Surfing Magazine, c’est fini

Le célèbre magazine américain disparaît après 50 ans d'existence, au profit de son concurrent SURFER.

27/01/2017 par Romain Ferrand

Surfing Magazine ne sera bientôt plus. On a en effet appris en début de semaine que l’un des plus grands magazines de surf de la planète cesserait de paraître, mais aussi de publier sur son site web et les réseaux sociaux, à partir du 1er février prochain.

Surfing Magazine et son concurrent historique SURFER Magazine appartiennent tous deux depuis quelques années au groupe Ten (The Enthusiast Network), qui compte d’autres titres spécialisés dans les action sports. Mais le marché n’étant manifestement plus suffisant pour conserver les deux titres, c’est finalement SURFER Magazine qui a été sauvé, au détriment de Surfing donc. D’après les informations révélées par Surfline et Stab, une partie du staff et de la rédaction de Surfing devrait rejoindre les équipes de leur ancien concurrent.

Des rumeurs sur une baisse du rythme de publication – passant de mensuelle à trimestrielle – circulaient l’an dernier. La décision aura finalement été bien plus radicale.

Surfing Magazine avait été créé en 1964, cinq ans après la création de SURFER Magazine, première revue au monde spécialisée sur le surf, en 1959 par John Severson. Dès ses débuts, Surfing marquera sa différence par un ton plus jeune, plus branché et plus engagé que le très (parfois trop) solennel Surfer. Surfing a été le premier à croire à la révolution du shortboard, puis à coller aux tendances, attirant de fait un lectorat plus jeune que son concurrent. De tout temps, les deux titres se sont livrés une bataille parfois féroce, n’hésitant pas à se recruter mutuellement journalistes et écrivains de l’autre, ou même à se faire des blagues de (très) mauvais goût. Une concurrence qui aura au moins permis de tirer le niveau vers le haut et d’imposer les titres comme références à l’échelle mondiale.

La disparition pure et simple de Surfing Magazine est d’autant plus surprenante que le titre semblait toujours en lien avec son lectorat et qu’il avait bâti une solide présence sur le web avec son site web surfingmagazine.com, qu’il réalisait des productions vidéos de qualité (ex : la série The Factory) et disposait d’une très solide communauté sur les réseaux sociaux (1,3 millions de followers sur Instagram, 950K fans sur Facebook).

Des chiffres impressionnants qui n’auront manifestement pas suffi à maintenir le navire à flot. Pour l’Australien Stab Magazine – qui a réduit sa parution papier à 4 numéros par an mais s’impose comme le leader mondial de l’actu surf – « un média est un bateau rafistolé flottant tant bien que mal sur la mer. Les annonceurs en sont la fibre de verre et la résine, la présence digitale est cruciale et la version papier – aussi belle et tangible soit-elle – est doucement en train de disparaître avec le temps« . Ambiance.

Dans son dernier numéro, Surfing présentait pourtant succinctement son Surfing Supply, une boutique/galerie d’art/café-concert installée à Huntington Beach, la surf-city californienne (un concept inspiré du SurferBar fondé par Surfer Magazine il y a plusieurs années).  Des reportages étaient en cours de réalisation au moment de l’annonce, comme un surf trip au Gabon la semaine dernière, avec notamment au casting William Aliotti de St-Martin.

Mais Surfing n’est pas le seul titre à faire les frais de la conjoncture difficile que traverse le groupe TEN. La version papier de Snowboarder sera suspendue, et ses abonnés recevront à la place son concurrent Transworld Snowboarding. Le magazine Kayak And Canoe disparaît lui aussi, et son staff ira renforcer le contenu de GrindTV’s Paddlesports Channel. Même chose pour RideBMX qui se voit passer 100% digital, tandis que Transworld Skateboarding se limite à un magazine Premium à 6 numéros par an, capitalisant en parallèle sur la puissance de la marque sur le digital, les vidéos, les réseaux sociaux et des évenements.


Pour Matt Warshaw, journaliste surf américain et auteur de l’excellente Encyclopedia Of Surfing (désormais accessible en ligne), c’est avant tout Internet qui est à mettre en cause dans la disparition de plusieurs titres de surf ces dernières années : « Quand j’étais jeune, Surfer et Surfing sortaient chaque mois. Ils étaient la seule source d’info surf. On était en transe quand le dernier numéro arrivait. Genre « je m’enferme dans ma chambre, papa maman laissez-moi tranquille, je serai sorti dans une heure, non je ne fais rien de mal ». Les types de mon âge peuvent citer des légendes qu’ils ont eu lu il y a 40 ans, parce qu’on feuilletait le même magazine 50 fois, scrutant chaque centimètre de papier, chaque photo, chaque mot. Alors que c’était tout ce qu’on avait à lire, tous les jours, toute la journée. Aujourd’hui, on a le problème inverse. Il faut essayer de filtrer, c’est comme tenter de siroter au bout d’une lance à incendie. Le flux est surchargé« .

Depuis l’annonce de sa disparition, de nombreux surfeurs professionnels et collaborateurs (journalistes, photographes) rendent hommage au magazine sur les réseaux sociaux.




Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*
*