Belharra en alerte

La vague basque va de nouveau faire parler d'elle dans les jours qui viennent. L'occasion de rappeler que derrière le spectacle et les sensations, il y a gros danger. La preuve.

05/01/2014 par Romain Ferrand

Les dépressions très creuses, depuis plusieurs semaines, ne cessent de s’enchaîner dans l’Atlantique Nord, générant des houles massives, saturant la plupart des spots mais réveillant le fameux spot basque. Prochaine session prévue sur place le mardi 7 janvier, avec de nouveau des surfeurs français mais aussi quelques internationaux (Hawaïens, Sud-africains…) prêts à scorer la vague.

Les prévisions météo faisant, l’annonce du déferlement engendre cependant des situations sur place périlleuses.

Lors de la dernière session du dimanche 22 décembre, les conditions de mer étant peu ventées, ce fut un peu le cirque sur et autour du spot avec beaucoup de bateaux et jet-skis spectateurs et beaucoup d’équipages dont certains ne sont peut-être pas très au fait du véritable danger à surfer une telle vague.

Stéphane Iralour, qui est actuellement avec Peyo Lizarazu et Benjamin Sanchis, un des surfeurs les plus expérimentés, engagés et entraînés de Belharra, a vécu lors de cette session le pire wipe-out de sa vie. Nul doute que les entraînements spécifiques et continus de natation/apnée mais aussi de boxe, de course en montagne ou encore de VTT qu’il fait tout l’hiver en plus des sessions de surf et SUP “classiques” avec ses compagnons de session lui ont sauvé la mise. Il raconte :

“Cette session du 22 décembre avait été largement annoncée sur Internet, c’était un dimanche, beaucoup de gens sont venus. Trop, je pense. Le spot est en pleine mer à 3 km du bord, s’il y a le moindre pépin tout peut vite devenir catastrophique. Greg Rabejac m’a confirmé qu’il y avait des gars en jet-skis à bras avec des Go Pro sur leur casque qui s’amusaient à suivre les surfeurs près de la vague pour les filmer.

Honnêtement, ils n’avaient rien à faire là. Je ne suis pas sûr qu’ils aient bien conscience du danger qu’ils courent, mais aussi et surtout qu’ils nous font courir en créant du sillage dans les vagues. Ce jour-là, la houle était  très puissante et les trajectoires compliquées à plus de 60km/h avec du clapot. Sur une vague, je suis parti avec Benjamin Sanchis, lui sur la droite, moi sur la gauche. En bas de vague, au moment du bottom j’ai tapé un gros clapot,  mes dérives ont perdu prise et je suis tombé à plat sur le dos.

Je suis remonté dans la face avec l’aspiration de la vague et j’espérais pouvoir passer de l’autre côté, mais j’ai été pris par la lèvre et j’ai fait l’ascenseur en repartant avec elle. J’ai été envoyé au fond avec une violence extrême.

Dans le choc sous l’eau mon gilet de flottaison a été arraché, et j’ai de suite compris que je ne remontais pas facilement. Grâce à ma préparation mentale en amont, j’ai réussi à rester calme pour ne pas surconsommer d’oxygène , mais vu le noir autour de moi et le calme je savais que j’étais très profond.

Quand j’ai décidé de pousser avec mes bras pour remonter, j’ai senti que j’avais beaucoup de pression sur moi, j’ai compris que je passais sous la seconde vague. Je suis donc reparti au fond pour attendre en veillant à garder mon calme. Quand j’ai senti finalement que ça s’est atténué, j’ai poussé et j’ai refait surface. Aussitôt Eric, Peyo et Max étaient là pour me récupérer.

Ceux qui ont vu la vidéo du wipeout me disent que je suis resté un peu plus de 50 secondes sous l’eau. Sachant qu’au moment de l’impact j’ai perdu pas mal d’air de mes poumons, autant de temps dans une machine à laver c’est très long. Je pense que j’avais encore une dizaine de secondes de marge grâce à mes entraînements, mais pas plus.

