Mondiaux de para surf : Moskoteoc et Blanchet en finale, Dargent, Rouillard et Duran en 1/2

L'équipe de France a vibré avec la qualification en finale de la benjamine du groupe Valentine Moskoteoc (12 ans).

08/12/2022 par Marc-Antoine Guet

À l’issue de la troisième journée des championnats du monde de para surf qui s’est disputée la nuit dernière à Pismo Beach, en Californie, l’équipe de France a déjà deux athlètes en finale : Valentine Moskoteoc (visuel 1) et Emmanuelle Blanchet (kneel).
Après les deux tours de qualification, Eric Dargent (stand 3), Céline Rouillard et Béatrice Duran (stand 2) sont eux en 1/2. C’est par contre terminé pour Pierre Pochat (prone 1) et Geoffroy Moucheboeuf (stand 3). 
Tour d’horizon de cette 3e journée de compétition !

Un championnat du monde est fait de joies et de peines. La nuit dernière, l’équipe de France a vibré avec la qualification en finale de la benjamine du groupe Valentine Moskoteoc (12 ans), avant de passer en mode soupe à la grimace avec l’élimination de Geoffroy Moucheboeuf. Le sport de haut niveau est un subtil mélange de technique, de mental, de physique et de chance aussi. En surf, on y ajoute la subjectivité d’une note ou celle d’une situation qui peut faire basculer les efforts d’un champion du bon côté de la pièce… ou pas.
Première à s’élancer en matinée après avoir vu sa série reportée au lendemain, Emmanuelle Blanchet (catégorie kneel dames) n’a cette fois pas eu à passer par la case chauffage du diesel. La Vendéenne est rapidement entrée en action pour aller chercher, en deux vagues, sa place en finale. À l’aise quand ça charbonne, Blanchet a toutefois su trouver de l’ouverture et de la longueur de vague pour composter son ticket dans le Top 4 de sa catégorie. Si la Canadienne Victoria Feige et la Chilienne Noemi Alvarez sont nettement au-dessus techniquement, et devraient se disputer le titre, l’Espagnole Audrey Pascual est à la portée de la Française pour le bronze mondial. 
Emmanuelle Blanchet « Série matinale, c’était chouette. Les deux premières vagues un peu naze. Mais tout de suite dedans. J’ai fait le job. J’étais avec la Canadienne Victoria Feige, la championne du monde. J’avais hâte de faire cette série avec elle. L’objectif était le Top 4. C’est fait. Forcément, je pense au podium. Il n’y a pas à ch… J’aimerais que ce soit un peu plus gros, je suis plus à l’aise. On va réfléchir à la stratégie. Voir ce que font les autres et m’améliorer pour monter sur le podium et rentrer à la maison avec la médaille. Je remercie tous ceux qui me suivent et tous mes partenaires. Merci à tous mes potes et à tous ceux qui ont cru en moi depuis le début. »

Le bronze, Valentine Moskoteoc est assurée de le collecter pour la bonne raison qu’elles ne sont que trois dans sa catégorie (visuel 1). La jeune orléanaise devrait logiquement récolter mieux. Avec 6.57 pts de total contre 1.23 pts à l’Américaine Barbie Pacheco la nuit dernière lors de l’unique série de qualification, l’argent semble promis à Moskoteoc après la démonstration de la Portugaise Marta Paco (16.50 pts de total). Hier, la Française a mis du temps avant de prendre et d’assurer ses vagues, quand Paco a rapidement chargé les plus grosses au large.
Valentine Moskoteoc « Franchement, c’était super. J’ai eu des sensations incroyables. Au début, ça allait. Après, j’étais un peu fatiguée. Mais je n’ai rien lâché. Les vagues étaient petites, certaines un peu puissantes. Je suis tombée à plusieurs reprises, les vagues étaient fortes. J’étais à l’eau avec Théophile (Castaner), il me guidait à la voix pour que j’aille dans sa direction. Je crois qu’il n’a plus de voix ce soir tellement il a crié. En tout cas merci à lui, c’est grâce à lui que j’ai pu réussir cette série. C’est super d’être en équipe de France. Il y a tout le monde qui te supporte. C’est génial. Franchement, merci à eux, ils m’ont donné de l’énergie car à la fin j’étais épuisée. »

