça a été difficile, mais on a bien réussi a gérer la situation.

On dirait un film. Vraiment incroyable, je suis content d’être sur la terre ferme.

Giorgio”

Le bateau, pourtant “retapé” il y a 2 ans, repose désormais par le fond. Parmi les hypothèses envisagées pour expliquer le naufrage, celle d’une intervention juste avant le séjour des Français pour réparer des dégâts après une récente tempête, et la pose d’une nouvelle pompe à eau avec des vis non étanches…


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4 commentaires

  • Fred Gazeaud
    25 mars 2014 19h25

    Fort de quarante ans de surf je faisais partie de la joyeuse bande de quinquas habitués au line up des maldives et qui a quitté l’Aldebaran la veille du naufrage; Là ,je l’avoue, notre copain Giorgio et tout l’équipage ont failli ne pas revenir. Ce bateau des le début a démontré des signes de faiblesses . Pompe à eau défaillante, remontées d’odeurs, et nous avons du nous arrêter 1 jour à quai pour une réparation de fortune ne pouvant pas surfer. Il faut savoir que notre dhoni avait sombré sur le récif lors d’un coup de vent 2 jours avant notre arrivée. Par négligence dans l’entretien le proprio du bateau a aujourd’hui tout perdu. Nous tenons a féliciter notre pote Giorgio et tout l’équipage pour leur sang froid et leur calme . Amis surfers faites gaffe à la qualité des bateaux pour vos trips et au bon fonctionnement des radios, canots de sauvetage… Les bateaux sont souvent beaux et confortables , les équipages tops, Le Giorgio super top mais les armateurs ont tendance à oublier la maintenance. sinon les Maldives c’est super. La petite bande de Contissois et de Guethariars qui ont eu chaud aux fesses

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  • bruno
    25 mars 2014 19h00

    Antony, tu me l’avais dit avant de partir, tu avais raison! Bruno

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  • Nicolas
    25 mars 2014 18h59

    Le nom du Surf Guide c’est Giorgio et non Georgio !! Nous étions parti avec lui sur le Bateau « Black Pearl », un très joli bateau en bois qui depuis… a brulé !!! Enfin, bref, content que tu t’en soit sorti mon Giorgio !!!

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  • antony colas
    25 mars 2014 18h15

    Qui n’a pas rêvé de faire naufrage et d’en rescaper ! Le Bateau était l’AldebaraN ! Le passif des Goëlettes Turques aux maldives est lourd : Maarana incendié(2006), Bounty coulé (Mai 2013) et maintenant Aldebaran ! Belles de loin (les mâts, les voiles) mais loin d’être safe ! Encore en activité : Felicity ou Princess Aifa (pour Nord Malé pas de pb mais pour cruiser, à éviter)

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