Taj Burrow : l’interview exclusive

Compétition, jugement, requins, filles, cinéma... l'actuel N° 3 au classement mondial répond à nos questions :

24/09/2010 par Romain Ferrand

Taj Burrow a sans conteste été un des fers de lance de la nouvelle génération des surfeurs de la fin années 90, aux côtés d’Andy Irons, Parko, Mick Fanning… Aérien, stylé, rapide, tout le monde lui prédisait un titre de Champion du Monde. Et pourtant toujours rien, 12 ans après ses débuts sur le World Tour.

Mais 2010 pourrait bien être son année : après un début de saison fracassant, il pointe désormais à la troisième place du classement derrière Kelly Slater et Jordy Smith.

Nous l’avons rencontré à Tahiti il y a quelques semaines chez le local Hira Teriinatoofa qui l’héberge depuis plusieurs années à l’occasion du Billabong Pro Tahiti.

Taj revenait de l’aéroport de Papeete où il venait de régler quelques formalités douanières après avoir récupéré plusieurs planches pour Teahupoo, Trestles et les épreuves européennes.

Plutôt serein, il a accepté de répondre à nos quelques questions sur la terrasse de la maison d’Hira… Magnéto :

Comment gères-tu la pression d’être l’actuel N° 3 ?

Sérieusement, je ne ressens vraiment aucune pression… Bien sûr, c’est agréable d’être en bonne position, mais je ne pense pas trop au classement. Même si j’ai envie de bien faire pour améliorer ma place…

Je ne peux pas croire que tu ne penses pas au classement…

Oui, c’est vrai, un peu quand même… Mais c’est encore trop tôt pour se mettre la pression. Il reste encore 4 événements et ça ne ferait que me freiner. Si je suis second ou troisième lors de la dernière épreuve, alors oui, je te dirai que je ressens de la pression. Pour le moment, il est important de se relaxer, prendre du plaisir et surfer de mon mieux, c’est tout ce qui compte.

Après ta victoire à Pipeline fin 2009, tu as enchaîné plusieurs victoires sur le circuit WQS en Australie ainsi que sur la 1ère épreuve du World Tour à Snapper. Tu te sens toujours autant en forme en ce moment ?

Oui je me sens bien. Ce début d’année était une bonne période. La meilleure de ma carrière c’est sûr. C’était bon de voir son nom en tête du classement (rires). Mais je savais que ça allait s’arrêter à un moment et je devais être relax au moment où ça arriverait. Et ça a pris fin au Brésil, ce qui était plutôt décevant, puisque c’est un endroit où je sens que je peux faire de bons résultats. J’ai ensuite fini 3ème à J-Bay et j’espérais alors repartir sur un bon cycle comme ce que j’avais fait en décembre.

Quelle est l’épreuve sur laquelle tu te sens le plus en confiance sur le Tour ?

J’aime toutes les épreuves mais je dirais Trestles, parce que je voudrais réellement gagner là-bas et j’y suis presque arrivé. J’adore la vague. J’étais vraiment déçu de perdre de très peu là-bas contre Kelly il y a quelques années.

Qu’est-ce que tu penses du nouveau format, du Top 34, des nouveaux tableaux de série ?

Je pense que ça va être bien, même si je ne le comprends pas (rires), personne ne le comprend. Mais la principale raison est que je n’ai pas à m’en soucier car je suis bon dans les classements. Mais… moins de surfeurs, plus de prize-money et ce sera plus excitant pour les spectateurs. Je pense que les nouveaux formats de séries vont pousser les surfeurs, proposer du meilleur surf et de meilleurs heats…

Tu es donc d’accord avec les nouveaux critères de jugement mis en place cette année qui favorisent les aerials et les manoeuvres modernes ?

Oui, mais je pense qu’ils (l’ASP et les juges) sont allés un peu trop loin. Ils donnent trop même pour un petit aerial, alors qu’ils ne doivent pas oublier qu’ils doivent juger les combinaisons de manoeuvres, et pas que des airs. Tu dois être un surfeur complet, mais si quelqu’un sort un aerial, c’est « wouah, un gros score qui va tomber« …

J’ai noté une chose à J-Bay cette année. Jordy Smith était contre Bede Durbidge je crois. Il n’avait pris qu’une vague et devait faire quelques chose de bon pour repasser en tête. Sans manquer de respect à Jordy, il a fait un tout petit « Superman air », plutôt médiocre. Mais il y avait du suspense, les juges étaient excités, il ne restait que quelques minutes dans la série et la foule a hurlé après cette manoeuvre. Et il est passé. Ça arrive tout le temps, ça rentre en compte. Il y a de petits exemples comme ça, tu vois, des tentatives médiocres comme celle-ci qui rapportent de gros scores… Ils doivent faire attention à ne pas récompenser chaque petit aérial en oubliant le bon surf.

