Snapper Rocks décrypté

À J-2 du début de l'épreuve, découvrez les subtilités du spot du Quiksilver Pro Gold Coast et de son fameux Superbank.

26/02/2015 par Surf Session

Devenu le rendez annuel du début de saison sur le WCT, l’épreuve de Snapper Rocks fait office de classique du Dream Tour, au même titre que d’autres joyaux comme Pipe ou Jeffrey’s Bay. La différence avec ses homologues est que Snapper tient davantage du spot artificiel que naturel, dans le sens où c’est la main de l’homme qui a magnifié le spot, ou plutôt les spots de Coolangantta.

« CE N’EST QU’UNE QUESTION DE SABLE »

Avant les années 2000, les spots phares de la Gold Coast se nomment Kirra ou Burleigh Heads ; c’est d’ailleurs ce dernier qui accueille historiquement les compétitions internationales. Mais tout va changer en 2000, lorsque le Gold Coast City Council entame un vaste projet pour dégager l’embouchure de la Tweed River et favoriser le passage des navires, car depuis l’érection dans les années 60 de deux jetées, l’évacuation du sable avait été profondément affectée. Avec ce Tweed River Entrance Sand Bypassing Project, une grande campagne de pompage du sable débute en 2001. L’idée était de récréer le transport naturel du sable avant l’installation des jetées, à l’aide d’émissaires immergés (voir ci-contre).

L’effet fut quasi immédiat, donnant naissance à une suite de bancs de sable incroyables que l’on désignerait vite sous le nom de… Superbank. Depuis 2001, on estime à huit millions le nombre de mètres cubes de sable qui ont ainsi été détournés depuis l’embouchure de la Tweed River pour alimenter les plages vers le nord. « It’s all about the sand » résuma alors Wayne « Rabbit » Bartholomew, légende de la Gold Coast et alors boss du tour ASP.

Cet afflux massif de sable modifia la bathymétrie de l’endroit, réduisant la profondeur des bancs. Si les spots tendent à saturer plus vite qu’avant le dragage par forte houle, ce n’est qu’un moindre mal en comparaison du miracle accompli. De Snapper Rocks au sud, en traversant Rainbow Bay jusqu’à Greemount, puis Coolangatta Beach et enfin Kirra au nord, ce « super banc » de sable couvre deux kilomètres. Le rêve de connecter toutes les sections devint réalité dès 2002, alors que le local Damon Harvey parvint à relier Snapper à Kirra, surfant pendant près de 4 minutes sur la même vague !

Ce qui finit d’entériner la réputation du Superbank fut l’avènement simultané d’une génération de surfeurs australiens biberonnés sur ce spot de Snapper, les Cooly Kids : Mick Fanning, Joel Parkinson et Dean Morrison. En remportant le WCT en 2002, Parko devint indissociable du Superbank aux côtés de ses deux acolytes, incarnant avec l’Hawaïen Andy Irons les nouveaux « Slater Killers ».

 

HOULES ET VENTS

Si l’homme a contribué aux fonds du Superbank, l’ouverture aux houles et vents n’a elle pas changé. Les dépressions et cyclones situés entre la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie génèrent des houles de sud-est à nord-est qui viennent balayer la Gold Coast. Rappelons que les systèmes dépressionnaires tournent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère sud, l’inverse de nos latitudes (cf. la Force de Coriolis).

Pour Snappers, le résultat est simple à comprendre : plus la houle est nord, moins elle s’enroule sur la pointe et plus elle se met à sectionner. No good, mate ! Plus la houle est sud, moins la vague est creuse, se contentant d’avancer parallèlement au banc de sable, générant de fait un courant redoutable. La vague est aussi plus facile et plus longue, avec moins de sections. La meilleure direction reste une houle de sud-est, soit l’angle parfait pour avoir le creux sans que cela ferme trop.

Quant à la marée, ni trop haute, ni trop basse, le timing idéal demeure le mi-montant, mi-redescendant.

Reste le vent. Comme vous pouvez l’observer sur l’image aérienne ci-dessus, entre Duranbah et Snapper Rocks, la côte bifurque à 90°. Alors que les vents dominants qui accompagnent la houle battent cross-shore à D-Bah, Snapper profite d’un joli off-shore. L’idéal étant la présence d’un fort anticyclone sur la Nouvelle-Zélande, capable de contenir les dépressions suffisamment au nord et de profiter d’un vent de sud off-shore et pas trop soutenu.

ACCÈS ET TECHNIQUE

Pour se mettre à l’eau, l’accès peut se faire par le sud, via Froggie’s Beach, la micro-plage située juste à droite de la pointe rocheuse. Mais le plus simple est de longer le plateau rocheux (ou de passer à travers le keyhole, une faille dans le plateau) pour arriver directement au pic en deux coups de rame, voire de se jeter depuis le plateau.

Reste ensuite à parvenir à prendre une vague : autant dire que vous ne serez pas seul à vouloir votre part du gâteau. En outre, le rebond de la houle sur ce bloc rocheux provoque un backwash traître (en biais) selon l’orientation de la houle ; la sanction est immédiate au take-off pour les plus à l’intérieur.

Pour remonter, la solution la plus simple et la moins épuisante reste de prendre sa planche sous le bras et de marcher le long de la plage.

Depuis le « haut » du spot au nord, distinguer une bonne vague rentrante est loin d’être simple, alors que les séries voyagent en eaux profondes avant de heurter la pointe, et ne lèvent donc pas de façon notable au large. Mieux, elles prennent de la taille au fur et à mesure qu’elles déferlent.

Si la mécanique du Superbank est largement étudiée et comprise, reste le facteur humain, probablement le principal point noir de Snapper Rocks. Sur ces TGV australiens, les prétendants aux tubes de 10 secondes et plus sont nombreux les jours ON, et les drop-in encore plus. À moins de faire partie du WCT, mais ça, c’est une autre histoire.


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