Des médailles, on ne sait pas encore si Céline Rouillard et Béatrice Duran (catégorie prone 2) en auront une autour du cou. Les deux surfeuses sont en tout cas en demi-finales après le deuxième tour qui s’est tenu dans de très jolies conditions mercredi matin en Californie (50 cm glassy). Céline Rouillard (presque) assuré de franchir les qualifications n’a pas trop puisé dans ses réserves et obtient le quatrième meilleur total des deux tours.

De son côté, Béatrice Duran a sorti le grand jeu, et avec le sourire. De mieux en mieux dans la compétition, la Girondine a franchi la barre des 6 points, ce qui ne lui était jamais arrivé. Ses deux superbes gauches très bien exploitées jusque sur la plage lui permettent de boucler les qualifications avec le 5e meilleur total de points. Et donc, de voir les demis ce jeudi matin où elle retrouvera… Céline Rouillard. Les deux Françaises étant versées dans la même série.
Béatrice Duran : « Je m’étais donnée comme objectif de faire au moins une vague à 5.80 comme la veille lors du premier tour. Je rêvais d’un 6 points pour assurer ma place en demis. Mais en restant lucide sur mes capacités car ça ne fait que six mois que je surfe. Et voilà que je prends deux vagues au-dessus des 6 ! Je suis vraiment contente. J’augmente mon total de points, je passe en demis. J’étais un peu inquiète en arrivant mais ça s’est dissipé. En prone (allongé), on n’est pas tout seul. J’étais avec mon binôme Théophile, à l’arrivée, il y avait Rubens. Et puis toute l’équipe qui criait au bord et sur le pier. Les encouragements, les « Allez Béa ! » font chaud au coeur. Ils sont juste à côté. Il y a aussi les conseils des coachs qui voient bien mieux que nous les vagues arriver. J’ai adoré. Quelle sensation aussi sur ma deuxième vague. C’était génial. Je vais maintenant regarder les scores des autres filles pour voir jusqu’où je peux aller. Je sors 5e des qualifications. J’en veux toujours plus. Quand tu es 5e, tu espère faire 4e… On verra bien. »

Lui aussi a gagné sa place pour les demi-finales et c’est plutôt logique. Le triple vice-champion du monde Eric Dargent a une revanche à prendre avec Pismo mais entend ne pas brûler les étapes. La nuit dernière, il a fait le (bon) choix de surfer sur une grande planche (7’2) adaptée aux petites conditions, pour deux notes juste en-dessous des 6 pts. Si c’est bien son total de la veille (14.67 pts) qui lui offre son billet pour les demis, le Martégal a la recette pour s’éviter une déconvenue au tour suivant et donc, retrouver la finale comme en 2016, 2017 et 2020. 
Eric Dargent : « Le job est fait. Je passe en demis. Maintenant je vais me focaliser sur la finale. J’espère passer car je n’y étais pas arrivé l’an dernier ici. J’aimerais bien aller au bout cette année. La houle va remonter. J’espère qu’il va y avoir du spectacle et qu’on va pouvoir s’amuser dans ces vagues. Cet après-midi (la nuit dernière), c’était vraiment limite. Je suis un peu déçu que Geoffroy (Moucheboeuf) ne soit pas avec moi en demi. C’est un peu difficile pour lui. On va le soutenir. La compétition c’est comme ça, il y a des joies et des déceptions. Et en tout cas, il va revenir plus fort l’an prochain. Je n’avais pas pu défendre mes chances l’an dernier en demis car les conditions étaient horribles. Cette fois, j’ai tout prévu, et notamment une planche assez grande (7’2) pour surfer ce type de vagues. La finale, ce n’est que du bonheur. Tu donnes tout en espérant aller le plus loin. J’ai été trois fois vice-champion du monde. C’est compliqué, dans ma catégorie il y a des gens avec prothèses (comme lui), d’autres sans prothèses (comme le champion du monde en titre). Malgré tout, ça vaut le coup de se donner à fond. Il faut avancer avec l’équipe et ramener le maximum de points pour aller le plus haut possible au classement général. »

