Une mobilisation d'envergure
Les Australiens pensaient en avoir fini avec le projet pétrolier. De nombreuses associations s'étaient montées pour unifier toutes les voix qui souhaitaient protéger leurs côtes. Une mobilisation qui ne s'était pas limitée aux réseaux sociaux, des actions concrètes furent menées. Parmi elles, Save Our Coast avait réalisé un travail de sensibilisation énorme. L'ONG luttait essentiellement contre les repérages par ondes sismiques. Le groupe pétrolier, Asset Energy, en charge du projet, en était aux phases de recherches. À l'aide de bateaux équipés d'appareils dernier cri, ils sondaient les fonds marins dans une vaste zone de 4 575 kilomètres carrés, en espérant trouver des réserves de gaz naturels. Cette phase est essentielle pour le groupe qui ne voulait pas se lancer dans une exploitation pouvant s'avérer infructueuse. Ces recherches menaçaient les mammifères marins vivant dans la zone allant de Newcastle à Manly. C'est également la zone la plus peuplée du littoral Australien.

On retrouvait également d'autres ONG bien connues sur le front, comme Sea Sheperd ou Surfrider Foundation. La marque Patagonia s'était, elle aussi, investie dans le combat. Toutes se sont unies sous une seule bannière, the Great Australian Bight Alliance. Des personnalités se sont ralliées au combat. Comme le journaliste de Surfing World Magazine, Sean Doherty (en charge des campagnes de Patagonia en Australie et investi au sein de Surfrider Foundation). Ou encore le politicien de gauche Anthony Albanese. Cet effort commun a porté ses fruits. À la fin de l'année 2021, c'était officiel, le projet fut rejeté. Le Premier Ministre de l'époque lui-même l'avait annoncé sur toutes les chaînes de télévision nationales. Mais Scott Morrisson est aujourd'hui accusé d'avoir bien caché son jeu.
La lutte n'est pas finie
Lui qui était ouvertement favorable à l'exploitation de ce gisement, a soudainement décidé d'écouter les citoyens, unanimement opposés à ce dernier. En réalité c'était un cas d'école de mensonge politique. Pendant son mandat, Scott Morrisson s'est nommé à la tête de plusieurs ministères, sans que cela ne se sache. Il a ensuite utilisé sa position au sein de ces derniers pour faire arrêter le PEP 11, confortant ainsi sa popularité. Son successeur qui n'est autre que Monsieur Albanese, arrive donc au pouvoir avec une pression considérable des compagnies gazières. Anthony Albanese est arrivé au pouvoir le 23 mai 2022 avec des convictions fermes et catégoriques : "Absolument, nous empêcherons le PEP-11 d'aller de l'avant, point final. Point d'exclamation. Pas de question. Pas d'équivoque. Pas de si, pas de mais." Depuis que le dossier refait surface et que le rejet de la demande d'extension de l'exploitation a été contesté par le groupe pétrolier, les gens lui reprochent de ne pas prendre position contre cette action en justice.
C'est là que Asset Energy, le plus gros financeur du projet, perçoit l'opportunité de voir le projet se concrétiser. Le gouvernement australien a accepté la demande d'annulation auprès du tribunal pour éviter toute bataille juridique, longue et coûteuse. La décision d'annuler ou non le projet, est donc revenue à deux acteurs principaux, le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud et le Ministère fédéral des ressources. Tous deux ont affirmé leur refus. Mais en réalité c'est le gouvernement qui a eu le dernier mot. Ce dernier a décidé d'annuler l'action en justice et la nouvelle Ministre en charge de l'énergie a affirmé que "le gouvernement australien et Asset Energy sont parvenus à un accord pour mettre fin au litige en cours concernant le PEP 11 et ont déposé des propositions d'ordonnances de consentement auprès de la Cour fédérale d'Australie". Le gouvernement actuel estime que le dossier doit être réouvert à cause des malversations de Scott Morrisson.
Une bataille de gagnée mais pas la guerre
Les Australiens et les Australiennes retourneront sur les plages comme ils l'ont déjà fait. Ce combat ne concerne pas que les surfeurs. Toute l'activité locale est impactée par ces recherches sismiques et par le potentiel forage. Les pêcheurs de la région constatent que depuis le début de ces activités, les réserves de poissons se vident. Les secteurs du tourisme et de la plongée sous-marine souhaitent que le projet soit définitivement mis à l'arrêt. Sans parler du fait que les citoyens ont pris conscience des effets directs du réchauffement climatique. L'Australie est secouée par de plus en plus de catastrophes naturelles, plus intenses qu'auparavant : incendies, inondations, cyclones etc.
Pour sa part Dominic Perrottet, l'actuel Ministre de la Nouvelle-Galle du Sud, a conservé ses positions concernant le PEP 11. Il fera partie de la mobilisation contre le projet et a pris les devants en adressant une lettre à Anthony Albanese. Cette dernière réaffirme officiellement son opposition et celle de son gouvernement (comprenant James Griffin et Sophie Scamps). Un autre sénateur s'est lui aussi opposé au projet, il s'agit de Pete Whish-Wilson, lui même surfeur. Dans un pays qui fonctionne quasi exclusivement au gaz et au charbon, le poids des compagnies de ces secteurs pesant sur les politiques est énorme. Mais les surfeurs resteront unis dans leur lutte pour protéger cet environnement qu'ils chérissent tant.