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Clément Philippon

Rencontre avec ce photographe girondin, dont la passion est devenue métier il y a plus de 10 ans.

19/06/2020 par Rédaction Surf Session

Salut Clément ! Peux-tu te présenter et nous raconter tes débuts, quand et comment as-tu été attiré par la photo ?

Clément Philippon – « La photo et moi, c’est une longue et grande histoire qui s’écrit depuis quelques années maintenant. Très jeune, j’ai été attiré par cette petit boîte qui inscrit et conserve tes souvenirs dans le temps.

Mes premières vacances de gamin immortalisées à l’aide du bon vieux kodak jetable, mon premier compact numérique HP offert avec l’ordinateur familial, mon premier reflex Canon lors d’un voyage en Tanzanie… Sans oublier mon passage à l’argentique avec un boitier étanche Canon Prima AS-1, un véritable petit bijou pour un passionné de photographie !

De là est née cette addiction pour la photo aquatique, les photos de surf et de vagues… L’aquatique devenait alors le lien entre mes deux passions que sont le surf et la photo. La passion est devenue un métier et l’aventure se poursuit depuis 2013, l’année où j’ai quitté mon job de consultant en ressources humaines.



Aujourd’hui, à quoi ressemble ton matos ? 
Au fil du temps, je suis parvenu à emmagasiner pas mal de matos, principalement chez Canon. Je consacre chaque année une partie de mes bénéfices à l’achat de nouveaux objectifs et au renouvellement des boitiers.

J’avoue aussi avoir pas mal d’achats impulsifs… Alors j’achète, je revends, je troque mon matériel dès que je peux !

Désormais, je bosse toujours en plein format pour l’aqua (Canon EOS 6D Mark II) avec la marque Liquid Eyes pour mes caissons. Ensuite, j’ai deux boitiers APS-C pour les téléobjectifs (7D et 70D).

Niveau objectif je ne compte plus, mais je vais du grand angle 8 mm au téléobjectif 400 mm et toujours en série L ! Je sais aussi m’amuser avec la GoPro, le drone et parfois même avec un téléphone à la grosse pomme pour des photos express. Sans oublier bien sûr et à ne jamais négliger : une bonne paire de palmes !

Sur quels genres de couleurs ou de détails t’arrêtes-tu ?
Mon sujet favori, clairement, c’est les vagues ! J’adore shooter quand les conditions sont vraiment propres et
figer un barrel juste avant l’impact de la lèvre.

Ensuite, j’aime vraiment les conditions solides bien rondes pour shooter les rideurs au cœur du barrel. Malgré
la démocratisation de ce type de photo, être bien placé reste un véritable challenge, proche du point d’impact
et du surfeur pour ainsi sortir une photo en totale immersion. 
Cela demande une certaine complicité
avec le surfeur, la réussite de la photo en dépend énormément. Clairement, c’est avec mon pote Jean-Baptiste Adolphe (ma Muse) que j’ai sorti mes meilleurs clichés de barrel.

J’aime beaucoup également me pencher sur des petits détails : gouttes d’eau, textures, petites bulles … 



Quelle est ta conception de la photo de surf parfaite ?
Je ne pense pas qu’il existe « la » photo parfaite !

M’étant ouvert à de nombreux domaines comme les mariages,
les photos de famille ou encore les évènements sportifs, une photo réussie selon moi est une photo qui raconte une
histoire et qui traduit un processus pour arriver à faire «
la » photo.

En session aquatique, on n’imagine pas toujours les préparatifs que demandent une séance photo… La
préparation du matériel, le choix de l’optique, les échanges avec les surfeurs, le spot et une bonne condition
physique sont de nombreux paramètres qui se cachent derrière un beau cliché.

Bien sûr, l’esthétique d’une photo reste primordiale. Trouver un bon équilibre, une belle lumière et la profondeur
de champ sont les bases de la photo. Mais quelquefois, la photo parfaite se définit avant tout par le sourire, l’émotion, l’effet qu’elle peut avoir sur la personne qui se voit dessus.


Quelles sont tes sources d’inspirations ?
Au tout début, clairement, les photos de Clark Little ou Tim McKenna ont été une grande source de
motivation. Même si nos terrains de jeux sont différents (et je pense particulièrement au shorebreak du North
Shore où je ne suis pas forcément sûr de mettre un bout de palme), leur réputation n’est plus à faire et
ils ont été précurseurs en matière de photo aqua. 

Aujourd’hui, il est possible de découvrir pléthore de photographes inspirants sur les réseaux (amateur ou
professionnel d’ailleurs). Le dernier en date est le photographe australien : Russel Ord (
voir le documentaire« One Shot »). C’est un photographe authentique, dont l’histoire et l’approche sont vraiment atypiques.

L’inspiration peut provenir d’un peu partout de nos jours. Les profils « photographe » sont nombreux, chacun
tente de trouver son identité et sa patte. Il faut alors réussir à se démarquer sans jamais copier et ne pas croire
qu’un domaine nous est exclusivement réservé !

Après, nombreux sont les noms qui me viennent à l’esprit : Laurent Pujol, Greg Rabejac, Laurent Masurel,
Peter « Joli » Wilson, Sylvain Cazenave, Ben Thouard ou encore Chris Burkard… et j’en oublie sûrement
beaucoup ! 