Ce ne sera pas avec son pote Geoffroy Moucheboeuf, qui s’arrête pour quelques dixièmes aux portes des demis. Avec des regrets forcément car la qualification était toute proche. Avec un sentiment d’injustice aussi puisqu’il a été victime d’une gêne significative de l’Israélien Alon Avisar qui l’a fait chuter au take off d’une belle gauche. Avisar lui a coupé la route en remontant vers le large et son leash s’est pris dans les dérives du Français. L’interférence n’a pourtant pas été prononcée car le jury a estimé qu’il n’y avait pas eu intentionnalité de l’Israélien. Une interférence qui, de toute façon, n’aurait pas changé la donne pour la qualification mais une vraie gêne qui a empêché Moucheboeuf de surfer une vague à potentiel, et qui sait, de décrocher le 5.50 pts qui l’aurait qualifié. L’Arcachonnais prend la 7e place au classement général de la catégorie pour ses premiers Mondiaux.

Pierre Pochat en était, lui, à sa troisième participation après 2015 et 2020. Le Bayonnais termine à la 9e place, son meilleur résultat. Après avoir tout donné lors du premier tour, lundi, il a accusé le coup physiquement lors de ce deuxième tour. Sans pouvoir réellement défendre ses chances, Pierre quitte ces Mondiaux frustré car la porte des demi-finales s’est refermée pour seulement 0,23 point. C’est l’écart qui le sépare au classement des deux tours de qualifications du Japonais Yoshihiro Kojima (7.73 à 7.50 pts). 
La dernière journée de qualifications se tiendra ce jeudi (à deux exceptions près : Clément Clavaud-Paul et Pierot Gagliano passeront vendredi). Ce ne devrait être qu’une formalité pour Guillaume Colin (Sit) et Philippe Naud (stand 2) qui ont brillé au 1er tour et ramassé déjà les points nécessaires pour, respectivement, se hisser en finale et en demis de leur catégorie.
Thomas DaSilva (visuel 1) lui, occupe la 3e place de sa catégorie après son passage mardi après-midi. Mais rien n’est encore fait pour le Biarrot tant les scores sont serrés dans le haut du tableau où seul le Top 6 passera en demis. Il n’y a ainsi que deux petits points entre le Français et l’Espagnol Juan Manuel Ramajo, 8e au provisoire. 
Maxime Cabanne (kneel), qui est 7e et tout juste dans la bulle du Top 8 qualifiable pour les demis, devra tout faire pour y rester. 
Laurie Phipps et Cécile Hernandez (stand 2) joueront leur place en finale ce jeudi dès ce matin. Les deux Françaises sont dans la même série du tour 2 de qualifications et il leur faudra tout donner pour se maintenir dans le Top 4 (Phipps) et s’y hisser (Hernandez). Si Jimena Ruiz (Costa Rica) et Malu Mendes (Brésil) semblent intouchables, les tricolores devront sortir de leur sillage Britt Gansewinkel (Pays-Bas).
Enfin, Lou Méchiche (visuel 2), passée à côté de sa série du premier tour avant-hier, n’a rien d’autre à faire que se lâcher et rentrer un max de points. La Canaulaise a maintenant évacué le stress de la première série et malgré sa prestation en deçà de ses qualités avant-hier, reste à 0,06 point du Top 4 qualificatif. 
Résultats du 1er tour
Visuel 1 dames (1 seul tour de qualification)
Valentine Moskoteoc : 2e place de sa série avec 6,57 pts, 2e total de sa catégorie, qualifiée pour la finale.
Résultats du 2e tour
Stand 3
Eric Dargent : 1er de sa série avec 11,76 pts, 3e total de sa catégorie, qualifié pour les demi-finales.
Geoffrey Moucheboeuf : 3e de série avec 9,57 pts, 7e total de sa catégorie, non qualifié pour les demi-finales, 7e place au classement général.
Prone 1
Pierre Pochat : 3e de série avec 5,74 pts, 9e total de sa catégorie, non qualifié pour les demi-finales, 9e place au classement général.
Knell dames
Emmanuelle Blanchet : 2e place de sa série avec 7,04 pts, 4e total de sa catégorie, qualifiée pour la finale.
Prone 2 dames
Céline Rouillard : 1ère de sa série avec 11,94 pts, 4e total de sa catégorie, qualifiée pour les demi-finales.
Béatrice Duran : 2e de sa série avec 12,43 pts, 5e total de sa catégorie, qualifiée pour les demi-finales.
L’équipe de France
Messieurs
Stand 1 : Clément Clavaud (Carcans Océan Surf Club)
Stand 2 : Philippe Naud (St Gilles Croix de Vie Surf Club)
Stand 3 : Eric Dargent (Lou Martègue Surf Club)
Stand 3 : Geoffrey Moucheboeuf (Océan Roots Surf Club)
Kneel :  Maxime Cabanne (Aviron Bayonnais Surf)
Prone 1 : Pierre Pochat (Aviron Bayonnais Surf)
Visuel 1 : Thomas Dasilva (Biarritz Association Surf Clubs)
Visuel 2 : Pierrot Gagliano (Association Nationale Handi Surf)
Sit : Collin Guillaume (Association Nationale Handi Surf)
Dames
Stand 2 : Laurie Phipps (Hossegor surf Club), Cécile Hernandez (Association des Bodyboardeurs et Surfeurs Catalans)
Knell : Emmanuelle Blanchet (St Gilles Croix de Vie Surf Club)
Prone 2 : Céline Rouillard (Aviron Bayonnais Surf), Béatrice Durand (Association Nationale Handi Surf)
Visuel 1 : Valentine Moskoteo (Association Nationale Handi Surf)
Visuel 2 : Lou Méchiche (Lacanau Surf Club)

