Trip d’automne aux Mentawaii

Les surfeurs angloyes John Larcher, Timothée Creignou, Stéphane Iralour et quelques potes ont réalisé il y a quelques semaines le rêve de beaucoup de surfeurs : se faire un boat-trip aux Mentawaii. Pendant une dizaine de jours, ils ont sillonné les spots, surfant des vagues parfaites la plupart du temps seuls…En shortboard, longboard, single et même stand-up paddle, ils ont vécu le trip de façon intense, bénéficiant de jolies conditions pendant la plus grande partie de leur voyage.Un voyage malgré tout entaché par le tsunami qui a touché l'archipel, pendant leur trajet retour vers le port. Si la catastrophe a été évitée de justesse pour les Français, elle a probablement touché des locaux et des surfeurs côtoyés quelques jours ou quelques heures plus tôt… John et Tim reviennent pour nous sur leur voyage, en rêvant déjà d'y retourner :"On est partis fin octobre entre potes, pour une dizaine de jours dans l'archipel. On a été chanceux puisqu'on a eu des vagues tous les jours : 1,5/2m, parfois un peu plus. Au début, on a surtout surfé un spot peu connu au sud qui marchait bien par petite houle. Le spot n'avait pas de nom et on a eu le privilège de le nommer : Fourass (du surnom de l'un des gars du bateau, no comment, ndlr). Le capitaine du bateau a même rentré ce nom dans son GPS ! C'est un pic droite/gauche parfait, qui casse près du bord avec une lèvre qui jette vraiment en avant… On a surfé cette vague tous seuls entre potes pendant 3 jours, en se mettant barrel sur barrel! Stéphane (Iralour) s'est mis des tubes en SUP, pagaie dans la paroi avec la lèvre qui jetait un mètre devant lui ! Le meilleur souvenir du trip…Après 3 jours sur place, on a du décoller parce qu'on avait RÉSERVÉ la vague de Macaroni's. C'est obligatoire depuis quelques semaines : tu réserves la vague pour 2 ou 3 heures, mais ça ne veut même pas dire que tu es tout seul au pic, parce qu'il y a aussi les surfeurs du surfcamp et des autres bateaux  et on peut se retrouver 15 ou 20 à l'eau…Après, on est allés à Lance's Right, et là c'est l'hallu, la vague parfaite : ronde, bien tendue, eau cristalline… Il y avait des Australiens au pic qui avaient l'air de très bien connaître la vague et qui surfaient comme personne sur le spot, en se calant des barrels sur la vague de A à Z. Mais attention : il n'y a pas d'eau, tu peux te faire bien gifler. J'ai (John) pris un énorme "but" sur la première vague, et me suis retrouvé sur le reef avec de l'eau aux genoux, avant de ramasser tout le set sur la "tronche"."Tim a du se faire 20 à 25 tubes dans la journée avec son single".Ensuite, on est allés à Bank Vault. On est arrivés un matin, il n'y avait personne dans l'eau, des vagues de 2/2,5m mais pas de repères au line-up donc dur de se placer. Mais c'est une vague très dure qui sectionne et qui est délicate à surfer. On y est entrés à 4 et je (John) suis parti avec ma 5'11" avec le soleil dans la tête et carrément trop à l'intérieur. J'ai accéléré pour passer mais c'était vraiment tendu. Heureusement, il y a assez d'eau à Bank Vault. Le lendemain, on l'a eu à nouveau parfait le matin à 2m. Puis Tim et Stéphane y sont retournés et ont eu un truc "magiquissime" pendant une demi-heure : barrels du fond jusqu'au bord, des couleurs splendides. Je pense que Tim a du se faire 20 à 25 tubes dans la journée avec son single…On a eu une chance inouïe pendant ce trip parce qu'on a croisé très peu de bateaux. On était entre nous au line-up les ¾ du temps, sur certaines des vagues les plus parfaites de la planète.RENCONTRES La baie où déroulait "Fourass" est le plus bel endroit qu'on n'ait jamais vu. Il y a un tout petit village avec quelques maisons et rien autour. Un jour sans vagues, on y était allés et Jon avait prêté son SUP à un Indo, qui s'est balladé avec son fiston d'un an et demi dans le lagon sans tomber. C'est aussi pour ça que la vague nous a marqué : il y avait une vraie intensité autour de l'endroit. On a pourtant pas mal voyagé, mais ce voyage était vraiment à part : tu prenais un tube, tu remontais le pic et tu voyais tes potes faire la même, etc."Jon avait prêté son SUP à un Indo, qui s'est balladé avec son fiston d'un an et demi dans le lagon sans tomber"LE TSUNAMI : Le dernier jour du trip, on était à Bank Vault. On est repartis vers le port de Padang vers 19 h. Le séisme a eu lieu à 21h, mais on était derrière les îles et on commençait à rentrer dans le canal où il y a beaucoup d'eau. On était dans le bateau, il y avait une bonne tempête et ça remuait bien… A 3 heures du mat', certains de nos potes s'accrochaient au pied du lit pour ne pas voler.C'est en arrivant le lendemain matin au port de Padang qu'on a été mis au courant d'un  séisme de 7,7 de magnitude sur l'île de Sikapap. On y était 2 jours avant parce qu'un de nos potes avait besoin de voir un médecin. On avait vu les habitants venir nous voir dans leurs pirogues en bois, les gamins à poil, on a parlé avec toutes les familles… Et là au port, on nous raconte que deux bateaux se sont entrechoqués et ont explosé à Macaronis. On est tombés de haut sur le moment, mais ça n'avait pas l'air si grave que ça."3 ou 4 heures de plus sur place et on aurait été dedans…"Et au bout d'une heure, le bilan a commencé à sérieusement s'alourdir. Plusieurs heures plus tard, on arrive en transit à l'aéroport de Kuala Lumpur et on voit sur les écrans un bilan de 90 morts et 300 disparus. C'est là qu'on s'est rendus compte de la chance qu'on avait eu d'avoir quitté l'archipel à ce moment-là. 3 ou 4 heures de plus sur place et on aurait été dedans…Ca nous a quand même mis un choc, parce que ça a frappé l'île où on avait rencontré tous ces gens et qu'on ne sait pas ce qui leur est arrivé. Ce genre de choses te donne une vraie leçon de vie. On a pas mal relativisé de choses après tout ça et tu t'interdis de te plaindre si ta télé marche pas ou qu'il pleut pendant 2 semaines. Eux n'ont déjà rien, mais en plus se prennent ça en pleine tête… Sans parler des bateaux de surfeurs qu'on a croisé quand on a quitté l'archipel. Pendant le trip, ça énervait de croiser des bateaux, mais là tu ravales tes à priori et tu restes humble. Les Mentawaii c'est le paradis mais ça peut vite devenir l'enfer. Et pourtant on rêve déjà d'y retourner..."

07/12/2010 par Romain Ferrand

[portfolioImg:,1012079530,1012079072,1012071021,1012072609,1012077439,1012078869,1012074932,1012076486,1012072675,1012073046,1012077758,1012077150,1012072437]


Tags:



1 commentaire

  • fred
    10 décembre 2010 23h32

    le club represent, bravo les gars…

    Répondre

  • Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

    *
    *
    *