Fukushima et le problème des eaux contaminées

Quand le ministre de l'environnement propose de rejeter les eaux de déchets nucléaires dans l'océan Pacifique...

11/09/2019 par Juliette Daquin

Vous vous souvenez sûrement de la catastrophe de Fukushima, il y a (déjà) 8 ans de ça. Le tremblement de terre, suivi d’un tsunami causant l’explosion de la centrale nucléaire avait dévasté toute la région du Japon. Mais si l’on en parle encore, c’est parce que les conséquences de la catastrophe nucléaire persistent, même 8 ans après l’accident. 

Aujourd’hui, la question qui se pose est celle de l’avenir des eaux contaminées, stockées par l’entreprise Tokyo Electric (TEPCO), gestionnaire de la centrale nucléaire. 

TEPCO a annoncé qu’elle manquerait de place pour stocker les eaux contaminées d’ici 2022. Un problème auquel le ministre de l’Environnement, Yoshiaki Harada, a simplement répondu en déclarant que « le rejet en mer de ces déchets serait inévitable ».

 Ministre désavoué

Si les dires du ministre de l’Environnement japonais n’ont pas mis longtemps à faire des vagues, ils n’ont pas mis longtemps non plus à être désavoués par le gouvernement. Le porte-parole de l’exécutif, Yoshihide Suga, a ainsi déclaré que les propos du ministre de l’Environnement lui étaient « propres » et « personnels« .

Selon The Guardian, ce sont « plus d’un million de tonnes d’eau contaminée qui se sont accumulés sur le site de la centrale depuis le tsunami de 2011« . Tepco ne sait donc plus quoi faire de « cette accumulation d’eau souterraine, qui se retrouve contaminée au contact de l’eau utilisée pour refroidir les réacteurs et les empêcher de fondre« . Car ces eaux, même si elles sont traitées et que 62 types de matières radioactives en sont éliminées, contiennent toujours du tritium.

La « solution » de rejet d’eau contaminée dans la mer est examinée depuis 2016. Un rejet permettrait « la dilution de la radioactivité ». Les experts en radioactivité marine estiment que l’océan mettrait près de 7 ans pour se débarrasser des divers radionucléides. Selon ces mêmes experts, les déchets nucléaires se « dilueraient facilement dans l’Océan Pacifique« .

Des tests avaient d’ailleurs été effectués 2 semaines après l’accident de 2011. Ces derniers montraient que l’eau de l’océan Pacifique, sur les côtes du Canada, était très peu contaminée par les déchets nucléaires.

Cependant, en plus des risques écologiques (qui peuvent sembler assez évidents), une telle décision, si elle venait à être mise en place, provoquerait (à juste titre) la colère des pêcheurs locaux, qui ont encore du mal à rebâtir leur économie locale 8 ans après la catastrophe.

Le gouvernement japonais a rapidement réagi à ces déclarations

La nuit dernière, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a remanié son équipe. Et si 13 nouveaux ministres sont entrés dans le gouvernement, d’autres en sont sortis. Parmi eux, Yoshiaki Harada. L’ex-ministre de l’Environnement s’est alors vu remplacer par le 3e plus jeune ministre du gouvernement depuis la fin de la guerre, Shinjiro Koizumi, âgé de 38 ans (et fils de l’ancien Premier ministre, Junichiro Koizumi). 

Si la solution qui semblait inévitable pour l’ex-ministre de l’Environnement n’est toujours pas écartée, d’autres, plus « écologiques » ont été mises en avant : construire plus d’espace de stockage pour TEPCO (une des solutions les plus onéreuses pour le gouvernement), ou alors vaporiser ces eaux sur des zones délimitées

Bien que de nombreuses expertises aient montré « l’inexistence » de danger à déverser ces eaux dans l’océan ou à les pulvériser pour s’en débarrasser, il reste certain que l’océan, au vu des pollutions actuelles, n’en nécessite pas plus. Encore moins quand ces dernières sont d’origines nucléaires. S’il est vrai (selon les experts) que les particules radionucléides se dissolvent dans l’océan, il est aujourd’hui impossible de savoir quel serait le risque de déverser volontairement 777 000 tonnes d’eau contaminée… Et honnêtement, on ne leur conseille pas d’essayer. 

           


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2 commentaires

  • Choco
    12 septembre 2019 10h45

    Je me demande quelle sera la solution finale mise en place, si l’écologie peut vraiment primer sur l’économie et évidents coûts des processus ; ils ont des cuves jusqu’à 2022 je crois mais il y aura bien le vrai problème à traiter un jour, le stockage en masse ne pourra pas fonctionner in fine.

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  • pluto
    11 septembre 2019 21h07

    faites pas les malins on est pas mauvais dans ce domaine

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