Quelle est la meilleure session que tu aies vécu derrière l’objectif ? 
J’ai envie de dire la dernière parce que je sais qu’à chacune de mes sessions, j’aurai presque toujours une
photo qui sort du lot et qui me donnera le sourire. Je supprime assez facilement les photos aujourd’hui
comparé à mes débuts où je gardais tout !

Il y a bien une session que je garderai toujours en mémoire, c’est la toute première avec mon caisson en
2009. Des potes, mon frère, de belles petites conditions et une petite dose de stress. Le début d’un long
apprentissage ! Cerise sur le gâteau, une des photos avait été utilisée pour une pub Surf-Report. Ma
première publication de photographe de surf ! 



Si tu ne devais choisir qu’un seul spot en Gironde à shooter ?
J’ai passé une grande partie de mon enfance sur la presqu’île du Cap Ferret ! J’affectionne vraiment ce petit
coin de paradis, je m’y sens bien, j’y connais pas mal de monde et j’y ai fait mes premières tentatives en aqua.

Si je devais choisir une plage, ce serait celle de l’Horizon où j’ai pris mes premières vagues. L’avantage de la presqu’île, c’est que les bancs de sable changent tout le temps. Donc pas besoin de
parler de secret spot !


Y a-t-il des spots justement que tu t’interdis de shooter, de peur de révéler des indications géographiques ?
Je ne révèle jamais les indications géographiques d’un spot alors qu’on me pose souvent des questions :
«
C’est où ? C’était quand ? Quelle plage ? »

Je peux parler de Gironde, d’Aquitaine mais jamais évoquer le
nom de la plage. La recherche d’un bon spot fait partie prenante du surf… et ça me rend fou quand certains
en arrivent presque à donner les coordonnées GPS sur des groupes Facebook !

L’essence même du surf est le partage, mais entre nous ! (rires) Sinon, je m’interdis les spots où il y a trop de photographes en place. Ou si je ne connais personne. J’essaye
d’abord de tisser quelques liens avant de me jeter à l’eau sur un spot que je ne connais pas ! 



Comment essayes-tu d’innover dans tes prises de vue ?
L’innovation passe par le matériel. Varier les objectifs, c’est-à-dire du 85mm au grand angle pour l’aqua.

Varier les angles au téléobjectif en ne restant pas à faire le piquet sur la plage devant son trépied ! Tenter des
prises de vue à la Ben Thouard quand l’eau est claire et limpide (ce qui est rare chez nous, mais ça arrive parfois). Faire des prises de vue avec le drone pour découvrir un autre aspect de l’océan.

Mon prochain challenge pour cet été, faire une photo comme Laurent Pujol, en suivant un surfeur dans le barrel… 


As-tu déjà voyagé pour la photo ? 
J’ai eu mon premier reflex lors d’un voyage en Tanzanie en 2007 ! J’ai tellement harcelé mon père pour qu’il
m’achète un boitier Canon au duty free d’Amsterdam qu’il a fini par craquer, et j’ai pu faire mon premier safari
photo !

J’ai pas mal voyagé avec mes potes en surf trip mais jamais en tant que « photographe ». Bien sûr j’avais
toujours du matériel avec moi, mais c’était pour le plaisir avant tout.

Je voyage surtout en France grâce à la photographie de mariage et j’y découvre de très belles régions ! Pour ce
qui est du surf, pas encore de contrat pour suivre Gabriel Medina ou John John sur le Tour mais je patiente.

Quelle est, d’après toi, la destination de rêve pour shooter ?
Réponse classique et pas très originale pour un photographe de surf : Tahiti, Hawaii…

Je n’ai jamais fait de boat trip non plus. C’est un voyage que j’aimerais faire une fois dans ma vie avec mes
potes, style Mentawaï.

Y a-t-il des pros que tu rêverais de shooter ?
J’ai déjà shooté Gabriel Medina lors d’un Lacanau Pro. Il y avait aussi Joan Duru. C’était en 2010 lors d’un
Cash For Tricks organisé par Nike.

J’ai couvert quelques compétitions mais sincèrement, je ne suis pas fan des
photos avec lycra !
Alors oui, comme tout jeune et futur quarantenaire, je ne serais pas contre une petite session avec Papa Slater
ou son fils spirituel John John, dans une belle free session sur un des spots du Cap Ferret… Si jamais ils voient passer ce message ! 


Tu serais intéressé par la vidéo ?
Je fais un peu de vidéo pour moi… mais mon métier c’est avant tout photographe, et je ne suis pas sûr d’avoir
les compétences requises pour bosser professionnellement dans la vidéo.

Je sais faire de bonnes prises de
vue mais le montage c’est autre chose, un autre métier.


Et voici 3 photos de son portfolio décryptées techniquement !

Lieu : Cap Ferret
Camera : Canon Eos 7D
Objectif : 70-300 mm
Exif : 1/5s – f/32 ; Iso 100 
Mode : Manuel
Légende : Jouer avec les flous et les couleurs de l’océan !

Surfeur : Jean-Baptiste Adolphe
Lieu : Cap Ferret
Camera : Canon Eos 7D
Objectif : 10-20 mm Grand Angle
Exif : 1/2000s – f/4 ; Iso 200 
Mode : Manuel
Légende : Essayer de trouver des nouveaux angles avec Jean-Baptiste Adolphe !

Lieu : Cap Ferret
Camera : Canon Eos 7D
Objectif : 10-20 mm Grand Angle
Exif : 1/3200s – f/5.6 ; Iso 160 
Mode : Manuel
Légende : Le shorebreak, un des meilleurs terrains jeu
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