Pauline Ado : "je sais que j’ai un coup à jouer"

Sa fantastique saison sur le QS, ses chances de qualification, sa préparation, les mondiaux ISA à Biarritz... Entrevue avec la toute récente Championne d'Europe WSL.

23/09/2016 par Robin Guyonnet

Pauline est rentrée du Maroc les valises pleines : une victoire au QS de Casablanca et un titre de Championne d’Europe. Dans une dynamique remarquable cette saison, la Française pointe désormais à la 8ème place du circuit qualificatif et compte de ce fait parmi les plus sérieuses prétendantes au Dream Tour. Ça valait bien qu’on s’entretienne avec elle ↓

Pauline, que représente le titre de Championne d’Europe à tes yeux ?

Mon objectif principal avec le circuit QS était d’aller chercher des points pour la qualification, mais c’est vrai que cette année il y a eu un gros circuit avec beaucoup de compétitions, pour un titre qui s’est joué jusqu’à la fin, donc c’est vraiment top d’être allée décrocher ça. Il y a les autres françaises qui sont sur le QS mais il y a aussi des plus jeunes qui viennent nous titiller, comme Ariane Ochoa et Teresa Bonvalot : ce sont des filles qui commencent vraiment à performer sur ces compétitions-là ; ça ajoute d’autant plus de valeur à ce titre.

Comment tu te sens après cette victoire à Casa ?

J’ai beaucoup enchainé depuis août, j’ai fais beaucoup de compétitions, et je suis arrivée à Casa un peu déçue de ma demi-finale aux Acores, où j’aurais aimé aller plus loin. J’étais aussi très fatiguée à force d’enchainer les compétitions car psychologiquement, c’est usant. On a été très bien accueillies par les Marocains et comme ils l’ont mentionné, c’était la première fois qu’il y avait une compétition pro féminine en Afrique du Nord. C’est génial d’en faire partie et en plus de remporter cet évènement inaugural.

C’est en effet un moment historique, qu’as-tu pensé du surf féminin au Maroc justement ?

Je sais qu’il y a des filles qui surfent au Maroc, même si je ne connais pas beaucoup d’entre-elles. Certaines venaient nous demander des photos pendant la compétition et on sentait vraiment leur intérêt. Au final, j’espère que cet évènement va pousser des jeunes Marocaines à se mettre au surf, car avec la qualité des vagues du Maroc, elles ont un terrain de jeu qui est exceptionnel. J’ai rencontré deux surfeuses marocaines qui surfent depuis des années, l’échange était vraiment sympa et elles étaient ravies qu’il y ait cette compétition.

Comment s’est passée ta finale avec Justine ? C’est toujours encore plus spécial une finale face à une autre Française ?

Oui forcément. On était vraiment au coude-à-coude sur les contests européens avec Justine. Mais la finale était vraiment particulière car les conditions avaient pas mal changé : tout au long de la compétition, il y avait une gauche qui marchait mais qui ne s’est pas vraiment montrée lors de la finale. J’ai eu la chance d’avoir une bonne vague d’entrée, ce qui m’a mis dans le rythme et plus en confiance mais je savais que Justine était très dangereuse car elle avait eu des super scores dans la compétition. Je suis contente d’avoir réussi à bien gérer cette finale.

Cette manche européenne est assez éprouvante pour les athlètes, avec 6 épreuves en 7 semaines, quel est ton ressenti à ce propos ?

C’est vrai. D’autant plus que j’ai aussi été aux championnats du monde ISA début août, donc ça en fait encore une de plus ! En termes d’heures de surf, ce n’est pas tellement important parce qu’on tient à se préserver pour la compétition. Psychologiquement par contre, c’est assez usant parce qu’on est concentrées, il y a le stress et plein d’autres facteurs qui entrent en compte. Justement, avec toutes ces compétitions qui s’enchainaient, j’avais pris le risque de faire l’impasse sur Lacanau… Ça m’a coûté, car dès qu’il y a une compétition en France, ça me tient vraiment à coeur d’y participer, mais là je me suis dit que c’était plus sage de se reposer quelques jours pour pouvoir privilégier les compétitions rapportant d’avantage de points. A contre-coeur.

Sur un plan physique et mental, comment tu t’es préparée pour affronter cette cadence particulièrement soutenue ?

Physiquement, il y a un gros travail qui est fait hors-saison. Mentalement, j’ai commencé un travail de coaching qui je pense m’a aidé sur les dernières compétitions. Je fais de l’imagerie, un peu d’analyse aussi, j’apprends de la façon dont je réagis dans certaines situations. C’est assez intéressant !

A ce stade, tu fais partie des qualifiées potentielles pour le Dream Tour. Le fait de savoir ça, est-ce que c’est une pression supplémentaire à gérer ?

Je suis contente de ces résultats et je sais que j’ai un coup à jouer. Je sais aussi qu’il va falloir aller chercher des points, donc pas d’euphorie et on reste concentrée parce que ça ne va pas être facile. Je me concentre surtout sur ce que je vais avoir à faire en compétition et il y aura plein d’autres paramètres, donc au final j’essaie de ne pas trop y penser !

Est-ce qu’il y des gens qui t’inspirent particulièrement aujourd’hui dans ce que tu fais ?

J’ai toujours été une grande fan de Fanning. Mentalement c’est une bête, et j’aime aussi beaucoup son surf même si par rapport à ce que font les plus jeunes maintenant, ce n’est pas toujours aussi innovant. J’aime aussi beaucoup Medina pour la glisse qu’il possède et pour son répertoire de manoeuvres.

Il y a beaucoup de gens qui m’aident à côté de ça et dans cette course à la requalification : ma famille et mon copain qui sont là tous les jours et quoi qu’il arrive. Je m’entraine pas mal avec JR Vignes ainsi qu’avec le staff de Best Training à Biarritz. Tous mes sponsors jouent également un rôle primordial.

Comment abordes-tu la suite de la saison ? Tu comptes te rendre sur quelles étapes ?

Je vais au Costa Rica [Essential Costa Rica Open du 05-09 octobre, QS 3000], au Japon [White Buffalo Women Pro du 20-23 octobre, QS 3000] et enfin en Australie [Sydney International du 03-06 novembre, QS 6000] pour la dernière étape de la saison. Je souhaite aller chercher des points supplémentaires et chaque opportunité est bonne à prendre.

C’est officiel, les mondiaux ISA 2017 auront lieu à Biarritz ! Qu’est-ce que ça fait à une enfant du Pays Basque comme toi ?

J’en suis ravie. Les ISA, c’est une compétition que je porte vraiment dans mon coeur et ce depuis la première fois où j’y ai participé, à l’âge de 13 ans. J’aime beaucoup cette dimension « par équipe » et c’est aussi l’occasion de montrer ce qu’on fait aux gens qui nous suivent toute l’année mais qui, au final, ne viennent jamais avec nous. J’espère que je ferai partie de l’équipe. //

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Interview : Robin Guyonnet


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