Staff
Jean-Marc Saint Geours (chef de délégation, président délégué FFSurf)
Carol Combecave (élue para surf et para surf adapté)
Serge Lougarot (CTN, coach)
Johan Poncet (coach)
Patrick Flores (coach)
Théophile Castaner (coach)
Edouard Manson (kiné)
Jessica Baudry (médecin) 
Stéphane Sisco (communication)
Guillaume Arrieta (photographe)

Les catégories
Stand 1 (debout) : tout surfeur qui surfe une vague en position debout avec une amputation du membre supérieur ou un handicap congénital ou équivalent, ou une petite taille.
Stand 2 (debout) : tout surfeur qui surfe une vague en position debout avec une amputation au-dessous du genou ou un handicap congénital ou équivalent, ou une différence de longueur de jambe.
Stand 3 (debout) : tout surfeur qui surfe une vague en position debout avec une amputation au-dessus du genou ou les deux amputations des membres inférieurs ou un handicap congénital ou équivalent.
Visuel 1 : tout surfeur qui surfe sur une vague en position debout avec une classification IBSA de niveau B1.
Visuel 2 : tout surfeur qui surfe une vague en position debout avec une classification IBSA de niveau B2 et de niveau B3.
Kneel (à genoux) : tout surfeur qui surfe une vague en position agenouillée ou assise sans pagaie avec une amputation au-dessus du genou ou les deux amputations des membres inférieurs ou un équivalent congénital ou une déficience.
Sit (assis) : tout surfeur qui surfe sur une vague en position assise et qui n’a pas besoin d’aide pour pagayer dans une vague et remonter sur la planche en toute sécurité.
Prone 1 (allongé) : tout surfeur qui surfe sur la vague en position couchée et qui n’a pas besoin d’aide pour ramer dans une vague et remonter sur la planche en toute sécurité.
Prone 2 (allongé) : tout surfeur qui surfe sur la vague en position couchée et qui a besoin d’aide pour entrer dans l’eau, pagayer dans une vague et remonter sur la planche en toute sécurité.

                        


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