Sri Lanka : focus sur Midigama avec Yannick Poirier

En supplément du reportage du mag de mai, retrouvez des photos inédites de Midigama et une interview d'un surfeur breton expatrié depuis 12 ans :

22/05/2012 par Romain Ferrand

Véritable ambassadeur francophone au Sri Lanka, le sympathique breton Yannick Poirier partage depuis une douzaine d’années la vie des habitants du village de Midigama pour le meilleur et pour le pire. A travers son histoire et les événements qui l’ont marqué, il nous offre une vision interne de ce pays qu’il aime tant.

Salut Yannick, peux tu nous raconter quand et comment tu es arrivé au Sri Lanka ?

En 1999, j’avais 30 ans, je vivais dans les Landes depuis 10 ans, j’avais un boulot plutôt sympa au CREPS à Capbreton et je me demandais ce que j’allais faire les 25 prochaines années. N’ayant aucune idée précise, je me suis arrangé avec la DRH pour prendre une année off pour réfléchir. Un très bon ami avait été au Sri Lanka à Midigama et m’avait dit que ça me plairait sans aucun doute. Bingo, je suis arrivé ici et j’ai rapidement rencontré Jaï de la Subodinee guesthouse avec qui le contact est passé instantanément ! Je suis resté 6 mois ici avant de rentrer bosser en France. J’ai ensuite fait ça pendant 3 ans en “simple touriste” véritablement adopté par la famille de Jaï, j’apprenais le cingalais… puis ce dernier m’a conseillé de monter une affaire ici afin de pouvoir vivre à l’année. J’ai alors monté mon école de surf l’hiver 2003-2004.

Comment était le village de Midigama à l’époque ?

Même si ça reste un petit endroit calme et préservé, il y a 12 ans tout était encore plus rudimentaire. Il y avait des coupures d’électricité 4h par jour, on s’éclairait le soir à la bougie, il n’y avait pas de ventilateur et évidemment pas de téléphone. Il y avait une douzaine de surfeurs au maximum à l’eau.

Sais tu quand et comment le surf est arrivé ici ?

En 1972, Tony Hussein Hinde et Mark Scanlon, deux baroudeurs Australiens pionniers du surf aux Maldives, ont parcouru la côte SW du Sri Lanka et découvert pas mal de spots. En passant à Midigama, ils rencontrent des habitants comme Jaï qui leur proposent de quoi manger et dormir. Puis les années suivantes, d’autres surfeurs font escale dans le village et viennent surfer les vagues du secteur. L’afflux de surfeurs est resté très limité durant les 80 et 90’s et ne commence à se développer véritablement que depuis 10 ans.

Quel est le potentiel surf de cette région et qu’est-ce que tu aimes tant dans ce pays ?

Entre Midigama et ses alentours, je dirais qu’ il y a une dizaine de vagues différentes et très sympas. Ce ne sont pas forcément des vagues « world class » mais à la bonne saison, le vent off et le soleil sont calés,  il y a alors de quoi se faire vraiment plaisir en profitant de chaque session dans une eau chaude, un décor magnifique et une ambiance généralement conviviale !

Le Sri Lanka a évidemment bien plus que des vagues à offrir et ce pays est d’une richesse énorme. En plus des paysages époustouflants, de la culture riche de 3500 ans et la nourriture, j’aime profondément les gens ici, leur humanité et leur manière de voir la vie. C’est vraiment un peuple ouvert, simple et authentique qui te prend par la main et t’emmène dans sa culture.

Décembre 2004, un horrible tsunami a ravagé une partie du littoral du Sri Lanka. Quels souvenirs gardes-tu de cette effroyable catastrophe ?

Le jour du tsunami,  j’étais en cours de surf avec 3 élèves à la plage de Welligama un peu au sud quand l’un d’eux me fait remarquer que la marée semble monter à vue d’oeil. Sentant qu’un truc anormal se passe, je leur dis de ramer le plus possible dans la baie vers le large en restant bien attachés à leurs planches et je retourne au bord pour aller chercher notre chauffeur Akalanka. Je me fais soudain emporter par une montagne d’eau vers le rivage, et je réussis in extremis à éviter de me fracasser contre un arbre en me protégeant avec ma planche Bic qui se plie et me permet ensuite de grimper sur le tronc pour m’abriter. J’assiste alors impuissant à l’apocalypse en voyant la mer rentrer sur 2 km emportant des centaines de corps et des maisons entières (les 3 stagiaires seront récupérés sains et saufs après la catastrophe, ndlr).

Comment s’est déroulée la période de reconstruction post-tsunami et quelle a été ton implication ?

Avec l’aide de ma soeur, nous avons immédiatement créé une association 1901, « Aidons Midigama », pour recueillir au plus vite les dons des proches pour nourrir le village. Nous avons eu beaucoup de soutien d’associations et de collectivités locales, quelques entreprises comme Rip Curl et une formidable équipe médicale mise en place par le Dr N’Guyen de Bayonne qui a apporté beaucoup de matériel sur place. Pendant 2 ans, Jaï et moi avons travaillé à 100 % sur ce projet et l’association à réussi à collecter 250 000 € permettant la construction de 137 maisons, 3 écoles maternelles, 15 bateaux, et d’avoir nourri les 300 familles du village pendant 3 semaines. Une aventure humaine exceptionnelle.

Aujourd’hui après le tsunami et la fin officielle de la guerre civile depuis 3 ans, comment perçois-tu l’avenir de Midigama  ?

Même si le tourisme de masse souhaite s’implanter dans le pays, Midigama restera encore longtemps une destination « off the track » pour des surfeurs curieux qui souhaitent profiter d’une ambiance relax et de vagues sympas. Il y aura sûrement un peu plus de monde mais je pense que l’esprit perdurera !

Interview & photos : Laurent Nevarez

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