Indo : les relations sexuelles hors mariage illégales

Le gouvernement veut aussi interdire les relations entre personnes du même sexe et la contraception pour mineures...

25/09/2019 par Juliette Daquin

Que vous partiez avec votre copain, votre copine, ou même que vous ayez prévu (ou pas) de rencontrer quelqu’un sur place, si vous savez d’ores et déjà que vous entretiendrez des relations sexuelles hors mariage, dépêchez vous !

Le gouvernement indonésien veut réformer le code pénal et rendre illégale toute relation sexuelle hors mariage. Si présenter un tel texte de loi peut ici faire sourire ou s’apparenter à une blague de 1er avril, les réformes prévues vont beaucoup plus loin et une (grande) partie des citoyens indonésiens s’en réjouit beaucoup moins… et pour cause.

Les réformes prévues

Certes, une personne qui voyage et qui compte partir en Indonésie retiendra probablement la réforme concernant les relations hors mariage. On ne va pas se mentir, que l’on voyage seul.e ou entre potes, on sait pertinemment que ce qui se passe en trip reste en trip. Cependant, la vague de réformes que veut faire voter le gouvernement est bien plus importante et aussi bien plus préoccupante pour toute la société indonésienne. 

En plus de restreindre les relations sexuelles, le gouvernement veut rendre illégales les relations entre personnes du même sexe. À cela viendrait s’ajouter l’illégalité de montrer ou d’offrir des moyens de contraception à des mineures. Le projet de révision du code pénal prévoit aussi d’élargir l’application de la loi sur le blasphème dans le but de rendre illégales les insultes sur le président ou le vice président.

Une vague de protestations


Si cela fait plusieurs décennies qu’une réforme du Code pénal est envisagée, le projet de réforme tel que présenté par le gouvernement a (évidemment) fait réagir une partie importante des citoyens ainsi que les défenseurs des droits de l’Homme. 

Des milliers étudiants ont manifesté hier devant le parlement indonésien à Jakarta alors même que plusieurs villes d’Indonésie connaissent depuis 2 jours déjà, des protestations. Ces derniers contestent une révision liberticide du Code pénal ainsi que les mesures qui vont affaiblir les actions de l’agence de lutte contre la corruption. 

Lors de la manifestation à Jakarta, 20 000 policiers et soldats étaient déployés dans la ville et ont fait usage de gaz lacrymogène ainsi que de canons à eau sur les manifestants. D’après Dicky Sondani, le porte-parole de la police locale, « nous avons dû contraindre les étudiants à se disperser parce qu’ils menaient des actions anarchistes, ont endommagé des équipements publics et ont lancé des pierres vers la police« . Une déclaration qui n’a pas manqué de faire réagir.


Amel, étudiant à l’Université Trisakti de Djakarta a été interrogé par l’AFP et pour lui, « nous voulons d’abord sauver l’agence de lutte contre la corruption et nous voulons que le projet de loi qui est débattu en ce moment soit révisé. […] Nous ne voulons pas provoquer de chaos et sommes opposés au nouveau Code pénal qui viendrait menacer la vie privée des gens, et spécialement des femmes« . 

Dans la ville de Makassar, les protestations ont rapidement dégénéré en affrontements avec les forces anti-émeutes.

Parallèlement, la région de Papouasie continue ses manifestations depuis août dernier. Les étudiants papous avaient commencé à manifester suite à des insultes racistes qu’ils ont reçu sur les réseaux sociaux, faisant re-naître les réclamations d’indépendance. Face aux émeutes, le gouvernement avait même coupé internet pour tenter de contenir les protestations.

Si 3 Papous avaient été tués par les forces armées du gouvernement lors des premières émeutes l’été dernier, lundi, un incendie à Wamena et une manifestation à Jayapura (où les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur les étudiants) ont causé la mort de 30 personnes.

Si le projet de loi n’est pas encore passé, que le débat en assemblée a été déplacé et que, même s’il venait à être voté, il n’entrerait en vigueur qu’au bout de 2 années, la situation en Indonésie inquiète, et va bien plus loin que notre préoccupation en tant que surfeurs pour le pays.

          


Tags:



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*
*