Comprendre que tu peux être en train de mourir sans paniquer est vraiment extrême et je suis remonté un peu sonné. Je suis convaincu que j’ai résisté grâce mon expérience et au travail physique et mental que l’on a mis en place avec quelques surfers.  Mais je suis aussi convaincu que bon nombre de  surfeurs sur le spot ce jour-là n’étaient pas préparés à ça.

A Belharra, certes il y a parfois des caméras et des spectateurs. Aussi attirant soit cet environnement, j’aimerais que chacun évalue au préalable les moyens qu’il aura mis pour se préparer mais aussi et surtout sa capacité à supporter l’envers du décor, mortel, avant de se mettre à l’eau.”

Des paroless lourdes de sens qui rappellent qu’une session à Belharra n’est pas un spectacle et que le danger est omniprésent, pour les surfeurs comme pour les spectateurs.

Le portail web Webcam HD proposera d’ailleurs une nouvelle fois de suivre la session en live sur son site mardi 7 janvier. A bon entendeur…

En images, le wipe-out impressionnant de Stéphane Iralour, le 22 décembre 2013 (à 0’50 ») :


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10 commentaires

  • Romain
    7 février 2014 23h34

    Il m’a fallu un moment et beaucoup de concentration pour lire – et surtout comprendre – tes commentaires. Merci Kevin pour ce doux moment de littérature.
    Tu salueras tes profs de ma part ok ?

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  • Kevin Petit
    29 janvier 2014 4h32

    Mdr lez ambrouye entre smurfers et jet ski, la verite c ke c le keum en scooter ki ramass lé go pa lé boloss a iép alor lé surfer c un peu dé keum a iep dok il respekt le keum en scoot. T ouf c normal!
    En + le best a belharas c bixente lizarazu ki a di a la radio ke c eté bien cool é lui i jout au foot en + genre avek zizou donc imajine si lui i di ke c fassil memme son fraire ki a 1 non de schtromf lé keum dize tous kil ai un peu genr boloss a cauze de son frair ki se tap les gows styl chenteuzes et l autre il se tap ke ce ki reste é il é super degouté mai tou le monde sai ke la jalouzi c pas aram donk fo etre kool avec ces keum ki s i croive tou seul un peu gol.
    Ok?

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  • Julien
    10 janvier 2014 16h31

    Personne pour dire qu’un mec en jet à bras a force de passer et repasser entre les vagues a fini par se faire choper mardi avec sa machine et sa camera à Belharra ?
    Je suis pas habitué à répondre à ce genre d’âneries mais traiter Iralour de prétentieux, faut vraiment jamais l’avoir rencontré. Où il dit que seuls les historiques ont leur place et pas les autres ? Il dit juste que cette médiatisation attire certains surfers qui ont envie d’avoir des images d’eux à Belharra mais qui sont pas tous forcement encore prés en tracté ou assez expérimentés à la rame. Du coup au travers du témoignage sur sa boîte, il cherche juste à sensibiliser sur le fait que c quand même dangereux et que quand ca tourne mal ca peut être mortel… C’est un rappel. En tout cas pour avoir ete sur un bateau mardi et l’avoir vu lui et ses collegues s’engager a la rame au milieu de l’ocean et beh Belharra moi plate ou pas plate je dis respect !

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  • pierre
    6 janvier 2014 10h28

    salut a tous
    Bien prétentieux Mr Iralour de prétendre que seul lui et les anciennes équipes étaient bien préparées…
    Puis je doute que les premières fois où il y a été, il était aussi bien préparé.
    bonne soirée

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  • Garden74
    6 janvier 2014 8h25

    Attention ! Ceci n’est pas un spectacle …
    Vous me faites marrer là ! Chaque fois qu’une nouvelle session arrive, vous en faites vos choux gras et vous écrivez ça …
    Alors, c’est quoi au juste ??? …
    Si ce n’est pas un spectacle : pas de photos, pas de vidéo, pas d’articles …

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  • guy
    6 janvier 2014 0h00

    il a bien raison GILLE BURNIER sur ce coup là !!

    la police maritime ferait mieux d’aller faire un tour au port demain matin afin d’interdire l’accées au spot tous ce pilotes sans permis….
    c’est une grande mascarade ce cirque.
    je suis curieux de voir les conséquence juridique au premier accident grave…

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  • kalish
    5 janvier 2014 23h21

    Et j’ai oublié la wax!

