Surfrider Europe dit non aux piscines à vagues

Et l'ONG affirme "ne soutenir aucun projet de vagues artificielles".

19/08/2020 par Rédaction Surf Session

Les vagues artificielles ont toujours fait parler vis à vis d’à peu près tout ce qui les concerne. Des boulons à leur impact environnemental (la preuve avec notre enquête réalisée dans notre numéro d’avril-mai-juin).

Au début de l’été, ce fut au tour de Surfrider Europe de clarifier sa position quant aux piscines à vagues. A travers un communiqué, l’organisme défenseur de l’océan a « répondu aux sollicitations sur les vagues artificielles« .

Si Surfrider a mis du temps à se positionner sur le sujet, l’ONG a tenu à rappeler que les piscines à vagues ne se situaient pas dans leurs champs d’action habituels que sont le littoral et les espaces marins. 

« Surfrider Europe ne soutient aucun projet de vagues artificielles ! »

La réponse est claire. L’association ne participera pas à un quelconque projet de vagues artificielles malgré les sollicitations de « porteurs de projets de piscines à vagues pour des collaborations ou un soutien ». Ils donnent une justification de cette prise de position dans le communiqué.

« Nous sommes bien conscients de la valeur ajoutée de tels équipements pour l’entraînement et le perfectionnement de nombre de surfeurs, mais nous sommes contre le développement de ces vagues artificielles. Ce sont des projets à vocation principalement économique et récréative, dont on peut largement questionner la pertinence, qui plus est quand l’implantation de ces structures est relativement proche de l’océan, à proximité de vagues naturelles ». 

Surfrider Foundation Europe ne remet pas en question l’utilité directe qu’une piscine à vagues peut avoir dans la pratique du surf et dans l’amélioration des surfeurs. Cependant, dans un premier temps, les défenseurs de l’océan rappellent que l’océan reste l’essence même du surf et que construire d’immenses structures à quelques mètres parfois des premières vagues naturelles semble paradoxal.

« Cette artificialisation (des sols) contribue à la destruction des habitats, responsable de l’effondrement de la biodiversité. »

Ils ne s’arrêtent pas à la pertinence des projets de piscines à vagues et se penchent aussi sur les conséquences écologiques de telles infrastructures. Ils dressent une liste de trois points qui pousse l’ONG à ne pas soutenir le développement des vagues artificielles : « leur construction implique l’artificialisation des sols« , « leur fonctionnement implique une consommation d’eau importante » et « leur fonctionnement requiert une quantité d’énergie importante ».

Une piscine à vague n’est pas seulement un bassin à vague mais entraîne la construction de route, de parkings parfois de complexes hôteliers sur des zones agricoles et naturelles. 

« La priorité pour nos sociétés est de consommer moins d’énergie ».

« Des bassins de capacité de 25 à 35.000 m3 (soit l’équivalent de 10 à 14 piscines olympiques), alors que la disponibilité en eau est susceptible d’être très largement altérée dans le contexte du changement climatique (…) rappelons également que les rapports et plans d’adaptation au changement climatique des bassins Adour-Garonne et Loire-Bretagne mentionnent clairement l’importance de trouver un équilibre entre les usages et les ressources en eau, de valoriser les espaces perméables et de renforcer la résilience des écosystèmes aquatiques ». 

« Par exemple, pour le site de Waco au Texas, qui utilise la technologie American Wave Machine, la consommation électrique du dispositif qui génère les vagues est de 450 kW (soit l’équivalent de la consommation électrique moyenne de 800 foyers français). Or, dans le cadre de la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables, la priorité pour nos sociétés est de consommer moins d’énergie ».

Les dépense d’eau et d’énergie interpellent l’association activiste contre le réchauffement climatique. Les données énoncées par Surfrider ne font que rappeler pourquoi les piscines à vagues font tant polémique. En tant qu’association écologique qui se bat pour les océans mais plus globalement pour une régulation du réchauffement climatique et de l’impact de l’homme sur les milieux naturels, elle ne peut pas soutenir un projet avec tant de dépenses énergétiques. 

« L’heure n’est plus à la compétition, la consommation, la recherche de croissance économique, aux projets déconnectés des enjeux environnementaux auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés ».

« Les experts du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) et la Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques (IPBES) nous alertent chaque jour que les activités humaines (artificialisation des sols, surexploitation des ressources naturelles, émissions de gaz à effet de serre), ont un impact catastrophique sur les écosystèmes (déficit hydrique, effondrement de la biodiversité, réchauffement de l’atmosphère et des océans). Or, la fragilisation des écosystèmes augmente la vulnérabilité des sociétés humaines aux risques naturels (phénomènes météorologiques extrêmes telles que les tempêtes ou les canicules), qui seront exacerbés (plus intenses et/ou plus fréquents) dans les années à venir ».

L’association appuie son argumentaire en expliquant que plus l’Homme agira négativement sur les écosystèmes et la biodiversité plus nos sociétés se vulnérabiliseront face aux conséquences climatiques et naturelles.

Pour étayer cette argumentaire, Surfrider Foundation Europe nous rappelle que :

« L’heure n’est plus à la compétition, la consommation, la recherche de croissance économique, aux projets déconnectés des enjeux environnementaux auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés. Le changement climatique doit être l’occasion de repenser nos modèles de développement, pour qu’ils soient plus sobres en utilisation des ressources naturelles, ainsi que de repenser le rapport que nous entretenons avec les écosystèmes qui nous entourent ».

Au moins maintenant c’est clair. 

>> Lire aussi notre enquête de 12 pages sur les vagues artificielles, réalisée dans notre numéro d’avril-mai-juin. 

>> Par Julen Bordachar

                                        


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