Le coup de pression d’Aaron Gold

L'Hawaïen a des poumons d'acier, et a pu s'en rendre compte lors de sa première session à la rame à Jaws, il y a cinq ans.

28/01/2016 par Romain Ferrand

Aaron Gold a connu son moment de gloire il y a deux semaines en prenant la plus grosse vague de la session historique à la rame (voir vidéo en bas d’article) qui s’est déroulée à Jaws. Un ride venu récompenser une vie entière consacrée aux grosses vagues, et surtout de longues passées au line-up de Jaws. D’autant qu’il n’est pas prêt d’oublier son baptème sur le spot :

“C’était la toute première fois que je me rendais à Jaws à la rame, il y a 5 ans peut-être. Je m’étais déjà rendu sur place une fois auparavant, mais il n’y avait pas de vagues ce jour-là. Bref, c’était le matin, il pleuvait des cordes, les chemins étaient boueux, les voitures se rentraient dedans, on se demandait vraiment ce qu’on faisait là. On n’avait pas encore vu les vagues.

Quand on est finalement arrivés, on a enfin vu le spot : c’était parfait. Il y avait probablement 30 pieds, soit 60 pieds (18m) de face, vraiment puissant. On s’est jetés à l’eau et au bout d’une heure je n’avais pas encore pris une seule vague. Soudain la plus grosse série de la journée est arrivée, 4 ou 5 d’entre nous nous sommes pris la première vague de plein fouet. Je me suis fait explosé, mon leash a cassé direct et je me suis fait traîné comme jamais sous l’eau, depuis l’outside, jusqu’à l’inside.

J’étais vraiment profond, je pouvais sentir la pression sur mes tympans, il faisait noir. Au moment où j’ai commencé à remonter, j’ai entendu la vague suivante me passer dessus. Je me suis dit : “wouah, c’est taré !”. J’avais pourtant mon gilet de flottaison gonflé mais j’étais toujours sous l’eau. J’ai commencé à stresser, à paniquer, mais je savais qu’il fallait à tout prix que je reste calme. Alors j’ai essayé de me détendre, de réfléchir, et je me suis dit “il faut que je remonte”. Et alors que j’approchais de la surface – BOUM ! – la 3ème m’est arrivée dessus. J’étais proche de la surface, mais je reparti pour un tour, me faisant encore traîner pendant de longues secondes.

Quand je suis remonté et que j’ai vu la distance parcourue sous l’eau, je n’en revenais pas. Je suis parti de l’endroit le plus au large du line-up pour finir quasiment aux rochers. Ca représente plusieurs centaines de mètres. Les jet-skis me cherchaient 100m plus au large, et j’ai dû hurler pour leur signaler ma présence.

Est-ce que j’ai eu peur de mourir ce jour-là ? Quand la deuxième vague m’est passée dessus je me suis d’abord demandé : “ça y est ? Mon heure est venue ?” et j’ai brièvement pensé à 2 ou 3 choses. Mais l’expérience fait tout dans ces moments-là, et j’ai su qu’il fallait me calmer et essayer de gérer au mieux cette situation. Ton corps est en stress maximum, l’adrénaline se répand absolument dans chacun de tes membres, mais tu dois garder ton esprit au calme. C’est ça qui va te sauver.

Merci Mon Dieu d’avoir survécu à ça. C’était ma toute première expérience sur le spot, je n’avais pas encore pris de vagues. Heureusement je suis retourné au line-up après ça et j’ai pu avoir deux vagues. C’est à ce moment que j’ai réalisé à quel point cet endroit était dingue, et qu’il fallait vraiment l’aborder avec respect. Jaws, c’est de l’énergie pure. Mais sur le coup, c’était vraiment un énorme coup de stress”.

Photo : Aaron Gold, North Shore janvier 2016 – ©S. Cazenave

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