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  • kalish
    5 janvier 2014 23h20

    C’est pas pour faire mon troll mais le surf est une des activités les plus demandeuses de pétrole, entre les déplacements en avion, voiture, le chauffage dans le cametard, les planches, la résine, les combinaisons, les ailerons et les nosetips perdus dans l’océan, les lunettes de soleil, la crême pour l’été, et même si c’est à la plage tout ça, et que beaucoup portent des dread locks, c’est une activité humaine parfaitement semblable aux autres, et les solutions ne sont pas nombreuses. Ceci dit ça n’est le sujet ici, c’est compréhensible qu’un surfer se sente importuné par un jet, moi ça m’a toujours gavé, peut-être que vous auriez du en discuter plutôt que de passer par un site public?
    Petite erreur de typo en début d’article, c’est mardi 7 janvier, pas 7 décembre.

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  • Vlam
    5 janvier 2014 22h46

    Belle description de l’épreuve du wipe out!
    50 secondes d’apnée, c’est vraiment énorme dans des conditions pareilles, et c’est l’équivalent de 3 vagues sous l’eau. (un peu moins si on considère le fait de « dégager » au fur et à mesure.

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  • BEURNIER GIL
    5 janvier 2014 20h55

    Dans le texte : « Greg Rabejac m’a confirmé qu’il y avait des gars en jet-skis à bras avec des Go Pro sur leur casque qui s’amusaient à suivre les surfeurs près de la vague pour les filmer »

    GB : Greg a dû voir grand ce 22 Décembre car il n’y avait pas des jets à bras mais un seul et que le pilote avait autre chose de plus personnel à faire avec sa GoPro que de filmer les surfeurs dont l’égo dépassent l’entendement!

    N’oublions pas, une fois encore, que l’océan est le bien de tous et qu’a cette distance de la côte un jet à plus (légalement) sa place qu’un surfeur… Que les pilotes n’ont ni Brevet d’état de ski nautique ou de diplômes pour les « engins tractés » leurs permettant cette activité.
    Le jet à bras est la base du « jetski », il ne faut pas l’oublier et sans ces « Scooters des mers » qui vous tractent, vous seriez reléguez au simple rang de « bons surfeurs » qui prennent des vagues de 3m ou 4m à la rame (comme il y en a des milliers à travers le monde!

    Ce qu’il faut que tu saches Stéphane, c’est que le mec qui était en jet à bras ce jour là c’était moi!
    Que depuis que je fais du jet (1987), j’ai vu tout un tas de surfeurs très virulents me critiquer quand j’allais à la Nord d’Hossegor (entre autre, alors que j’étais à plus de 300m) qui me parlaient de pollution et autres lubies, pour finalement se mettre au surf tracté quelques années plus tard, parce que ça faisait bien d’avoir des photos de grosses vagues à montrer aux copains et qu’enfin un magazine de surf allait peut-être parler d’eux!
    J’ai été certainement le premier Européen à faire du surf tracté (1988) avec un jet et même des années avant nous avions une base de planche à voile sur le lac d’Hossegor avec mon frère et nous prenions le Zodiac pour aller se larguer au larges des « Gardians » à Seignosse!
    Lorsque les premiers Belharra on marché, Larronde et Lartizien m’en tenaient informés pour que je me joignent à eux, malheureusement je passais tous mes hivers au chaud à l’étranger. Je ne suis donc pas venu souvent sur le spot (juste 4 fois) mais ne t’inquiète pas, ce n’ai pas moi qui mettrai quelqu’un en danger. J’ai fait du jet mon métier depuis 15 ans, enchainant les championnats du Monde et les shows internationaux, j’ai même une école de pilotage dont bon nombre de surfeurs mériteraient d’y venir faire un stage!

    Sur ces mots je te souhaite une bonne année et une bonne grosse session demain 7 Janvier à Belharra…

    GB

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