Ça donne quoi ce Surf Ranch Pro?

Slater leader, Duru cinquième... Et toujours beaucoup de questions sur ce format de compétition.

07/09/2018 par Olivier Servaire

Mais c’est quoi cette compète ?

Un surfeur qui attend la vague seul dans un bassin où il a pied, un chrono qui annonce quand passera la prochaine des 108 vagues de la journée, 10 manoeuvres enchaînées comme dans un jeu vidéo… Tout ça calé entre un train et un jet-ski avant de monter dans une jeep… C’est ça le surf en 2018 ? Des surfeurs qui jouent dans un parc d’attraction qui tient plus du motorworld que du waterworld ?

On comprend les doutes de ceux qui se demandent si cette compétition a vraiment sa place sur le tour qui doit déterminer un champion du monde…

UN FORMAT ETRANGE
Si vous n’aimez pas les tableaux Excel, passez ce paragraphe, sinon accrochez vous pour l’explication. Pour la phase de qualification, chaque surfeur va faire 3 runs, c’est à dire surfer une gauche puis une droite. Les surfeurs les moins bien classés faisaient leur 2 premiers runs hiers, le haut du panier fera de même ce soir. Samedi tout le monde fera son dernier run qualificatif.
Sur les 6 vagues surfées on va prendre la meilleure gauche et la meilleure droite pour obtenir un total sur 20. A la fin, il faut être dans le top 8 (top 4 chez les filles) pour se qualifier pour la finale de dimanche. Là on resurfera 3×2 vagues, et encore une fois on gardera la meilleure gauche et la meilleure droite pour déterminer le classement final. Ceux qui ne sont pas arrivés en finale marqueront des points déterminés par leur total au cours des qualifications.

Ce format a pour avantage de voir chaque surfeur confronté à l’ensemble de la ligue, les moins bien classés évitent donc d’affronter directement les têtes de série. Par contre la disparition du man-on-man baisse encore l’intérêt pour le spectateur (peu de suspens immédiat), et pose d’autre problèmes d’équité.
En effet comment comparer les vagues surfées à 9h du matin jeudi à celles de 17h samedi ? OK c’est une vague mécanique, mais le vent peut changer la donne, non ? Et les juges alors ? Il faudrait qu’ils soient capables de garder une échelle de notation constante pendant 72h ! Normalement on leur demande d’être justes pendant 30 minutes pour que le meilleur surfeur de la série passe, peu importe ce qui s’est passé le reste de la journée.
SLATER… COMME CHEZ LUI
Malgré toutes ces interrogations et le coté assez répétitif des vagues, avouons qu’on peut se prendre au jeu de la compétition et qu’il est intéressant de voir comment les pros adaptent leur stratégie à ce format, et leur surf a une vague aussi longue et technique.

Pas vraiment de surprise pour l’instant, Kelly Slater a été le meilleur hier. Même s’il a commencé en tombant à la fin de ses premières vagues, Il termine sa dernière droite avec un gros turn en lay-back. C’est la première grosse manœuvre du jour, et le premier score dans l’excellence (8,50).
Le king termine la journée suivi par 3 brésiliens, Ian Gouveia, Tomas Hermes et Yago Dora. Ce dernier est celui qui profitait le plus de la petite modif offrant plus de sections à air sur la vague artificielle. Yago avait plus de pop que n’importe qui hier, même si Pat Gudauskas est venu mettre un petit rodeo flip en fin de vague.

Qui d’autre s’est fait remarquer ? Sebastian Zietz avec la meilleure note individuelle pour un très long tube. Miguel Pupo qui avait mis un bonnet de bain pour surfer la piscine – Ah non, désolé c’était ses cheveux teints en rose ! Et chez les filles, Coco Ho qui a mis la barre très haut avec un style propre et des tubes bien calés.

