Le coup de gueule de Tessa Thyssen

''Je ne surfe pas pour montrer mes fesses''.

29/03/2018 par Marc-Antoine Guet

Le pavé dans la mare est (de nouveau) lancé. En marge du Martinique Surf Pro qui s’est tenu la semaine dernière, le quotidien France-Antilles Guadeloupe a réalisé une excellente interview de la Guadeloupéenne Tessa Thyssen sur le sujet ô combien sensible de l’image des femmes dans le surf féminin. Présente sur place, la championne du monde junior 2015 n’a pas hésité à dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Sans langue de bois et sans crainte des conséquences. « Ce sujet est très sensible, mais personne n’ose vraiment lancer le débat. Je n’ai pas peur de dire la vérité, peu importe les conséquences. ». Courageux. 
A l’heure où le surf féminin explose, les photos de surfeuses en bikinis prennent une place de plus en plus débordante dans l’univers du surf féminin, surtout sur les réseaux sociaux. Instagram en regorge. La faute à un diktat de la mode qui, à l’image de la société, continue de véhiculer l’idée qu’une surfeuse doit avant tout être sexy. Nous, médias, avons bien évidemment notre part de responsabilité

Dans un premier temps, Tessa s’est fondue dans le moule, « car on se dit que ça fait partie du jeu, même si ce n’est pas normal. Ça ne m’empêche pas d’être copine avec certaines, mais c’est vrai qu’on se dit parfois que c’est injuste. Beaucoup de sponsors se basent sur la beauté et sur les formes de la surfeuse et non sur son niveau. C’est triste pour celles qui se donnent à fond. »

L’histoire de Silvana Lima qui, il y a quelques années, alors qu’elle faisait partie des toutes meilleures surfeuses au monde, peinait à trouver un sponsor avait pourtant secoué la planète surf. Apparemment pas assez puisque Tessa Thysen risque de perdre l’un de ses sponsors. Dans France-Antilles, la Guadeloupéenne s’est confiée : « Notre relation s’est détruite il y a peu de temps. Ils m’ont dit que je m’y prenais mal pour faire leur publicité, que je ne me rendais pas compte de la chance que j’avais d’avoir un sponsor principal. C’est là qu’on m’a fait comprendre que ce serait plus économique pour eux de payer une fille sur Instagram qui a 28 000 followers, plutôt que de m’avoir à l’année avec mes 7 000 abonnés. Si j’avais posté plus de photos de mes fesses, ce ne serait jamais arrivé. » Rageant vous avez dit ?
Prise à son tour dans ce piège malsain, Tessa Thyssen a dû encaisser. « Je me suis mise à pleurer et j’ai commencé à paniquer, car mon avenir dépend d’eux. » D’autant qu’après le passage du cyclone Irma sur son île, la rideuse a perdu son autre sponsor, OceanCulture. « J’étais ignorante par rapport à tout ça, car j’ai décroché mes premiers sponsors très tard, même si j’avais déjà vu sur les réseaux sociaux des photos provocantes et choquantes. Je n’ai jamais voulu ressembler à ces filles. » Une prise de parole qui, espérons, servira à faire bouger les choses au sein de la culture surf. Les surfeuses et nous, méritons plus que ça. 
Il y a quelques année, Pauline Ado avait déjà fait part du malaise à travers une vidéo bien tournée :

   

  Photo à la une : WSL / Laurent Masurel                


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