Entre trips et compétitions, Damien Chaudoy avait, il n'y a pas si longtemps encore, une vie bien remplie. Pourtant, le Réunionnais a décidé de tout arrêter il y a quelques mois. Enfin, temporairement.
Pourquoi ? Tout simplement pour assurer son avenir. Et le rider a mis la barre plutôt haute, puisqu'il a intégré en septembre dernier l'école de pilote de ligne d'Agen.
Le changement a été radical, car en plus de devoir mettre le surf de côté pendant deux petites années, le globe trotter a dû rattraper son retard scolaire. Mais ce n'est pas ce qui allait lui faire peur : « Ça faisait longtemps que j'y pensais. Depuis tout petit, je savais que si je ne réussissais pas dans le surf et que je ne gagnais pas bien ma vie vers 20-22 ans, je me lancerais direct dans l'aéronautique. Ce sont des valeurs sûres, avec des diplômes et un bon salaire à la clé. »
Virage à 90° approuvé

Mais pourquoi avoir choisi de devenir pilote, alors qu'il y a tant d'autres métiers dans l'aéronautique ? La réponse semble évidente : « Je ne me voyais pas du tout faire ma vie dans un bureau. J'ai vraiment besoin de bouger, et le pilotage s'avère être un bon compromis pour moi. »
Le Réunionnais admet que sa décision a surpris ses potes surfeurs pro. Un virage à 90° comme celui-là peut paraître surprenant, même pour son meilleur pote Adrien Toyon, avec qui il voyageait tout le temps : « Quand je le lui ai annoncé, Adrien m'a dit ‘Roooh, c'est peut-être un peu tôt, tu trouves pas ?', mais il a très vite compris que c'était vraiment ce que je souhaitais faire. »
De toute façon, Damien n'est pas du genre à regretter ses choix. Il sait que cette parenthèse ne durera que le temps de décrocher sa licence de pilote pro. Alors même s'il envie ses potes quand il voit les vidéos et les photos de leurs trips, le rider reste philosophe et prend son mal en patience.
On pourrait d'ailleurs croire que le Réunionnais est encore en période de sevrage et que le manque de vagues se fait régulièrement sentir. Mais finalement, pas tant que ça : « Même avant mon entrée à l'école, je n'allais pas surfer tous les jours en hiver en France. Mais avec le retour des beaux jours, bien sûr que je retournerai dans l'eau de temps en temps, l'océan n'est qu'à 2h d'Agen. »

"L'aviation, c'est comme le surf : c'est de la glisse"
Ce n'est pas une surprise, mais Damien aime les sensations fortes. Et ce jeune Louis Blériot en herbe comptait déjà quelques heures de vol à son actif avant son admission à l'école, puisqu'il s'amusait déjà depuis quelque temps aux commandes d'un Robin (un petit monomoteur, ndlr) dès qu'il en avait l'occasion.
Le jour où il s'est présenté, un de ses profs lui a dit : « Tu vas voir, l'avion, c'est comme le surf, c'est de la glisse ! » Vu comme ça, l'intégration ne pouvait que bien se passer… Une ressemblance entre les deux milieux qui ne se retrouve d'ailleurs pas que dans les sensations : « Je suis le seul sportif de ma promo, mais les pilotes et les surfeurs se ressemblent pas mal. Ils font la fête pareil, j'ai l'impression d'être dans le même milieu. »
Au-delà de la glisse, Damien voit un autre point commun entre le surf et l'aviation : le mental. « Avoir fait plein des compètes m'a forgé un mental de battant. Tu es sans cesse sous pression et stressé. Quand tu dois repartir de zéro pour te relancer dans les études, cette gestion du stress est un gros plus. Dans mon cas, ça m'a motivé de me dire que j'étais capable de le faire. Je pense que c'est le surf qui m'a permis de me booster. »
Fly & surf

Avec un idéal de liberté et un esprit de compétition comme le sien, une petite idée n'a pas tardé à faire son chemin dans la tête de Damien : pourquoi ne pas combiner ses deux passions ? « Je me donnerais bien 2 ans après les études pour me relancer, faire quelques QS, surfer à fond. Et puis le métier de pilote de ligne est intense, mais laisse pas mal de temps libre. » Sachant qu'un pilote de long courrier fait environ 3 vols par mois, le rider aura du temps pour surfer, et pourquoi pas montrer à ses potes et ses adversaires qu'il est toujours là, prêt à faire quelques bons résultats, même si ça ne sera évidemment plus sa priorité.
De l'ambition, un mental à toute épreuve, une joie de vivre notoire et beaucoup d'audace… Finalement, qu'est-ce qui pourrait bien résister à Damien ? Pas grand-chose visiblement. Avec déjà les 7 premiers modules - sur un total de 14 - en poche, cette première année s'annonce plutôt bien. « Si je lâche le surf, c'est vraiment pour faire quelque chose qui en vaut la peine, et c'est ce qui me convient le mieux. »
Et qui sait, peut-être que dans quelques temps, c'est lui qui emmènera ses potes d'un bout à l'autre de la planète à la course aux swells…
Après quelques années, seuls quelques noms restent dans l'Histoire; c'est un peu comme dans l'histoire de la musique. Ceci ne signifie pas que les différents acteurs ne sont "rien devenus", ils ont pu mener leurs vies, hors des projecteurs, de manière respectable à leur échelle...
(Ton Agressif) Demandez à un Poupinel ou à un Domenech (ça date, j'avoue, mais c'est pour l'exemple) si un salaire, voire une retraite de pilote de ligne, ça ne les aiderait pas un peu ? ... cela n'aurait pas entaché leurs carrières de surfeurs de haut niveau....
D'autres avis sur la question ?
Ouais, mais à 70 000 ou 80 000 euros minimum la formation complète, faut tout de même gagner un petit peu sa vie avant, non?
bravo damien, continu!
jalousie? Si tu veux, mais en fait, j'ai pas vraiment besoin d'aller chez airways...
saches que dans la vie, vaut mieux être envié que envieux...
Le pere de Damien n'est absolument pas pilote.
Chaudoy pour se payer sa formation, il a eu assez de talent pour signer des contrats financiers avec des marques de surf. si tu te plains de ne pas avoir un bon taff aujourd'hui, c'est que tu ne dois pas avoir autant de talent que lui....
" Quand tu dois repartir de zéro pour te relancer dans les études, cette gestion du stress est un gros plus"
Mais, il ne s'agit pas d'études, mais d'une formation payante, et s'il peut se la payer, tant mieux, et pour le reste, que les jeunes gens sachent comment on peut devenir pilote. Et donc, si ces contrats étaient juteux, alors il n'est pas évident qu'il "ne gagnait pas bien sa vie"...
Moi, j'étais EPL en 1991, tu lui demanderas ce que c'est, pour t'expliquer pourquoi je me manifeste. Alors ton avis sur ma carrière, mmmh?
son bro d ela vie!!