UN BON JOAN DURU
C’était le seul français hier, on l’a suivi avec une attention particulière. Pour sa première gauche il réalise une super attaque avec 7-8 turns puissants, puis un bon tube suivi d’un air reverse. C’est une des vagues les plus complètes de la journée, et à ce moment là ça vaut 7 points. Joan tombe ensuite dans le tube de la droite quand son pied arrière glisse du pad.
Comme il peut prendre des risques sur sa seconde gauche, il tape le air-reverse plus tôt dans la vague et monte son score à 7,50. Malgré la pression sur sa seconde droite, le landais assure un bon combo turns+tube+air pour un 6,23. Son total de 13,73 le fait figurer en bonne position, il pourra se lâcher samedi pour aller chercher la finale, ou au moins un bon résultat sur cette compète.

LA SUITE CE SOIR 
Les autres français rentrent en lice ce soir, et ce qui est bien c’est qu’on sait exactement à quelle heure. Les trains de Johanne Defay passeront à 19h04 et 19h28. ceux de Jérémy Florès à 23h10 et 23h34 et Michel Bourez embarquera à 1h12 et 1h36.
Si vous êtes insomniaque ET passionné de surf chloré, le trio de tête Wilson, Medina, Toledo clôturera la journée entre 2h40 et 3h20. Mais si la compétition suit son train-train routinier, à cette heure là, on aura déjà pris le train du sommeil…           

        



6 commentaires

  • nexty
    9 septembre 2018 23h00

    c bien 15 manoeuvres sur 1 vague/ ça devient du sport pas du hazard
    tampis pour le popeye burné et suicidaire (c moins chiant que la majorité des events qui ont 2 jours de bonne conditions en moyenne)
    castet dans ma tete ;j ai pris ma licence et mon abonement

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  • Jay esse
    8 septembre 2018 10h30

    Le surf industriel est né! il en faut pour tous les goûts. Pour ma part on est aux antipodes de ce que représente le surf et sa compétition, surtout de haut niveau. Aucun interet sinon dégouter le spectateur du world tour. J’adore KS11, mais je préfère largement le voir choper l’improbable bombe des dernières secondes, que patauger dans un usine bétonnée. La beauté de notre sport est son essence même. La vague est une onde unique et éphémère, engendrée par un ensemble parfait de conditions fragiles provoquées par la nature. Sans relâche, nous l’attendons, nous la traquons pour pouvoir l’honorer, parfois la sublimer, une ultime fois avant qu’elle ne vienne finir sa course, et mourir…Restons à l’essentiel, c’est aussi évoluer…

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  • Lapwint
    8 septembre 2018 10h22

    Le pire du pire ce sont les interminables séquences de pub et les piaillements incessants « amaaaaazing » des commentateurs.

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  • eric de carcans
    7 septembre 2018 17h52

    Bonjour.
    Je ne vois pas comment le journaliste arrive a interpréter les pensées de PARKO dans le tube!!!!
    Il est vrais que nous préférons le surf dans les vraies vagues ,mais cela nous donne une idée de ce que sera le surf de demain quand les océans seront sur pollués!

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  • yuyu
    7 septembre 2018 14h20

    En effet…
    Intéressant de voir des stratégies différentes, mais sinon c’est d’un ennui !
    On peut noter que les surfeurs ne prennent pas de risques et envoient des turns classiques tout en ayant 7,5… Alors qu’on préférerait voir moins de turns mais plus d’engagement !
    Espérons que la WSL réalise que l’avenir est ailleurs…

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  • Guoy
    7 septembre 2018 11h05

    Un bel barticle sur l’égalité homme/femme dans le surf , et puis ici sur tout un article, une seule phrase sur les filles et deux surfeuses citées contre 13 surfeurs…
    « mieux mettre en avant les surfeuses »/ « elle a grandi avec des posters de surfeurs hommes dans sa chambre car les surfeuses étaient largement sous-représentées à l’époque. » mais heureusement « il semblerait que nous soyons sur la bonne voie! »

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