Le coup de pression de Sylvain Cazenave

Avec plus de 30 années passées derrière l'objectif, le célèbre photographe français avait forcément un coup de pression à partager... Freak set ? Qui a parlé de freak set ?

12/10/2012 par Romain Ferrand

« L’histoire se passe au milieu des années 80. Je me rappelle que ce jour-là un gros swell de Nord Ouest est annoncé sur Hawaii. Waimea Bay, super ! J’avais déjà fait des photos là-bas. Lorsque Waimea Bay fait 18 pieds (6 mètres, ndlr) et que ce n’est pas close out, c’est tout à fait gérable de shooter… La falaise est remplie de monde. Une fois sur place, Ken Bradshaw me dit que le pic de houle va être vers 15h. Je décide alors de me jeter à l’eau vers 13h30. Les sets font entre 15 et 18 pieds. Raisonnable, mais le problème à Waimea c’est qu’on ne sait jamais réellement quelle taille il y aura une heure plus tard. Plein de gars hésitent. Bradshaw, Noah Johnson qui venait tout juste de débarquer de Big Island, Mark Foo, les frères Willis… se jettent à l’eau. Je shoote. Je n’ai pas de montre.

Au bout d’une demi-heure, on entend une sorte de hurlement collectif qui vient de la falaise : « Ouahhhh !!! ». Tout le monde commence à hurler. Je regarde au fond et là je vois l’horizon qui commence à monter : Merde, la série que je ne voulais pas ramasser. Je commence à ramer à fond pour m’échapper le plus possible vers le large. Ça gueule, ça hurle, ça siffle ! À ce moment là, le temps s’arrête. Tout d’un coup, je vois arriver un truc énorme. C’est la flippe intégrale. Tout l’horizon barre. Je sais qu’elle va me péter dessus : « Fuck ! » En tout cas, hors de question que je lâche l’appareil.

La vague casse à 20-25 mètres de moi. Je commence à plonger et descendre le plus profond possible… Et puis « boum », un énorme mur blanc me rentre dedans. Je suis brassé dans tous les sens. La notion du temps et de l’espace a complètement disparu. On te dit toujours que quand tu vas au fond, c’est tout noir : Je confirme !

Et puis d’un coup, sans vraiment comprendre pourquoi, la vague me lâche. À ce moment-là, je n’ai plus beaucoup d’air dans les poumons mais je vois la surface. J’écarte les 30-40cm d’écume pour respirer et surtout voir ce qu’il y a derrière. J’ai pas mal reculé mais par chance cette série arrive de l’Ouest et la deuxième vague casse à peine. J’ai le temps d’attraper mon matelas gonflable, ramer à fond et passer tout juste en me disant que je vais prendre un deuxième impact.

Pour une raison X ou Y, le matelas ne se fait pas embarquer et je passe. Je regarde derrière : plus rien. Je regarde au pic : un carnage. Je vois des planches dans tous les sens, des gars en train de nager pour récupérer les boards… Fait du hasard, arrivent alors Buzzy Kerbox et Laird Hamilton qui rigolent et me lancent un « alors c’était bien ? ». Qu’est-ce que je fais ? Il n’y a plus rien à l’horizon… Je regarde les gars. Personne ne rentre. S’ils ne rentrent pas, moi non plus ! Je suis donc resté pour shooter encore une heure ou deux. J’ai d’ailleurs eu quelques bons shots de Mark Foo, Laird, Ken… C’était juste le « freak set » de la journée ! »

Photo : Sylvain Cazenave, Biarritz octobre 2012 – © Vaisse

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