Baignade en eaux troubles

Suite à plusieurs fermetures de plages, on a mené l'enquête sur la problématique de la pollution des eaux de baignade. Voici quelques conseils avant d'aller à l'eau...

15/08/2013 par Romain Ferrand

Les pluies étaient de retour la semaine dernière sur le littoral basque et, avec elles, ont ressurgi les problèmes et les questions qui entourent la pollution des eaux de baignade au niveau des plages les plus fréquentées de la zone. Le maire de Biarritz, qui nous a assuré quand on l’a rencontré ne pas vouloir lancer de plan de communication sur le sujet, a pourtant dû faire face aux inquiétudes après des déversements d’eaux usées observés par les usagers et a communiqué au journal Sud Ouest. La rédaction de Surf Session vous résume le souci en 3 points, extraits de l’enquête que nous sommes en train de mener, et qui sera publiée dans un des prochains mags.

Le traitement des eaux usées, des eaux de pluie, ainsi que leur analyse à la sortie, se fait au niveau de l’agglomération. Les villes de Biarritz et d’Anglet dépensent ainsi chacune entre 80 000 et 100 000 euros pour les analyses chaque année, qui sont effectuées par la Lyonnaise des Eaux.

À Anglet, le réseau d’assainissement sépare les eaux usées et les eaux de pluie. La priorité est donc d’éviter la pollution de l’eau à la base, avant même que les eaux soient traitées en station d’épuration. L’Adour pose cependant problème, notamment à la plage de La Barre.

Pour Biarritz, la démarche est différente, puisque la priorité est donnée au traitement en fin de réseau, avec un travail permanent sur l’amélioration des techniques de traitement de l’eau. En effet, selon le maire, refaire les réseaux d’assainissement datant d’un autre temps et mélangeant eaux pluviales et eaux usées « n’a pas de sens par rapport à l’enjeu qui existe. Il vaut mieux traiter les eaux ». Donc les stocker. Sauf que les épisodes pluvieux exceptionnels des mois de mai et juin (il avait plu au 20 juin l’équivalent de la pluviométrie annuelle moyenne) ont révélé l’incapacité des bassins de stockage actuels à accueillir d’énormes quantités d’eaux comme il a pu en tomber. C’est pourquoi, quand il y a de fortes précipitations et donc un grand risque de débordement, la Lyonnaise des Eaux déverse une quantité “raisonnable” d’eau non traitée. « On pollue un peu pour éviter de polluer plus » selon Didier Borotra.

Les stations d’épuration de l’agglomération sont ainsi exploitées par la Lyonnaise des Eaux. C’est également cette société qui analyse les eaux de baignade de quatre plages d’Anglet (la Barre, les Cavaliers, les Sables d’or et le VVF) et les sept plages de Biarritz. Ce sont ces analyses mesurant les taux en Escherichia Coli et en entérocoques intestinaux qui permettent aux maires de décider de la fermeture ou non des différentes plages de leurs communes respectives. Ce sont des contrôles non obligatoires, c’est l’Agence Régionale de Santé qui fait des analyses et qui peut fermer une plage quand elles sont mauvaises et que le maire ne l’a pas déjà fait. Ce sont ces analyses de l’ARS, effectuées deux fois par mois environ durant la saison, qui sont affichées au niveau des postes de secours. L’affichage des analyses quotidiennes commandées par les mairies n’est pas obligatoire. Seul le drapeau rouge indique la fermeture de la baignade. Dans tous les cas, avant d’aller à l’eau, il ne faut pas hésiter à contacter la mairie ou aller vers les sauveteurs côtiers en poste pour se renseigner sur la qualité des eaux, et les résultats des analyses.

Si la première analyse de la journée, faite à 5h tous les matins, est mauvaise, la baignade est interdite, et une contre-analyse est commandée et permet de reprendre une décision vers 14h pour l’après-midi.

D’un point de vue médical

L’ampleur des précipitations et des déversements d’eau polluée qui ont suivi a favorisé la propagation de rumeurs assez folles. Nous enquêtons pour remonter à leur source. En tout cas, le médecin régulateur du Samu de l’hôpital Saint Léon de Bayonne et le président de SOS Médecins à Anglet font le même constat : il n’y a pas eu de pic anormal de maladies liées à la baignade depuis le début de l’été. Ainsi, les otites externes, gastro-entérites et les problèmes ORL sont les pathologies identifiées comme étant le plus probablement causées par des baignades. SOS Médecins possède une base de statistiques qui lui permet de comparer les données de cet été à la lumière de celles des années précédentes. Pour le Docteur Sauvagnac, président de SOS Médecins, joint par téléphone, c’est la température de l’eau qui est surtout problématique. En effet, il y a une augmentation du nombre d’otites externes par rapport à l’hiver, mais pas par rapport à l’été dernier, par exemple.

Les deux médecins reconnaissent cependant l’incapacité pour le corps médical à identifier clairement une infection d’origine bactérienne. Rien ne permet donc de dire qu’une éventuelle pollution n’est pas à l’origine des infections relevées cette année. C’est pourquoi, s’il ne faut pas croire bêtement les rumeurs farfelues, il paraît tout de même important de leur accorder de l’importance, que ce soit pour les confirmer ou les infirmer.

Que faire ?

Reste que des réflexes simples et basiques permettent de mieux appréhender la baignade et ses risques. Avant d’aller à l’eau, ne pas hésiter à se renseigner sur l’ouverture et l’état des eaux des plages sur le site internet de la ville concernée. Une fois sur place, les sauveteurs côtiers, CRS ou non, sont les interlocuteurs privilégiés, même en cas de drapeau vert. Eux peuvent relayer l’information concernant les analyses et leurs résultats. Enfin, d’un point de vue hygiénique, le docteur Sauvagnac rappelle l’importance de bien se rincer en sortant de l’eau (sans shampoing) en pensant à se sécher les oreilles en particulier. Pour les enfants, il ne faut pas hésiter à faire des lavages de nez et d’oreilles une fois de retour à la maison.

Si vous avez des informations concernant le sujet, n’hésitez pas à nous écrire à contact@surfsession.com


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