Ce genre de choses peut coûter un Titre mondial ?

Je suppose que oui. Comme une différence entre la 1ère et la 3ème place. Jordy méritait de gagner pour avoir fait quelque chose, mais je ne pense pas que ça valait un si gros score. Mais au final oui, tout affecte le résultat.

Les critères de jugement sont bons en général, ça aurait du changer depuis longtemps et ça a pris du temps à rattraper le surf. Je sais qu’ils (l’ASP) y ont travaillé dur, ils m’ont demandé des infos sur les différents airs, les types de grab… On ne peut pas dire « un air reverse vaut 6 points » parce qu’il faut prendre en compte la vitesse, la taille de la vague, la hauteur… Ils connaissent maintenant tous les types d’aerials, c’est bien. Ca arrive juste un peu trop tard.

Changeons de sujet : les requins. Il y a eu une attaque mortelle près de là où tu surfais en Australie de l’Ouest il y a quelques semaines (voir news). C’est quelque chose de préoccupant là-bas ?

C’est flippant. Certains de mes potes étaient sur place quand c’est arrivé et c’était vraiment horrible. Mais parce que c’est chez moi, je n’ai pas peur quand je surfe dans le West Oz. Par contre, si je suis dans un endroit sharky ailleurs comme l’Australie du Sud ou le Queensland, alors je flippe. Il y a eu 2 attaques sérieuses dans la même zone vers chez moi durant les 5 dernières années. Alors…je sais pas trop… Ca arrive, c’est affreux, mais pour revenir à cette histoire, c’est évident qu’il fallait sortir de l’eau : il y avait des phoques qui sautaient sur les rochers, les surfeurs sortaient de l’eau alors que lui ramait vers le line-up et a été pris à tort pour un phoque. Personnellement, je n’en ai jamais vu chez moi, seulement au nord dans des endroits comme Gnaraloo. Mais jamais dans le Sud. Ce qui est une bonne chose parce que si tu en croises un dans le sud, il y a de grandes chances que ce soit un requin Blanc.

A part ça, comment se sont passés tes débuts d’acteur ? Tu envisages de nous quitter pour Hollywood si tu ne gagnes pas cette année ?

Quoi ??? Ah, tu fais référence à Blue Crush 2, c’est ça ? (rires) On m’a juste demandé de faire une scène à la dernière minute à J-Bay (voir news) et j’ai passé 7 heures en combinaison à sérieusement cailler, juste pour 2 répliques. Ca montre à quel point je suis bon ! Il pleuvait des cordes, il faisait froid, il y avait du vent, et ils essayaient de tourner cette scène avec une organisation énorme, des feux, des radiateurs, des tentes, des gens qui nous couvraient avec des parapluies…. C’était dingue. J’avais ma propre caravane avec mon nom sur la porte, ce qui était plutôt sympa. Ils ont dit que c’était plutôt bon, on verra bien (rires). Je pense que ce sera un film moins important que le premier. Il n’y a pas Kane Bosworth dans celui-ci pour mettre en appétit…

A ce sujet, tu as la réputation d’être ce qu’on appelle « un homme à femmes »…

Ahhh je savais qu’on allait y arriver… (rires) Comment ça ? Pas du tout, mais j’ai été un des mecs du Tour à rester célibataire le plus longtemps. La plupart des gars se sont calmés mais moi je ne pourrais pas faire le Tour avec une famille, c’est trop dur. J’ai déjà du mal à me gérer moi-même quand je voyage, alors je garde la vie de famille pour le prochain chapitre ! Le Tour est une bonne chose pour être célibataire…

Justement, de quoi sera fait le prochain chapitre ?

Je ne sais pas vraiment… Me poser un peu en Australie de l’ouest, et passer mon temps entre là-bas, Sydney et Bali, ce sont mes endroits favoris. Je ne peux pas encore me poser définitivement, on bouge toutes les 2 semaines, alors se retrouver dans un seul et même endroit me ferait bizarre. J’espère juste continuer à m’éclater, surfer, peut-être continuer à travailler avec Billabong. Mais pas dans un bureau.

Devenir responsable marketing ?

No way (rires).

PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN FERRAND.

Pour plus d’infos : tajburrow.com


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1 commentaire

  • Un gars de passage
    23 septembre 2010 21h58

    C’ est quoi la musique??

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